Face à l’impressionnante masse d’épargne des Français qui s’élève à plus de 6 000 milliards d’euros, tout le monde convoite sa part du butin.
Selon l’analyse du média indépendant Altantico, la course au trésor est désormais lancée entre les entreprises, les assureurs, les banques et bien évidemment l’État qui croule sous les dettes. Que retenir de ce décryptage ?
L’épargne des Français atteint les 6 000 milliards d’euros
Les Français nagent dans une situation paradoxale assez surréaliste. Les sondages montrent qu’ils manifestent une obsession particulière pour la question du pouvoir d’achat.
En même temps, ils n’ont jamais autant épargné, si bien que les agences de notation sont restées impressionnées :
- Hors immobilier, près de 6 000 milliards d’euros en épargne sont quasi disponibles, soit le double de la dette de l’État.
- Les Français se trouvent en tête de liste des plus gros épargnants dans le monde. Ils dépassent les Japonais en épargnant 19% de leurs revenus disponibles.
Alors que la pression des prélèvements obligatoires avoisine les 50% du PIB, il n’est pas étonnant qu’il ne reste quasiment plus rien pour dépenser. En fait, l’épargne française reflète la peur et l’inquiétude à propos de l’avenir, des enfants et de la retraite.
C’est probablement que ce qui a sauvé la France d’une baisse de sa note. En effet, Moody’s maintient la note Aa2, pour Fitch c’est AA-. Les notes auraient dû baisser compte tenu de la dégradation de la situation des finances publiques.
L’épargne disponible des Français attise les convoitises
Les Français affichent une addiction particulière pour l’épargne de précaution :
- Les deux tiers de leurs économies, soit 4 000 milliards d’euros, dorment sur des comptes bancaires très liquides et non rémunérés (comptes courants) ou sont placées en épargne réglementée, peu rémunérée et disponible (livret d’épargne, assurance vie).
- Un tiers de leurs réserves, soit 2 000 milliards d’euros, est tourné vers l’investissement en bourse ou en fonds propres d’entreprise. Si cette épargne est beaucoup plus rémunératrice, elle est moins disponible et risquée.
Cette épargne considérable constitue une garantie à tous ceux qui accordent un prêt à l’Etat français qui n’hésite pas à en tirer profit. D’un autre côté, la partie de l’épargne la plus importante et la plus liquide suscite l’intérêt de beaucoup d’acteurs. Non rémunérée ou très faiblement, cette réserve peut, par exemple, financer l’économie ou les retraites.
Trois grands types d’acteurs cherchent à profiter de cette manne
La perspective de tirer avantage de ce trésor ne peut que susciter l’intérêt de trois protagonistes que sont :
- Les organismes d’épargne et les banques : puisque leurs rendements sont faibles, elles cherchent à améliorer leurs marges en entrant massivement sur le marché plus rentable des particuliers. Lorsqu’elles auront augmenté leur collecte, elles pourront accroître leur capacité à prêter.
- Les sociétés d’assurance vie : puisque les encours se sont affaiblis suite à leurs faibles rendements, elles veulent créer des produits financiers qui serviront à financer l’économie.
- L’État et les collectivités locales qui voient une réserve considérable de financement dans l’épargne française. Les actuels techniciens de Bercy songent à un impôt à taux faible, mais qui rapporterait énormément d’argent en élargissant l’assiette.
Tous les acteurs du marché de l’argent sont aujourd’hui à la recherche du produit miracle qui attirerait l’épargne pour la réinjecter dans le système économique. Mais une telle solution, qui proposerait une belle rémunération, qui serait totalement disponible et dont le risque serait nul ou presque, n’existe pas.
Pour conclure son décryptage, le média déplore l’addiction des Français à l’épargne de précaution qu’il juge aberrante.
Pour faire baisser mécaniquement le taux d’épargne, augmenter le pouvoir d’achat, faire foisonner les projets ainsi que les activités et faire tomber le déficit public, il convient de leur offrir la sécurité et la confiance en l’avenir. Dans ces conditions, la course au trésor serait plutôt vertueuse. Quoi qu’il en soit, cette analyse d’Atlantico est éclairée. Elle met les citoyens et contribuables face à la question : laisseront-ils l’État prendre leur argent ?