Avec une croissance qui fait du sur place et une inflation de 4,8% en rythme annuel, la France entre dans une période d’incertitude économique forte.
Les experts se déchirent sur ce qui nous attend dans un avenir proche. Décryptage !
Inflation, stagflation et recession : définition
Rappelons tout d’abord les définitions des trois termes qui figurent en titre de cet article.
Qu’est-ce que l’inflation ?
L’inflation correspond à une baisse du pouvoir d’achat de la monnaie. Elle se traduit concrètement par une hausse durable des prix.
C’est ce qui se passe actuellement en France, et encore plus fortement aux Etats-Unis, où les prix augmentent de plus de 8% en rythme annuel !
Qu’est-ce qu’une récession ?
Selon l’INSEE, une récession est une baisse du PIB, sur une période d’au moins deux trimestres consécutifs.
Nous n’y sommes pas en France. Le premier trimestre 2022 a vu le PIB stagner, mais les économistes anticipent une légère augmentation de ce dernier pour le deuxième trimestre.
Les experts de l’INSEE avouent avoir été surpris par l’ampleur du ralentissement de l’activité économique, début 2022, bien qu’ils l’attendaient (mais dans une moindre mesure).
Pour Alex Domash, chercheur à la Harvard Kennedy School et ses collègues, Outre-Atlantique, il est fort probable qu’une récession soit à l’horizon. En effet, bien que la Fed pense pouvoir assurer un “atterrissage en douceur” de l’économie américaine, grâce à des hausses graduelles et légères des taux directeurs, ces économistes sont dubitatifs.
Analyse des tendances historiques à l’appui, ils démontrent qu’il est davantage probable qu’improbable que les Etats-Unis s’orientent vers une récession à court terme, à cause d’un retard de gestion de la surchauffe inflationniste.
Qu’est-ce que la stagflation ?
La stagflation (contraction des mots stagnation et inflation) est une situation macroéconomique dans laquelle deux conditions coexistent : la croissance est atone et l’inflation est forte.
Pour Christine Lagarde, directrice de la BCE, la “référence” suivie n’est pas celle de la stagflation. Elle envisage d’ailleurs de relever le taux directeur pour la première fois depuis 2011, mais attend pour cela d’observer les conséquences de la crise ukrainienne sur la santé de l’économie européenne.
Selon Mme. Lagarde, le risque de stagflation n’est pas le même que lors des années 1970, suite aux chocs pétroliers.
Pour Pierre Jaillet, chercheur à l’Institut européen Jacques Delors, l’analyse est similaire : avant de parler de risque réel de stagflation, il faudrait que la situation perdure pendant plusieurs trimestres d’affilée, ce qui n’est pas garanti.
Qui faut-il croire alors ?
L’économie est aussi un “jeu psychologique” et de gestion de l’incertitude, qui est très élevée actuellement. Regardons ces deux points plus en détail.
L’économie, c’est aussi de la psychologie
Rappelons ici que l’économie n’est pas qu’une science exacte et mathématique.
Les décideurs politiques et les acteurs économiques, via leurs prises de position, influent sur l’état du marché, par le jeu de l’anticipation et de la confiance dans le marché.
Les spécialistes de l’investissement financier le savent, une simple rumeur peut suffire à orienter le marché fortement à la hausse ou à la baisse.
On peut donc analyser les positions des autorités, telles que les dirigeants des banques centrales, comme étant un jeu d’équilibriste entre une observation réaliste du marché et un vœu pieux.
Une certitude : l’incertitude et la dépendance aux Etats-Unis
Les investisseurs doivent avant tout, à l’heure actuelle, prendre mesure du haut niveau d’incertitude qui règne sur le marché. La crise ukrainienne en est l’étendard, mais il y a aussi la crise écologique, les suites de la pandémie du Covid-19, les déséquilibres dans les chaînes mondiales d’approvisionnement…
Et in fine, si une récession se déclarait aux Etats-Unis, compte tenu du niveau d’interdépendance des économies européennes et américaine, le risque de contagion de cette récession en Europe serait élevé !