En raison de l’inflation, le pouvoir d’achat des Français est mis à mal. Selon une étude Cofidis, les Français estiment « manquer de 510 € par mois pour vivre convenablement ». Toutefois, le ressenti des ménages peut parfois être en décalage avec le niveau du pouvoir d’achat mesuré par l’Insee. Voici pourquoi.
Manquer d’argent : une grande peur en France
La peur de ne pas avoir assez d’argent pour terminer le mois s’est intensifiée au fil des années pour de nombreux Français. Le pouvoir d’achat est d’ailleurs devenu leur préoccupation prioritaire. D’après le dernier baromètre réalisé à cet effet par Cofidis, spécialiste du crédit en ligne, l’explosion des prix enregistrée en 2022 suscite de nombreuses incertitudes financières pour l’avenir. En décembre 2022, les prix à la consommation ont bondi de 5,9 % sur un an, selon l’Insee.
Par ailleurs, le pouvoir d’achat des jeunes actifs et des retraités a chuté de 7 % sur la dernière décennie 2010-2019, peut-on lire dans une récente note d’analyse de France Stratégie, organisme de réflexion rattaché à Matignon. Or, le niveau de vie des contribuables a progressé de seulement 5,4 % sur la même période (soit + 0,6 % par an en moyenne). « La décennie 2010 se caractérise par un ralentissement de la progression du niveau de vie par rapport à la décennie précédente », a indiqué Gautier Maigne, directeur du département Société et politiques sociales lors d’un point presse jeudi 5 janvier 2023.
Toujours selon l’étude de Cofidis, les ménages estiment ainsi « manquer de 510 € par moispour vivre convenablement ». Résultat, nombreux ont été ceux à se tourner vers les crédits à la consommation. Comme l’indique les derniers chiffres publiés le 15 décembre dernier par l’Association française des sociétés financières (ASF), l’activité progresse de 10 % en octobre 2022 (dont + 5 % pour les prêts personnels, + 6,8 % pour les crédits renouvelables et + 12,7 % pour financement auto neuve).
Si chacun évalue la propre évolution de son pouvoir d’achat en fonction de ses ressentis (et de l’état de ses finances à la fin du mois pour des dépenses similaires), qu’en est-il réellement ? Comment le définit-on vraiment ?
Pouvoir d’achat : à quoi correspond-il ?
« Le pouvoir d’achat correspond à la quantité de biens et de services qu’un revenu permet d’acheter », rappelle le ministère de l’Économie. Il « dépend alors du niveau du revenu et du niveau des prix. »
Pouvoir d’achat : comment évolue-t-il ?
L’évolution du pouvoir d’achat se traduit par la différence entre l’évolution des revenus des ménages et l’évolution des prix. Lorsque la hausse des revenus est supérieure à celle des prix, le pouvoir d’achat augmente. Dans une situation contraire, il diminue.
Pouvoir d’achat : comment se calcule-t-il ?
Il y a 3 manières différentes de calculer le pouvoir d’achat.
- Évolution du pouvoir d’achat par personne
Cela concerne la croissance de revenu « réel » par tête. Or, tous les Français ne vivent pas seuls. Il est d’ailleurs moins onéreux de vivre à plusieurs dans un même logement que séparément dans différents logements.
- Évolution du pouvoir d’achat par ménage
Ici, ce sont les groupes d’individus (les familles) qui sont pris en compte.
- Évolution du pouvoir d’achat par unité de consommation
Le nombre d’unités de consommation grandit moins rapidement que le nombre d’individus dans le ménage. C’est pourquoi les statisticiens évaluent la taille des ménages ainsi que les économies donnant lieu à ces regroupements.
Mais, pour identifier la situation réelle des Français, il convient d’observer également les services publics dont ils jouissent. Soit le revenu disponible brut ajusté (des services non-marchand mis à la disposition des ménages).
Calcul du pouvoir d’achat : la formule de l’Insee
Comme le précise l’Institut national de statistiques, « les statistiques sur le pouvoir d’achat proviennent généralement des comptes nationaux. Ceux-ci fournissent une image globale et cohérente de l’activité économique du pays, selon des définitions internationales. Dans ce cadre, l’évolution du pouvoir d’achat est calculée pour l’ensemble des ménages, par différence entre l’évolution du revenu des ménages et l’évolution de l’indice des prix. »
La formule de calcul est donc la suivante :
⇒ Évolution du pouvoir d’achat = évolution du revenu des ménages – évolution des prix
L’Insee notifie que « le revenu utilisé est le revenu disponible brut dont sont déduits les cotisations sociales et impôts directs. »
Pouvoir d’achat : pourquoi le ressenti individuel est-il différent des statistiques ?
Un décalage peut exister entre le niveau du pouvoir d’achat évalué par l’Insee et celui ressenti par les Français. Pour quelle raison ?
Croissance du pouvoir d’achat : un total national loin des perceptions individuelles
Comme le pointe l’Insee, « le malentendu, incarné par un « pouvoir d’achat ressenti » se nourrit largement de la confrontation entre un total national et des situations individuelles. »
L’évolution du pouvoir d’achat du revenu total des ménages résidant sur le territoire français ne correspond ainsi directement pas à celle d’un individu en moyenne.
Pour mieux rendre compte de l’évolution du pouvoir d’achat des Français, l’Insee utilise la méthode des unités de consommation (UC).
- Le premier adulte compte pour 1 UC
- Chaque personne de plus de 14 ans supplémentaire compte pour 0,5 UC
- Chaque enfant de moins de 14 ans compte pour 0,3 UC
Puisque « le pouvoir d’achat par unité de consommation n’interdit pas une grande variété des situations individuelles », l’Insee utilise aussi une autre méthode.
Le pouvoir d’achat arbitrable pour se rapprocher du vécu des Français
Afin de se rapprocher du vécu des Français, l’Insee évalue également le revenu et le pouvoir d’achat « arbitrables » des ménages. « Il s’agit du revenu et du pouvoir d’achat, déduction faite des dépenses pré-engagées », explique l’institut. Ces dépenses représentent les consommations prenant la forme d’un contrat ou d’un abonnement difficilement renégociable à court terme ». Soit :
- Le logement (loyer, chauffage…),
- Les services financiers,
- Les technologies de l’information et de la communication.
« Sur les 20 dernières années, le poids des dépenses pré-engagées est passé de 26,8 % à 29,4 %. » Les ménages ont donc moins de marge de manœuvre qu’auparavant dans la gestion de leur budget. « Ceci influence sans nul doute la perception qu’ils ont de l’évolution de leur pouvoir d’achat », analyse l’Insee. Et d’ajouter : « De plus, la part des dépenses pré-engagées dans le budget est plus élevée pour les ménages à faibles revenus : elle passe de 38 % pour les ménages pauvres et à 22 % pour les ménages aisés, selon une étude de la Drees de 2016. »
S’ils prêtent de plus en plus attention à leurs dépenses, cette situation va-t-elle inciter les Français à contracter davantage des crédits à la consommation ? Pour ne pas tomber dans le surendettement et obtenir les meilleurs taux, il faut veiller à bien comparer les offres.
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