Le vent dans les cheveux, la route s’ouvrant devant vous… une image idyllique ternie par une réalité moins plaisante : les voitures modernes se révèlent être de véritables cauchemars pour la vie privée.
Suite à une étude récente qui met en lumière les graves problèmes de confidentialité associés aux voitures, désormais qualifiées de pire catégorie de produits en termes de respect de la vie privée, Vitalik Buterin, co-fondateur d’Ethereum (ETH), a récemment exprimé ses inquiétudes concernant les risques pour la vie privée inhérents aux technologies automobiles modernes.
Tech & IA, oui mais pas à n’importe quel prix selon Vitalik
Bien que Buterin soutient les technologies modernes, y compris l’IA, il reste prudent face aux technologies présentant des risques pour la vie privée. Ses commentaires font suite à un rapport complet de Jen Caltrider, Misha Rykov et Zoë MacDonald, qui met en lumière les défis substantiels en matière de confidentialité dans les véhicules contemporains.
Dans un tweet sur X le 26 janvier Buterin dit :
“Rappel : les voitures modernes sont des ordinateurs hautement connectés et représentent un véritable cauchemar pour la vie privée.”
« Des ordinateurs sur roues » mais à quel prix ?
Les constructeurs automobiles se vantent depuis des années de leurs voitures « ordinateurs sur roues », sans pour autant aborder les conséquences sur la vie privée des occupants. Les voitures actuelles, avec leurs capteurs et connexions internet, collectent une quantité impressionnante de données personnelles. De la localisation aux habitudes de conduite, en passant par les préférences musicales, tout est enregistré.
Le récent rapport révèle des problèmes de confidentialité alarmants dans les voitures modernes. L’étude révèle que la plupart des marques peuvent partager des données personnelles, et une majorité pourrait même les vendre. L’étude a évalué 25 marques de voitures, toutes ayant reçu un avertissement « Privacy Not Included », indiquant des lacunes notables en matière de confidentialité.
Automobile : Une collecte de données excessive
Chacune des 25 marques de voitures étudiées collecte plus de données personnelles que nécessaire, allant même jusqu’à des informations intimes comme les données médicales ou génétiques. Cette collecte intensive dépasse largement celle d’autres produits connectés comme les téléphones ou les appareils domestiques intelligents.
En effet, les véhicules peuvent apparemment amasser des informations personnelles par divers canaux, allant des interactions dans la voiture et des services connectés à des sources de données externes comme Sirius XM ou Google Maps.
Un contrôle limité pour les utilisateurs
La plupart des marques (92 %) offrent peu ou pas de contrôle aux utilisateurs sur leurs données personnelles. « Toutes sauf deux des 25 marques de voitures que nous avons examinées ont obtenu notre « ding » pour le contrôle des données, ce qui signifie que seules deux marques de voitures, Renault et Dacia (qui appartiennent à la même société mère) affirment que tous les conducteurs ont le droit de faire supprimer leurs données personnelles« , indique les auteurs de l’étude.
Des informations compromettantes pour les conducteurs
Les véhicules informatisés modernes recueillent une trop grande quantité de données utilisateur, allant des caractéristiques personnelles et de la localisation aux habitudes de conduite, ce qui va au-delà du fonctionnement du véhicule et est crucial pour des activités commerciales telles que le marketing.
Partage et vente de données personnelles
Une majorité écrasante des marques étudiées admettent partager, voire vendre, ces données à des tiers, incluant des courtiers en données et d’autres entreprises. Pire encore, nombre d’entre elles déclarent pouvoir partager ces informations avec le gouvernement ou les forces de l’ordre sur simple demande informelle, un seuil de partage dangereusement bas : 56 % de ces marques partagent des données avec les autorités gouvernementales sur demande.
Le rapport indique :
« C’est assez grave que les énormes corporations qui possèdent les marques de voitures aient toutes ces informations personnelles en leur possession, à utiliser pour leurs propres recherches, marketing ou les très vagues « fins commerciales ». Mais ensuite, la plupart (84 %) des marques de voitures que nous avons étudiées disent qu’elles peuvent partager vos données personnelles — avec des fournisseurs de services, des courtiers en données et d’autres entreprises dont nous savons peu ou rien. Pire encore, dix-neuf (76 %) disent qu’elles peuvent vendre vos données personnelles. »
La profondeur et la complexité de cette collecte de données, y compris des détails personnels sensibles, soulèvent donc de profondes préoccupations en matière de confidentialité.
Des standards de sécurité incertains
L’étude révèle également une inquiétude quant à la sécurité des données collectées. Aucune des marques n’a confirmé respecter des standards de sécurité minimums, laissant planer des doutes sur la protection effective des informations sensibles.
Un manque de choix pour les consommateurs
Face à cette situation, les consommateurs se retrouvent démunis. La comparaison des voitures en fonction de leur respect de la vie privée est quasi impossible, et les mesures de protection individuelles semblent dérisoires au vu de l’ampleur de la collecte de données.
La position de Buterin suscite un débat sur les médias sociaux
Les commentaires récents de Vitalik Buterin sur les implications en matière de vie privée des voitures modernes ont déclenché un débat sur les médias sociaux concernant le compromis entre le progrès technologique et la confidentialité.
Les discussions vont d’un groupe enthousiaste qui envisage de moderniser des voitures classiques pour résoudre les problèmes contemporains de confidentialité, à des accusations contre Vitalik Buterin le dépeignant comme étant anti-technologie. En réaction à ces critiques, Buterin a tenu à clarifier sa position en affirmant son soutien à diverses technologies modernes, y compris certaines applications de l’intelligence artificielle. Il insiste cependant sur sa perspective critique en ce qui concerne certaines technologies spécifiques qui représentent une menace pour la confidentialité : « Il existe un petit mais néanmoins important sous-ensemble de choses qui suscitent mes préoccupations ! »
Une prise de conscience souhaitable de la part des conducteurs
Cette étude sonne l’alarme sur un enjeu crucial de notre époque : le respect de la confidentialité et le droit à la vie privée dans un secteur aussi essentiel que l’automobile. Elle appelle à une prise de conscience collective et à une action urgente des constructeurs pour réduire la collecte et le partage des données personnelles, ainsi qu’à renforcer la sécurité et le contrôle des utilisateurs sur leurs données. La voiture, symbole de liberté, ne doit pas devenir un outil de surveillance et d’exploitation de la vie privée.