INTERVIEW. Inquiets pour leur pouvoir d’achat une fois leur vie active terminée, les Français sont de plus en plus nombreux à vouloir se constituer une retraite par capitalisation. Et si, par la même occasion, cela leur permettrait de réduire leurs impôts actuels ? Conseils de Charlotte Thameur, directrice conseil chez Yomoni, fintech de gestion de portefeuille.
Allongement de la durée de vie, vieillissement de la population, conjoncture économique incertaine… Tous ces éléments ont un impact sur l’équilibre financier du système de retraite ainsi que sur le niveau des pensions. La réforme des retraites, qui a pour objectif de pérenniser le système, continue d’animer les débats. Les Français sont de plus en plus nombreux à s’inquiéter pour leur futur niveau de vie. Pour le maintenir, beaucoup se tournent vers l’épargne retraite supplémentaire par capitalisation, afin de compenser cette perte de revenus, une fois la vie active passée.
« Elle est aujourd’hui indispensable, surtout pour les nouvelles générations », prévient Charlotte Thameur, directrice conseil chez Yomoni, fintech de gestion de portefeuille. « En effet, même si la réforme des régimes des retraites est lente, elle finira par passer, car, d’un point de vue démographique (entre autres), le modèle actuel ne peut pas perdurer. Le système va forcément être modifié. Il y aura peut-être une retraite plancher pour tout le monde. Les personnes qui auront des revenus plus élevés au cours de leur carrière et des besoins plus conséquents à la retraite, n’auront sans doute pas d’autres choix que de capitaliser », estime-t-elle. D’ailleurs, pour inciter les actifs à épargner en vue de leur future retraite, les pouvoirs publics ont instauré un système de déduction fiscale. Ainsi, l’argent placé sur des produits d’épargne dédiés à la retraite peut être, sous certaines conditions, déduit de vos revenus.
Épargne : les produits qui permettent de constituer un complément de retraite
Assurance vie, compte-titres, plan d’épargne retraite… Le point sur les placements qui permettent de préparer sa retraite.
Argent : comment préparer sa retraite en épargnant ?
Pour préparer sa retraite en épargnant, il est possible de placer une partie de son argent au sein d’un compte-titres ou d’une assurance vie. « Et ce, dès le plus jeune âge ou le début de la vie active », préconise l’experte. « Si tous placements comportent des risques, sur le long terme, ils sont modérés », rappelle-t-elle. Et grâce aux intérêts composés, la plus-value s’intensifie, au fil des années. Le plan d’épargne retraite est aussi une bonne option, d’autant qu’il permet de réduire son imposition.
Placement retraite : le PER, avantageux fiscalement
« Le PER, anciennement PERP Madelin, le PERCO (plan d’épargne retraite collectif) nouvelle génération, soit le PERCOL, proposé par les entreprises permettent une déduction fiscale à l’entrée. Ainsi, les versements volontaires réalisés, dans la limite du plafond fiscal disponible, peuvent être déductibles de l’impôt sur le revenu », note Charlotte Thameur.
Par ailleurs, « les détenteurs d’une ancienne assurance vie de plus de huit ans peuvent, jusqu’au 31 décembre 2022, bénéficier d’un avantage fiscal. Pour cela, ils doivent ‘’transférer’’ les sommes versées vers un PER individuel. L’abattement sur la plus-value de cession, 4 600 euros pour un célibataire et 9 200 euros pour un couple marié sera alors doublé ! », dévoile-t-elle. Un célibataire peut donc jouir d’un abattement jusqu’à 9 200 euros et un couple marié d’un abattement de 18 400 euros sur la plus-value de cession.
Point négatif « l’argent est ici bloqué jusqu’à la retraite, et peut entraîner un manque de liquidités. Le meilleur choix n’est ainsi pas toujours le PER, il ne faut pas se laisser aveugler par la défiscalisation », pointe la directrice conseil de la fintech Yomoni.
Combien permet-il d’ailleurs d’économiser ?
Placements retraite et fiscalité : une économie fiscale différente selon les profils
L’avantage fiscal augmente en fonction du taux marginal d’imposition (TMI) des contribuables.
Placements retraite et fiscalité : pour qui le PER est-il avantageux ?
Rappelons tout d’abord que pour baisser ses impôts, il faut en premier lieu être imposable. D’ailleurs, plus votre TMI sera élevé, plus grand sera l’avantage fiscal. Mais attention, car le TMI ne correspond pas au taux d’imposition global. Il concerne seulement la part supérieure des revenus. Pour évaluer la déduction fiscale d’un PER, il faut alors connaître le taux appliqué à cette part supérieure.
« C’est pourquoi le PER est attractif si l’on remplit ces 3 conditions :
- Avoir une bonne tranche marginale d’imposition : au moins 30 %
- Avoir une certaine longévité avant la date de départ à la retraite : au moins 8 ans
- Avoir une capacité d’épargne qui permet de réaliser des placements bloqués et non bloqués
S’il manque un de ces éléments, il est préférable de capitaliser sur une assurance-vie, qui bénéficie d’une fiscalité plus attractive à la sortie. C’est vous qui décidez, il ne faut pas hésiter à pousser la réflexion », recommande-t-elle.
Placements retraite et fiscalité : quels gains sur l’impôt à payer ?
« Le crédit d’impôt alloué au PER est un capital supplémentaire qui permet d’aller chercher une plus-value. C’est donc cette avance de crédit d’impôt qui va permettre de financer une partie de votre retraite », explique Charlotte Thameur. « D’autant que la plus-value fiscale va s’ajouter à la plus-value financière. »
PER : jusqu’à 32 000€ de déduction
Comme le notifie le site des impôts, « pour chacun des membres du foyer fiscal, le plafond de déductibilité du revenu global des cotisations ou primes versées sur le PERP, sur le PER individuel, sur les régimes de type PREFON ainsi que, à titre facultatif, sur un régime dit « article 83 » au titre de l’année N est :
- fixé à 10 % du montant net de l’ensemble des revenus d’activité déclarés au titre de l’année N-1 comportant un minimum (4 052 euros) et un maximum (32 419 euros) calculés sur la base du montant annuel du plafond de la sécurité sociale mentionné à l’article L.241-3 du code de la sécurité sociale de cette même année. »
« L’économie d’impôt dépendra ensuite de votre TMI », rappelle l’experte. Par exemple, pour 1000 euros versés sur un PER, il est possible d’économiser (selon le barème d’imposition 2022) :
- TMI 11 % : 110 euros
- TMI 30 % : 300 euros
- TMI 41 % : 410 euros
- TMI 45 % : 450 euros