INTERVIEW.
Malgré les aides et autres boucliers tarifaires mis en place par le gouvernement, au vu de l’inflation galopante, le pouvoir d’achat des Français ne cesse d’être rogné. Mathieu Escarpit, directeur Marketing chez Cofidis France, nous dévoile la somme qu’il manque aux Français chaque mois pour vivre convenablement.
Combien gagne-t-on en moyenne en France ? Selon l’étude annuelle sur les salaires du secteur privé publiée par l’Insee fin avril dernier, le salaire mensuel net médian (avant impôt), pour un temps plein ou équivalent, s’élève à 2005 euros, d’après les données de l’année 2020. Ainsi, 50 % des Français travaillant dans le privé touchent un salaire inférieur à cette somme, et l’autre moitié gagne plus. Cette donnée est différente du salaire mensuel moyen, qui se monte à 2 518 euros net. Cela équivaut à une hausse de 3,2 % en euros constants (progression de l’inflation comprise), par rapport à 2019. Or, au vu du contexte économique difficile et d’une inflation qui ne cesse de bondir au fil des mois (5,9 % sur un an en août dernier), le pouvoir d’achat des ménages s’amenuise. « Plus que jamais, il est la préoccupation prioritaire des Français (à 54%) », nous indique Mathieu Escarpit, Directeur Marketing chez Cofidis France. « Ce chiffre est d’ailleurs semblable à celui obtenu pour la santé en 2020, soit au cœur de la crise Covid. Ce qui appuie d’autant plus l’inquiétude des consommateurs qui atteint d’ailleurs cette année un niveau record », analyse l’expert en s’appuyant sur les résultats obtenus lors du dernier baromètre sur le pouvoir d’achat, réalisé par Cofidis
Pouvoir d’achat : de nombreuses incertitudes face à l’avenir
Courses alimentaires, factures d’énergie, transport… L’explosion des prix enregistrée cette année suscite de nombreuses incertitudes financières pour l’avenir.
Les Français craignent de voir leur pouvoir d’achat s’effondrer
Selon l’enquête, deux tiers des ménages craignent de voir leur pouvoir d’achat diminuer prochainement. Du jamais vu depuis la première édition du baromètre, et une hausse record de 29 points par rapport à l’année dernière », peut-on y lire. Pis, 53 % jugent que leur qualité de vie a baissé. Les foyers estiment d’ailleurs qu’ils leur manquent plusieurs centaines d’euros pour bien vivre.
Pouvoir d’achat : 510 € manquant pour vivre convenablement
« En moyenne, il manque 510 € chaque mois aux Français pour vivre convenablement », nous indique Mathieu Escarpit. « C’est une somme record, jamais observée depuis que nous posons la question dans notre Baromètre, soit depuis 2014. Par ailleurs, nous avons constaté une nette évolution de cette somme en un an, puisque ce montant était de 467 € lors de l’édition 2021 du Baromètre, et de 490 € en mai dernier, lorsque nous leur avons à nouveau posé la question dans le cadre de notre enquête sur les stratégies financières », détaille-t-il.
Si l’on tient compte des chiffres de l’Insee, le salaire « idéal » qui permettrait de vivre correctement s’élèverait donc à 3 028 € par mois (2 518 €, correspondant au salaire moyen + 510 €). Ce chiffre est bien évidemment à prendre avec des pincettes et reste subjectif. Il diffère en fonction des charges, du lieu de vie, de la situation familiale et des priorités de chacun.
Que feraient cependant les ménages, s’ils disposaient de cette somme ?
Pouvoir d’achat : priorité aux postes élémentaires
Avec ces centaines d’euros supplémentaires, les ménages ne s’accorderaient pas pour autant de folies.
L’alimentation et l’énergie avant tout
« Les Français nous indiquent que s’ils bénéficiaient de cet argent, ils l’utiliseraient en priorité pour des postes élémentaires comme l’alimentation (à 53%) ou l’énergie (à 29%). Il ne s’agit ainsi pas de répondre à des besoins accessoires ou s’offrir des plaisirs et loisirs, mais bien réellement de pouvoir vivre une vie plus confortable », décrypte le directeur Marketing chez Cofidis France.
Les Français forcés de réduire leurs dépenses
« Quand on observe dans le détail les restrictions des Français : celles-ci ne se font plus uniquement sur des dépenses accessoires, mais de plus en plus sur des postes essentiels comme l’alimentation (21% déclarent avoir réduit leurs dépenses alimentaires) ou l’énergie (19%). D’ailleurs, aux yeux des Français, la situation risque de s’enraciner : parmi les sondés ayant déjà diminué leurs dépenses, une large majorité (67%) estiment qu’ils devront se restreindre encore davantage dans les douze prochains mois. On remarque donc que les efforts déjà consentis ne suffisent pas à leurs yeux, mais qu’il faudra les pérenniser », ajoute-t-il.
Toutefois, « l’édition 2022 du Baromètre nous montre que cette année, même s’ils se serrent la ceinture tous les mois, les Français n’ont pas davantage recours au découvert bancaire pour faire face à la flambée des prix (38 %, un chiffre stable par rapport à 2021). Le montant de ces découverts augmente toutefois de façon notable : cette année, il est d’en moyenne 368 € par personne (vs. 316 € en 2021). Par ailleurs, plus d’un tiers des Français (35 %) déclarent avoir un crédit à la consommation en cours, soit +3 points par rapport à 2021 », nous révèle Mathieu Escarpit.
Qu’en est-il outre-Atlantique ?
Pouvoir d’achat : la situation financière des Américains en berne
D’après une récente enquête de Personal Capital, menée par The Harris Poll du 19 au 23 avril, en raison de la flambée des prix, 58 % des Américains jugent que leur qualité de vie diminue. Pour 69 % d’entre eux, leur salaire ne suit pas le rythme. Quant au salaire moyen qui leur permettrait de se sentir en bonne santé financière, il atteint une moyenne globale de 107 000 $ annuels, soit 8 916 $ par mois (8 907 € environ). C’est plus de 3,5 fois plus qu’en France.
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