La croissance est dans tous les esprits. Va-t-elle revenir ? Pourra-t-on financer nos services publics ? Et réduire la dette publique abyssale ?
Découvrons l’analyse du financier et entrepreneur, Charles Gave, aujourd’hui également Youtubeur avec sa fille 🙂
L’exemple éclairant de la Suède
En 1993, la Suède décide de changer complètement son modèle économique, que nous décrit Charles Gave dans cette vidéo, issue de sa chaîne Youtube, “Institut des Libertés”.
Une forte baisse de la dépense publique…
Les suédois s’engagent dans les années 1990 dans une expérience de grande ampleur, et de longue durée : celle de réduire fortement les dépenses publiques.
En effet, le poids du secteur public passe de 70% du PIB en 1993 à 55% en l’an 2000, soit une réduction de 15% en 7 ans. Charles Gave nous indique qu’il s’agit de quelque chose qui n’avait jamais été tenté dans l’Histoire.
La Suède fait un point sur les services publics rendus à la population, et se pose ouvertement la question de savoir ce qui doit rester dans le public et ce qui peut être privatisé.
C’est ainsi que les écoles, par exemple, sont rendues privées, et mises sous gestion des communes, au plus proche des besoins des habitants. La Suède donne le choix aux parents des écoles fréquentées par leurs enfants, et la concurrence est donc rétablie.
Le programme scolaire reste défini par l’État, afin d’éviter les dérives.
Cet exercice est réalisé dans de nombreux pans de l’économie…et de nombreux fonctionnaires sont licenciés.
… qui fait chuter les déficits et la dette publics…
Et l’effet est rapide : le déficit public chute rapidement, ce qui permet de rembourser progressivement la dette publique.
Notons que pendant ce temps, la France créait des emplois publics et creusait sa dette publique de plus en plus.
Cela a-t-il fait baisser la croissance suédoise ? Non, elle a même été supérieure à celle de la France.
… sans créer d’inégalités !
Et ces résultats ont été obtenus sans que les inégalités en Suède ne s’accroissent, ni que les riches ne puissent s’accaparer les richesses.
En effet, l’État continue de collecter les impôts, de les flécher vers les services publics nécessaires et d’assurer une juste répartition des richesses.
4 principes fondamentaux pour recréer de la croissance économique
Le propos de M. Gave est libéral, voici les principes-clés qu’il énonce.
L’état peut prescrire, mais n’a pas à produire
Dans la lignée de la pensée keynésienne, en France, on pense souvent que l’économie va chuter si on réduit le niveau de dépense de l’État. Or, c’est clairement faux si on se réfère à l’exemple réussi de la transformation de l’économie suédoise.
- Gave insiste aussi sur le fait que les emplois de fonctionnaires ne créent pas la croissance, ni, donc, les emplois futurs. La fonction publique n’est pas créatrice de richesse. Les entreprises : oui.
Pour bénéficier d’un supplément de croissance, il faut créer de véritables emplois, dans le secteur marchand, et il ne faut créer des emplois publics que s’ils sont vraiment nécessaires.
L’état garantit l’équité et la redistribution des richesses
Les impôts garantissent qu’il y a redistribution et que « les riches » ne s’accaparent pas tout, nous l’avons déjà vu.
Le rôle de l’État est d’enlever l’excès de pouvoir de décision aux fonctionnaires, et de le redonner au peuple. C’est ce que la Suède a fait et leur société fonctionne très bien.
Ce n’est pas l’emploi qui crée la croissance, mais l’inverse
- Gave pointe aussi du doigt que c’est la croissance économique qui permet de créer des emplois pérennes, et non l’inverse.
Créer des emplois, quels qu’ils soient, comme les politiques français aiment tant à le faire, n’a pas de sens, il faut laisser les entreprises privées s’en charger.
L’économie, c’est du temps long
Enfin, pour Charles Gave, il faut rappeler que l’économie ne peut s’envisager que dans le temps long. Souvent, nos journalistes ne s’intéressent qu’à ce qui s’est passé au cours des 12 derniers mois, mais en réalité, on paie aujourd’hui les conséquences des décisions prises il y a 20 ou 30 ans, telles que :
- la mise en place des 35 heures
- ou l’arrêt de l’investissement dans les centrales nucléaires.
Par exemple, la Suède a mis 7 ans pour changer de direction. Il y a donc une force d’inertie forte dans l’économie. On ne peut pas demander à un politique d’obtenir des résultats immédiats et il faut accepter que les réformes mettront des années à montrer leur efficacité.
Pour conclure, peut-on dupliquer cette stratégie en France ? M. Gave ne tranche pas. Il note toutefois que les Suédois savent très bien travailler ensemble de manière collaborative, et s’interroge sur notre capacité à le faire en France !