Apple TV+ et Amazon Prime Video, deux géants de l’industrie du divertissement, viennent d’annoncer un partenariat qui pourrait avoir des répercussions importantes sur le marché du streaming. Alors que Netflix reste le leader incontesté du secteur, cette nouvelle collaboration entre Apple et Amazon pourrait bien permettre aux deux plateformes de se rapprocher de leur rival commun, et pourquoi pas de lui ravir sa couronne.
Intégration stratégique pour Apple TV+ et bénéfices gagnants pour Amazon
Lancé par la firme de Cupertino en 2019, Apple TV+ n’a pas réussi à atteindre la popularité espérée. Malgré des productions originales saluées par la critique, telles que Ted Lasso et The Morning Show, la plateforme peine à rivaliser avec des acteurs plus établis comme Netflix ou Prime Video. Actuellement, Apple TV+ ne détient que 8 % du marché du streaming aux États-Unis, contre 22 % pour Amazon Prime Video.
Pour tenter de combler cet écart, Apple a décidé de s’allier à Amazon. À partir d’octobre 2024, Apple TV+ sera disponible en tant que souscription supplémentaire dans l’application Prime Video, avec un tarif mensuel de 9,99 dollars. Ce positionnement inédit pour Apple permetra à la firme à la pomme de bénéficier de la vaste base d’utilisateurs d’Amazon Prime, tout en conservant son modèle de revenus basé sur des abonnements supplémentaires.
De son côté, Amazon Prime Video, qui propose déjà plus de 100 abonnements supplémentaires (comme HBO Max, Paramount+ et DAZN), voit dans cette alliance une opportunité d’élargir encore davantage son offre. L’ajout d’Apple TV+ à son catalogue renforce ainsi sa position de plateforme incontournable, où les utilisateurs peuvent accéder à un large éventail de contenus sans quitter l’application Prime Video.
Mike Hopkins, vice-président senior de Prime Video, a déclaré lors de l’annonce de cet accord : « Nous sommes fiers d’accueillir Apple TV+ et ses programmes acclamés par la critique dans notre plateforme. Cette collaboration nous permet de continuer à offrir une expérience de streaming diversifiée et personnalisable à nos clients. » Le génie d’Amazon est d’avoir su créer une « boutique unique » dans laquelle les abonnés peuvent trouver toutes leurs chaînes préférées en un seul endroit, bénéficiant ainsi d’une interface simplifiée et d’options d’abonnement flexibles.
Une montée en puissance pour Apple TV+
Pour Apple, cet accord représente une chance de propulser son service de streaming auprès d’un public plus large. En s’appuyant sur la puissance de la distribution d’Amazon, Apple espère ainsi augmenter le nombre d’abonnés à Apple TV+ et renforcer la visibilité de ses contenus originaux. Le partenariat inclura des titres phares comme Ted Lasso, Severance ou encore CODA, lauréat de l’Oscar du meilleur film.
Eddy Cue, vice-président senior des services chez Apple, a commenté :
« Nous voulons que la bibliothèque de séries et films primés d’Apple TV+ soit disponible pour autant de spectateurs que possible. Prime Video nous permet d’atteindre ce but en offrant une incroyable variété de choix aux abonnés. »
Un marché du streaming saturé
Le marché du streaming vidéo devient de plus en plus compétitif. Netflix, Amazon Prime Video, Disney+, et HBO Max, pour ne citer qu’eux, se battent tous pour attirer l’attention des consommateurs avec des offres toujours plus riches. Dans cet environnement engorgé, la différenciation est essentielle pour se démarquer.
A ce propos, Apple TV+ a adopté une approche différente par rapport à ses concurrents, en misant sur une offre de contenu plus restreinte mais de très haute qualité. Contrairement à Netflix, qui propose des milliers de films et séries, Apple TV+ se concentre sur des productions originales de prestige, avec des talents de premier plan et des budgets de production élevés. Cependant, cette stratégie n’a pas encore permis à la plateforme de réellement décoller et d’atteindre la masse critique nécessaire pour devenir incontournable dans le paysage du streaming.
Avec cette nouvelle alliance, Apple mise sur l’accès à un public déjà bien établi et fidèle d’Amazon Prime Video. Le pari est qu’en proposant ses séries et films à une audience plus large, la plateforme pourra attirer plus de spectateurs sans avoir à dépenser massivement en marketing même si le revenue sharing sans doute mis en place avec Prime diminuera de fait la rentabilité de la branche TV+.
Une opportunité pour Amazon de rester compétitif
Du côté d’Amazon, l’ajout d’Apple TV+ à son offre est une victoire dans sa stratégie de domination du marché du streaming. Prime Video a fait des investissements importants ces dernières années pour enrichir son catalogue avec des séries et films originaux, mais aussi pour se diversifier avec des sports en direct, comme la NFL et le football européen. De plus, l’acquisition de MGM en 2022 a donné accès à des franchises iconiques telles que James Bond, augmentant encore son attractivité.
Pour Amazon, offrir toujours plus de contenus premium à ses abonnés est une obligation pour maintenir leur fidélité, surtout dans un contexte où de nombreuses plateformes augmentent leurs prix. En ajoutant des services comme Apple TV+ à son écosystème, Amazon Prime Video se positionne comme la plateforme inévitable, capable de répondre aux demandes de tous types de spectateurs.
Cependant, le problème majeur est que cet accord est pour l’instant limité aux États-Unis. Mais si l’intégration d’Apple TV+ dans Amazon Prime Video s’étend à d’autres marchés, alors cela pourrait transformer l’équilibre des forces dans le monde du streaming. Des marchés européens comme la France, où Prime Video est déjà bien implanté, pourraient être des cibles logiques pour une expansion future.
Concernant Netflix, bien que toujours dominant, ce dernier voit ses parts de marché s’éroder avec l’arrivée de nouveaux acteurs, et notons également que le comportement des consommateurs évolue. Les abonnés au streaming recherchent de plus en plus de flexibilité, avec la possibilité de passer d’une plateforme à l’autre sans difficulté. L’intégration d’Apple TV+ dans Prime Video répond à cette demande et à cette tendance, ce qui pourrait remettre en question la dominance du maître du binge-watching.