La France vient d’émettre sa troisième « Obligations Assimilables du Trésor vertes« . Là où il s’agit d’une première mondiale, c’est que celle-ci est indexée sur l’inflation. Cette nouvelle, annoncée fin mai par l’Agence France Trésor (AFT) a fait du bruit.
Finance durable : les OAT vertes
D’après les chiffres du Climate Bonds Initiative, le marché des obligations vertes connaît une croissance importante. L’an passé son volume d’émissions vertes a atteint 522,7 milliards de dollars, soit une progression de 75% par rapport à 2020. Ce qui porterait l’encours total du marché des obligations vertes à 1 600 milliards de dollars.
Qu’est-ce qu’une obligation verte ?
Les OAT sont des emprunts émis sur le marché par des entreprises ou des États. Les obligations vertes, aussi appelées green bonds, sont uniquement destinés à financer des projets contribuant à la transition écologique contrairement aux OAT classiques.
La nouvelle obligation verte étant indexée sur l’inflation, son taux d’intérêt n’est pas fixe, mais variable et ajusté en fonction de l’indice européen des prix à la consommation harmonisé pour une échéance fixée à juillet 2038.
Point sur les OAT vertes émises par la France
Là encore la France apparaît comme un pays précurseur, c’est le premier État au monde à avoir émis un emprunt vert pour une taille de référence, dans la mise en œuvre des ambitions de l’accord de Paris sur le Climat de décembre 2015. L’organisme en charge de placer la dette de la France sur les marchés est l’Agence France Trésor ou l’AFT.
La première OAT verte a été émise le 24 janvier 2017 par l’AFT aux taux de 1,75% jusqu’au 25 juin 2039 pour le montant de 7 milliards d’euros. La deuxième a été lancée le 16 mars 2021 au taux de 0,50% jusqu’au 25 juin 2044, pour un montant de 7 milliards d’euros également.
Ces OAT sont orientées vers des dépenses du budget de l’État et du Programme d’Investissements d’Avenir (PIA) sur la lutte contre le changement climatique, l’adaptation au changement climatique, la protection de la biodiversité, et la lutte contre la pollution.
Un mode de financement qui attire de plus en plus
Fin 2021, avec l’accélération de l’augmentation des prix dans plusieurs régions du monde, dont l’Europe, l’AFT avait déjà constaté un intérêt accru des investisseurs pour les obligations indexées sur l’inflation.
Majorité d’investisseurs français
La troisième « OAT verte », porte à 49,4 milliards d’euros depuis 2017 les fonds levés pour financer des investissements en faveur de la transition énergétique et écologique. Elle a été allouée principalement à des banques (29%) et à des gestionnaires d’actifs (28%) selon l’AFT. Sur le plan géographique, 29% des investisseurs sont Français et 57% proviennent de la zone euro. C’est une première : les banques ont perçu davantage de revenus avec les obligations vertes qu’avec le financement des entreprises liées aux énergies fossiles.
Exemples de financements verts
Parmi les entreprises ayant utilisé cet instrument pour financer leur projet, on retrouve :
- Engie en 2018, avec 1,5 milliard d’euros pour « financer les nombreux projets verts en matière d’énergies renouvelables et de services à l’énergie développés par le groupe à travers le monde ».
- La SNCF entre 2016 et 2021, avec 7,6 milliards d’euros à travers 22 opérations de marché. Et ce n’est que le début, car le groupe souhaite convertir d’ici 2025, « l’intégralité de ses produits de financements et de ses placements aux critères de l’investissement responsable. »
- L’Union européenne en 2021, avec 12 milliards d’euros, pour son tout premier emprunt vert dans le cadre de NextGenerationEU, un programme visant à lever 250 milliards d’euros d’obligations vertes dans les prochaines années.
Cependant face à cette nouveauté qui ravie beaucoup de monde, certains hurlent à la bombe à retardement. Indexer ce type de support sur l’inflation peut être dangereux … mais rares sont ceux qui en parlent.