Lors d’un événement récent organisé par le Financial Times (FT), Stuart Kirk, responsable des investissements responsables de la banque HSBC a (c’est le moins qu’on puisse dire) jeté un pavé dans la mare !
Retour sur les raisons du scandale et décryptage.
Les arguments de Stuart Kirk
Lors du “Moral money Europe Summit”, organisé par le FT, dont le but officiel était de passer des voeux aux actions concrètes en ce qui concerne les engagements RSE des entreprises, Stuart Kirk a prononcé un discours complètement à contre-courant de la doxa ou du moins la tendance du moment.
Retour sur ses arguments principaux.
Argument n°1 : il y a toujours eu des alertes sur la fin du monde
Tout d’abord, M. Kirk évoque le fait qu’il y a toujours eu des “fous” qui annoncent la fin du monde et qu’il a connu cela tout au long de ses 25 ans de carrière.
Il cite, par exemple, le bug de l’an 2000, qui était censé bloquer l’économie mondiale, lorsque les ordinateurs du monde entier auraient été « bloqués » lors du passage de l’année 1999 à l’année 2000.
Rien de tel ne s’est passé, et il postule qu’en conséquence la même chose arrivera avec le dérèglement climatique. On peut être dubitatif sur la validité d’une telle comparaison ! Cependant, une partie des chercheurs et scientifiques le pensent.
Argument n°2 : il y a tellement d’autres problèmes pressants
Kirk liste ensuite tous les autres problèmes qui mobilisent, ou devraient mobiliser davantage, les banques :
- le problème de la Chine,
- l’inflation,
- la crise en Ukraine,
- les cryptos,
- la cybersécurité, etc.
Son argument consiste ici à dire que le dérèglement climatique ne devrait pas nous impacter avant 30 ou 50 ans, et qu’il y a de nombreux autres problèmes bien plus urgents à gérer.
Kirk estime que la quantité de travail demandée aux banques pour agir pour le climat est disproportionnée, face aux autres problèmes qui seraient donc plus urgents.
Argument n°3 : on a besoin de la croissance du PIB pour nous adapter
Le directeur de l’investissement responsable de HSBC indique également que les modèles en lien avec le changement climatique pointent vers une baisse de la croissance du PIB.
Or, pour lui, la croissance du PIB est primordiale, pour permettre l’adaptation de nos économies aux contraintes que le changement climatique à venir va nous imposer.
Il se montre aussi très (trop ?) confiant dans la capacité de l’humanité à s’adapter à ce nouveau contexte, sous réserve que la création de richesses soit suffisante.
Argument n°4 : on n’investit pas assez dans l’adaptation climatique
Voici une traduction d’une partie des propos de M. Kirk : “Chez HSBC, on passe beaucoup trop de temps à financer la lutte contre le dérèglement climatique, plutôt que l’adaptation à ses conséquences à venir.”
Argument n°5 : ce n’est pas la fin des performances financières
Pour Stuart Kirk, en ce qui concerne le réchauffement climatique, il y aura des gagnants et des perdants. Et à l’avenir, il restera possible pour les banques et les investisseurs de constituer des portefeuilles financiers donnant de belles performances.
Il faudra par exemple éviter les énergies fossiles et privilégier les énergies renouvelables.
A la fin de son discours, M. Kirk présente une courbe donnant le retour sur investissement à long-terme des 500 premières entreprises dans le monde (S&P 500), dans laquelle on constate que le rendement est croissant dans le temps. Il n’est ni affecté par la Seconde Guerre Mondiale, ni par les chocs pétroliers, et d’autres crises majeures.
Sa conclusion est que l’humanité pourra s’adapter, de façons que nous ne pouvons pas encore imaginer, et qu’il faut minorer ce problème qui semble être utilisé par certains pour faire passer des mesures de contrôles.
Où voir le discours de Stuart Kirk ?
Pour visionner le discours de Stuart Kirk, rien de plus simple. Voici la vidéo Youtube.
Suite à cette prise de position tranchée, Stuart Kirk a été suspendu de ses fonctions à l’heure où nous écrivons cet article.