La Suisse, reconnue mondialement pour son horlogerie de précision et ses paysages de montagne, est en passe de devenir également célèbre pour ses avancées dans le domaine des crypto-monnaies. La création de la « Crypto Valley », un écosystème dense d’entreprises de technologie blockchain, positionne dors et déjà la Suisse comme un pionnier potentiel dans la digitalisation monétaire.
Lugano : seconde Crypto Valley de Suisse ?
La Suisse jouit en effet d’une solide réputation dans le domaine de la crypto-monnaie et de la blockchain, grâce à la célèbre « Crypto Valley » dans la région de Zug et Zurich. Mais Lugano espère maintenant devenir la seconde « Crypto Valley » du pays grâce à son nouvel incubateur dédié aux technologies blockchain et Web3.
La municipalité de la ville, avec le soutien de la Fondation Dfinity et de plusieurs instituts de recherche, initie un incubateur visant à attirer les startups Web3 les plus prometteuses. Offrant un financement en tokens ICP jusqu’à 85 000 dollars, ainsi qu’un soutien sur-mesure, la ville aspire à édifier un écosystème ultra-stimulant pour les projets cryptographiques en Suisse, dans l’objectif de concrétiser les initiatives les plus innovantes liées à la blockchain.
Le comité de sélection, composé d’experts de Dfinity, de la ville et des instituts locaux, a pour mission d’attirer les meilleurs profils de startups blockchain. Les projets sélectionnés bénéficieront d’un mentorat personnalisé, incluant des ateliers et des échanges stimulants pour les aider à réaliser leurs ambitions Web3 au cœur de la Suisse, favorable à la crypto.
Avec ses nombreux atouts, allant de la qualité de vie à la stabilité politique et aux avantages fiscaux, Lugano possède de solides arguments pour devenir LA destination blockchain et crypto en Suisse. Son incubateur à la pointe pourrait susciter l’intérêt et attirer les plus beaux joyaux crypto de Web3.
Le pari est audacieux ! Mais la municipalité ne lésine pas sur les ressources pour donner toutes les chances de succès à son incubateur dédié à la blockchain. Avec 1 million de dollars disponibles et l’expertise de Dfinity en infrastructures décentralisées, le potentiel est réel pour engendrer une nouvelle génération de startups blockchain à Lugano, au cœur de la Suisse accueillante pour la crypto.
La ville suisse-italienne entend clairement surfer sur la vague Web3 et crypto. Elle souhaite placer la technologie blockchain au cœur de sa stratégie de développement économique. En devenant une terre d’accueil pour les projets blockchain les plus innovants, Lugano pourrait affirmer son statut de ville à la pointe des dernières innovations crypto.
Avec le lancement de cet incubateur dédié à la crypto et à la blockchain, la ville de Lugano fait un pas décisif pour attirer les créateurs de startups Web3 du monde entier. Le pari n’est pas sans risques, mais la municipalité suisse met tous les atouts de son côté pour créer à Lugano l’écosystème idéal, permettant aux projets blockchain les plus prometteurs de prospérer.
Les institutions suisses à l’écoute du potentiel réformateur de la blockchain
Grégoire Bordier, président de l’Association des banques privées suisses, souligne l’impact transformationnel de la blockchain : « La blockchain va fondamentalement transformer notre activité. » En intégrant les technologies de registres distribués (Distributed Ledger Technology ou DLT), les institutions financières espèrent automatiser des processus tels que le traitement des transactions, tout en explorant de nouvelles opportunités commerciales.
Alors que le Bitcoin et d’autres cryptomonnaies décentralisées ont modifié la conception traditionnelle de l’argent, provoquant un reformatage des régulations pour prévenir des risques tels que le blanchiment d’argent, la Suisse explore maintenant elle aussi les Central Bank Digital Currencies (monnaies numériques de banques centrales). La Banque nationale suisse (BNS) est actuellement en phase de test avec les CBDCs, en collaboration avec d’autres banques centrales.
Ce projet pourrait transformer le secteur financier Suise mais il soulève également des préoccupations en termes de surveillance et de privacy. Patrick Schueffel, professeur à la Haute école de gestion de Fribourg, met en garde contre les dangers potentiels des CBDCs qui pourraient, dans le pire des cas, être utilisés par des régimes autoritaires pour surveiller et contrôler financièrement les citoyens.
