Tu avais raison et c’est un scandale : ton smartphone t’écoute en permanence

Modifié le - Auteur Par Tony L. -
Tu avais raison et c’est un scandale : ton smartphone t’écoute en permanence

Un smartphone peut-il nous espionner ? Depuis des années, de nombreux utilisateurs de smartphones soupçonnent leurs appareils de les écouter en permanence pour cibler des publicités. Si cette idée a souvent été reléguée au rang de théorie du complot, une toute nouvelle fuite d’informations vient confirmer ce que beaucoup redoutaient : nos téléphones seraient bel et bien en train de nous espionner.

Le cas présent concerne Cox Media Group (CMG), une entreprise américaine spécialisée dans les médias et la publicité, accusée d’utiliser des logiciels d’écoute active pour capter et analyser nos conversations.

Une fuite dévoile des pratiques d’écoute accablantes

Un document interne de CMG, présenté sous forme de diaporama, a récemment fuité, révélant que l’entreprise utilise un logiciel baptisé « Active-Listening » pour écouter et analyser les conversations des utilisateurs via les micros de leurs smartphones, ordinateurs portables ou assistants domestiques. Ce logiciel serait capable de collecter des données d’intention en temps réel, qu’il combine ensuite avec des données comportementales pour cibler des publicités spécifiques.

Le diaporama en question mentionne également des collaborations avec des géants du numérique tels que Meta, Google et Amazon, laissant entendre que ces entreprises pourraient aussi utiliser ce service pour cibler leurs utilisateurs.

Suite à cette révélation, Google a rapidement retiré CMG de son programme de partenariat, tandis qu’Amazon a nié toute implication dans ce projet. Meta, la maison mère de Facebook, a annoncé qu’elle allait réévaluer ses relations avec CMG.

 

L’écoute active : une technologie controversée

Selon les informations divulguées, CMG utilise un processus en six étapes pour capter les données vocales des utilisateurs. Le logiciel peut potentiellement écouter en continu ou à des moments précis, comme lorsque le microphone du téléphone est activé pour un appel. Les publicitaires utilisent ensuite ces données pour cibler les « consommateurs en marché », c’est-à-dire les personnes qui envisagent d’acheter un produit ou un service spécifique.

Par exemple, si un utilisateur discute de voitures Toyota avec un ami, il pourrait commencer à voir des publicités pour les derniers modèles de la marque. Cette technologie permettrait ainsi de devancer la concurrence en atteignant les consommateurs avant même qu’ils ne prennent leur décision d’achat.

Face à ces révélations, les principaux acteurs du numérique ont dû se justifier.

Comme indiqué ci-dessus, Google a reconnu avoir mis fin à son partenariat avec CMG en raison de violations de ses politiques publicitaires. Amazon, de son côté, a fermement démenti toute collaboration avec CMG sur ce programme, affirmant que si l’un de ses partenaires enfreignait ses règles, des mesures seraient prises. Quant à Meta, elle a simplement déclaré être en cours de révision de son partenariat avec CMG, sans pour autant admettre une participation directe à ce programme d’écoute active.

Ce qui indigne particulièrement, c’est que ces pratiques semblent être considérées comme légales par les entreprises concernées. Dans une publication désormais supprimée de son blog, CMG affirmait que l’écoute active est parfaitement légale, précisant que les conditions d’utilisation des applications et des mises à jour incluent souvent des clauses autorisant cette écoute, cachées dans de longues pages de termes d’utilisation rarement lues par les consommateurs. Ce stratagème permettrait aux entreprises de contourner les lois sur l’interception des communications, en particulier dans certains États américains et certains pays où l’enregistrement sans consentement est interdit.

 

Une flagrante atteinte à la vie privée

Ces révélations scandaleuses soulèvent une nouvelle fois le problème de la protection de la vie privée et de la transparence des pratiques des entreprises technologiques. Le fait que des sociétés puissent exploiter les microphones de nos appareils pour capter nos conversations privées, sans que nous en soyons pleinement conscients, confirme les failles actuelles en matière de protection des données et nous expose à toutes sortes d’abus.

Le problème réside notamment dans les contrats de licence utilisateur, souvent rédigés en termes techniques et légaux complexes, rendant difficile pour l’utilisateur moyen de comprendre à quoi il consent réellement. De nombreuses entreprises se servent de ces subtilités pour justifier des pratiques intrusives, sapant ainsi la confiance des consommateurs. De plus, ces contrats sont souvent difficilement accessibles, ce qui complique la possibilité de revenir en arrière pour modifier ou annuler un choix validé auparavant, sans même s’être rendu compte d’avoir donné son consentement.

 

Quelles solutions face à cet espionnage permanent ?

Heureusement, plusieurs mesures peuvent être prises par les utilisateurs pour minimiser les risques d’écoute. Même si cela ne garantit pas à 100% que Cox Media Group et les géants de la Tech ne puissent plus nous espionner, voici quand même quelques recommandations pour protéger tes conversations :

  • Limiter les autorisations d’accès au microphone : tu devrais vérifier régulièrement les paramètres de tes applications et désactiver l’accès au microphone pour celles qui n’en ont pas réellement besoin. On peut même aller jusqu’à désactiver toutes les autorisations et ne l’activer que lorsque tu utilises l’app correspondante.
  • Utiliser des solutions de sécurité renforcées : certaines applications de sécurité offrent des fonctionnalités de protection de la vie privée qui bloquent l’accès au microphone.
  • Mise à jour régulière des appareils : assure-toi que tes appareils sont toujours à jour pour bénéficier des dernières protections de sécurité.
  • Lire attentivement les termes d’utilisation : bien que fastidieux, il faudrait prendre le temps de lire les conditions d’utilisation avant d’accepter, pour comprendre ce à quoi on consent.

Pour finir, il semble légitime de se poser une dernière question, à combien d’entreprises, d’organismes ou d’agences, les logiciels d’écoute active ouvrent-ils la porte à nos conversations ?

Par Tony L.

Passionné de technologie, Tony vous propose des articles et des dossiers exclusifs dans lesquels il partage avec vous le fruit de ses réflexions et de ses investigations dans l'univers de la Blockchain, des Cryptos et de la Tech.

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