INTERVIEW. Beaucoup l’ignorent, mais épargner contribue grandement à la pollution de la planète, via le financement des industries néfastes pour l’environnement. Depuis 2020, Joseph Choueifaty CEO de Goodvest, solution d’investissement engagée, durable et éthique, se bat pour redonner le pouvoir aux épargnants. Retour sur une année charnière.
Épargner va souvent de pair avec polluer.
« Hein, comment ça ? Je ne vois pas comment mon argent, placé sur un livret bancaire ou autre produit financier, peut être néfaste à l’environnement voyons ! » Et pourtant, c’est fréquemment le cas. Ces chiffres alarmants parlent d’eux-mêmes. Car, l’argent déposé sur les comptes courants et autres solutions d’épargne ne dort pas à la banque. Il est investi sur les marchés et sert même à financer des industries polluantes, comme le charbon, le pétrole ou le gaz.
L’impact de l’épargne moyenne d’un Français représente 10 vols Paris New York
D’après une étude de l’ONG Rainforest, les banques françaises y ont injecté 128 milliards d’euros en trois ans. Ainsi, selon l’organisation internationale Oxfam, l’épargne moyenne d’un Français, s’élevant à 25 000 euros environ, génère ainsi 11 tonnes de Co2 par an ! C’est l’équivalent de 10 vols Paris-New York. Alors que nous sommes de plus en plus nombreux à adopter des comportements plus responsables, « nous polluons encore plus via ce que finance notre argent que via notre propre consommation.
L’argent à la banque ou sur un livret est souvent le premier poste de « pollution »
Notre argent est notre premier poste d’émissions de CO2 », pointe le rapport. Un Livret A contenant 5 000 euros produit tout de même 2,6 tonnes de CO2 ! Soit l’équivalent de l’utilisation quotidienne d’une voiture.
Nous contribuons ainsi, bien souvent dans une totale ignorance, au réchauffement climatique. Si les établissements bancaires français se sont engagés à consacrer environ 20 % de leurs investissements aux énergies renouvelables, dans les faits, les données à ce sujet restent floues.
Dans ce contexte, comment réduire l’impact écologique de son épargne ? Pour redonner du pouvoir aux Français, Joseph Choueifaty et Antoine Bénéteau ont décidé de créer, en 2020, Goodvest : une solution d’épargne engagée pour l’environnement.
Goodvest : épargner en épargnant la planète
« Goodvest est une entreprise à mission, celle de rendre l’épargne et l’investissement responsable accessible à toutes et à tous », nous indique Joseph Choueifaty.
Goodvest : faire fructifier son épargne tout en contribuant à la transition écologique
Aujourd’hui, l’épargne est encore très opaque et « carbonée ». La majorité des fonds « climats », « bas carbone », « planète », soit les placements dits « super verts », continuent de financer les énergies fossiles. La finance verte ne va pas assez loin et perd en partie la confiance des épargnants.
Chez Goodvest, nous travaillons à changer cela grâce à des engagements concrets. « Pour que les investissements des ménages contribuent à la lutte contre le dérèglement climatique, ils doivent chercher à comprendre ce que finance leur argent en demandant à connaître la composition exacte de leurs investissements », explique le CEO de la Fintech.
« Notre méthodologie maison permet d’exclure entièrement le financement des énergies fossiles. Pour cela, nous étudions l’alignement des entreprises avec les objectifs de l’Accord de Paris et calculons leur empreinte carbone (émissions directes et indirectes). Les épargnants peuvent choisir dans quoi ils souhaitent investir à 100 % en fonction de leurs valeurs et de leurs besoins. Nous avons sélectionné l’assurance vie pour sa liquidité ainsi que pour ses nombreux avantages fiscaux », détaille-t-il. Et de se réjouir : « Elle a fait le meilleur démarrage du marché avec plus de 20 millions d’euros collectés. »
Voici les différents thèmes d’investissements responsables possibles, via la gestion pilotée :
- La transition écologique
- L’emploi et solidarité
- L’accès à l’eau
- Les forêts
- La santé
- Les pays émergents
- Les innovations technologiques
Goodvest : connaître l’impact de son placement grâce à un outil unique
« Nous jouons également sur la transparence, puisque nos clients peuvent évaluer via leur espace client, grâce à l’onglet impact, outil unique sur le marché, l’empreinte carbone de leur portefeuille, les émissions de Co² économisés, etc. Toutes ces données extrafinancières sont à la disposition de nos 2000 clients. En plus d’avoir une vue d’ensemble de leurs rendements, ils peuvent ainsi connaître l’impact de leur investissement sur l’environnement », assure Joseph Choueifaty.
Quant aux performances et aux tarifs, ils n’ont rien à envier aux investissements traditionnels. « Nous sommes en effet deux fois moins cher, et nos performances nettes de frais s’élèvent en moyenne à 7,6 % par an. Elles oscillent, selon les profils », précise l’expert. Les voici en détail :
- Profil prudent : 3,72 % par an
- Profil modéré : 5,28 par an
- Profil volontaire : 7,71 % par an
- Profil ambitieux : 9, 21 % par an
- Profil audacieux : 10,75 % par an
Goodvest : de nouveaux produits verts à l’horizon
Si le début d’année a été difficile, en cette fin 2022, le bilan est plutôt positif : levée de fonds de 2 millions d’euros, investissement participatif, effectifs multipliés par 4 (de 5 à 23 personnes), nouveaux produits en cours de lancement…
Goodvest kids : la première assurance-vie pour mineurs compatible avec l’Accord de Paris
Inflation, guerre en Ukraine… Les épargnants ont-ils modifié leur comportement ?
« Malgré un marché en net recul en début d’année en raison du conflit russo-ukrainien, la collecte est remontée dès le mois de mai 2022. Les foyers français épargnent davantage, puisqu’en raison du contexte inflationniste, ils redoublent d’attention sur leurs dépenses. Nous sommes donc satisfaits et lançons même, pour clôturer l’année en beauté, Goodvest Kids, la première assurance-vie compatible avec l’Accord de Paris, à destination des mineurs. Un bon moyen pour constituer un capital financier à son enfant tout en lui laissant une belle planète. En prime, un taux de rémunération supérieur à l’inflation », note-t-il.
Goodvest : bientôt un produit retraite
« Nous avons pour projets de décliner différents produits en 2023, notamment un Plan d’épargne retraite (PER). Et cela pour plusieurs raisons :
- Il y a tout d’abord une très forte demande pour le PER. Ce placement financier va devenir un enjeu majeur, car il va falloir se constituer une retraite complémentaire, si l’on veut avoir une bonne retraite sur le plan financier dans l’avenir.
- D’autre part, tout comme pour l’assurance vie, il n’existe que peu d’acteurs qui proposent des solutions vraiment durables et transparentes.
- Enfin, il nous semble dommage aujourd’hui de préparer sa retraite tout en la détruisant, via des PER classiques qui soutiennent des énergies fossiles ou entreprises peu durables. Cela nous paraissait de ce fait logique de proposer des produits nous préparant à l’avenir (Goodvest Kids et PER) vivables sur le plan environnemental », pointe le CEO de Goodvest. La fintech prévoit de lancer d’autres produits en 2023 (dont l’immobilier), et de mettre en place des partenariats stratégiques tout en améliorant leur méthodologie en intégrant des critères de biodiversité.