En réponse aux inquiétudes concernant le remplacement de l’argent liquide, le Mouvement suisse pour la liberté a proposé une initiative pour garantir le droit de payer en espèces, illustrant la méfiance envers une digitalisation complète de la monnaie et l’attachement des Suises à leur liberté financière et aux libertés individuelles.
Face à l’hésitation concernant un franc numérique, des initiatives privées telles que Swiss Stablecoin, cofondée par l’ancienne conseillère nationale Pascale Bruderer, cherchent à combler le vide avec des stablecoins garantis par des francs suisses. Ces stablecoins aspirent à réduire les risques et augmenter l’efficacité sans compromettre la stabilité monétaire.
La transition vers une économie plus numérisée en Suisse semble inévitable. Entre la modernisation des transactions financières et les défis de la protection des données personnelles, la Suisse a choisi de naviguer entre innovation et prudence.
Bitcoin bientôt dans les caisses de la Banque Nationale Suisse ?
Une initiative portée par Yves Bennaïm, figure emblématique de la communauté Bitcoin locale suisse, vise à modifier la constitution pour contraindre la Banque Nationale Suisse (BNS) à intégrer le Bitcoin dans ses réserves monétaires, une proposition qui s’alignerait avec l’or déjà présent sous ces mêmes réserves.
Cette proposition, qui a déjà commencé à circuler sous forme de pétitions nécessitant 100,000 signatures valides pour déclencher un référendum national, le pouvoir de la démocratie directe, pourrait redéfinir la politique monétaire suisse. La modification suggérée à la constitution est succincte mais de grande portée : elle vise à ajouter le terme « et Bitcoin » à la clause qui oblige actuellement la BNS à « constituer des réserves monétaires suffisantes, une partie de ces réserves devant être en or ».
Yves Bennaïm et ses co-initiateurs, notamment Luzius Meisser, président de la division de gestion des actifs chez Bitcoin Suisse, argumentent que l’ajout de Bitcoin renforcerait l’indépendance financière de la Suisse, loin des influences des grandes banques centrales comme la Banque Centrale Européenne. Selon Meisser, qui présentera cette idée lors de l’assemblée générale annuelle de la BNS, « le Bitcoin est plus robuste sur le long terme que les investissements en euros et en dollars, qui sont susceptibles à des pressions inflationnistes pouvant dévaluer les investissements de la BNS ».
Les défenseurs de cette initiative soutiennent que le Bitcoin pourrait servir de déclaration d’indépendance financière de la Suisse et de protection contre les instabilités économiques mondiales. Leon Curti, chef de la recherche chez Digital Asset Solutions, note que la classification du Bitcoin comme une marchandise par la Securities and Exchange Commission des États-Unis est une légitimation qui pourrait faciliter la transition de la BNS pour l’inclure dans ses réserves.
Du côté académique, le Professeur Gunther Schnabl de l’Université de Leipzig appuie cette notion, en mettant en avant le fait que les actifs de réserve traditionnels sont devenus précaires, notamment avec l’augmentation des dettes gouvernementales qui soulève le risque de défaut.
Malgré les avantages proclamés, des critiques persistent, surtout concernant la volatilité historique du Bitcoin et les incertitudes réglementaires entourant les monnaies numériques. Ces caractéristiques pourraient mal s’accorder avec les stratégies conservatrices traditionnellement employées par les banques centrales nationales.
Luzius Meisser estime cependant qu’une stratégie d’achat agressive aurait pu enrichir considérablement les réserves suisses, citant une appréciation potentielle des prix du Bitcoin qui aurait pu rendre la Suisse plus riche de près de 30 milliards de francs suisses (environ 32,9 milliards de dollars).
Il y a deux ans, Thomas Jordan, alors président de la BNS, avait rejeté une proposition similaire, affirmant que le Bitcoin ne répondait pas aux exigences des réserves monétaires « du point de vue actuel ». Aucune déclaration récente de la BNS ne suggère un changement de position, malgré l’évolution du paysage réglementaire et économique.
Mais avec la préparation pour l’assemblée générale annuelle de la BNS, tous les regards sont tournés vers la manière dont elle abordera cette proposition sans précédent. Si ce référendum réussit, cela pourrait impacter la stratégie financière de la Suisse et servir de jalon pour d’autres nations.
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