L’Union européenne (UE) a récemment adopté des règles visant à créer un « portefeuille numérique unifié » pour ses citoyens, englobant paiements, identité, santé et autres services. Ce projet est présenté comme une alternative aux solutions dominantes telles qu’Apple Pay et Google Pay, avec l’ambition de renforcer la souveraineté numérique européenne. Cependant, une analyse critique révèle des préoccupations majeures quant à l’efficacité de ce projet et aux risques potentiels pour les libertés individuelles.
Une centralisation inquiétante des données personnelles
Sachez tout d’abord que le projet de portefeuille numérique européen implique la centralisation d’une multitude de données sensibles, allant des informations d’identité aux dossiers de santé en passant par les transactions financières. Confier une telle quantité d’informations à une seule entité, en l’occurrence l’UE, soulève des questions sur la sécurité de ces données et sur la protection de la vie privée. L’histoire a également montré que la centralisation excessive des données peut mener à des dérives, notamment en matière de surveillance étatique.
Une surveillance accrue sous couvert de commodité
Bien que l’UE assure que les utilisateurs auront un contrôle total sur leurs données, la réalité pourrait être différente.
L’intégration de multiples services dans un seul portefeuille numérique offre une opportunité sans précédent pour le suivi des activités individuelles. Chaque transaction, chaque interaction pourrait être potentiellement surveillée, créant un environnement propice à la surveillance de masse. Cette concentration d’informations entre les mains des autorités européennes pourrait être utilisée pour surveiller et contrôler les citoyens sous prétexte de sécurité ou d’efficacité administrative. En bref, il n’y aurait qu’un pas vers la mise en œuvre du fameux système de crédit social.
Des vulnérabilités technologiques et des risques de sécurité
La mise en place d’un portefeuille numérique unifié à l’échelle européenne pose également des défis technologiques considérables. Les systèmes centralisés sont des cibles privilégiées pour les cyberattaques. Une faille de sécurité pourrait exposer les données personnelles de millions de citoyens, avec des conséquences potentiellement désastreuses. De plus, l’UE n’a pas démontré une expertise technologique comparable à celle des géants de la Silicon Valley, ce qui soulève des doutes sur sa capacité à développer et maintenir un système aussi complexe et sécurisé.
En effet, les failles de sécurité entraînant la divulgation non autorisée de données personnelles sensibles sont de plus en plus fréquentes, et les conséquences peuvent être dramatiques pour les individus. Des affaires comme celle de Facebook, où des millions d’utilisateurs ont vu leurs données compromises par des fuites liées à des pratiques douteuses d’entreprises tierces (comme Cambridge Analytica), ont exposé les vulnérabilités des géants du numérique. Mais les scandales ne se limitent pas à cette seule entreprise : des fuites massives de données ont également touché des services de santé, des applications bancaires et des plateformes de commerce en ligne. Ces événements démontrent clairement l’incapacité des grandes entreprises à protéger nos informations personnelles, ouvrant la voie à des usages malveillants, du vol d’identité à des tentatives de fraude. Le risque de fuites massives de données reste une menace constante, d’autant plus pertinente dans un contexte où de plus en plus de services numériques centralisent ces informations.
Une concurrence déloyale et des motivations cachées
La décision de l’UE de développer son propre portefeuille numérique peut aussi être perçue comme une tentative de contrôler le marché des paiements numériques en Europe, au détriment des solutions existantes comme comme Apple Pay et Google Pay. Plutôt que de promouvoir une concurrence équitable, l’UE pourrait souhaiter imposer une solution unique, limitant ainsi le choix des consommateurs et entravant l’innovation, se retrouvant de fait en situation de monopole. Mais cette approche pourrait également masquer des intentions moins avouables, telles que l’expansion du contrôle gouvernemental sur les transactions financières des citoyens.
Quelle place pour les libertés civiles ?
L’adoption d’un portefeuille numérique unifié par l’UE pourrait avoir des conséquences irréversibles sur les libertés civiles. La capacité de surveiller et de contrôler les transactions financières, les déplacements et même l’accès aux services de santé pourrait être utilisée pour restreindre les libertés individuelles. Dans des mains malveillantes, un tel outil pourrait servir à des fins de répression politique ou sociale, en ciblant des individus ou des groupes spécifiques.
Bien que le projet de portefeuille numérique européen soit présenté comme une avancée vers la souveraineté numérique et la protection des données des citoyens, il comporte de réels risques pour la vie privée et les libertés individuelles. La centralisation des données, les vulnérabilités technologiques et le potentiel de surveillance accrue sont autant de facteurs qui devraient inciter à la prudence.
Quelles seront les fonctionnalités du futur portefeuille numérique ?
L’Union européenne a détaillé les fonctionnalités prévues pour ce nouveau portefeuille sur le site officiel du projet :
- Carte d’identité ;
- Permis de conduire ;
- Paiement simplifié en ligne ;
- Ouverture de compte en banque ;
- Stockage des diplômes ;
- Stockage des prescriptions ;
- Stockage de la Carte européenne d’assurance maladie ;
- Achat d’un forfait mobile simplifié depuis le smartphone ;
- Signature de contrat à l’aide du portefeuille ;
- Stockage des billets de train, avion et réservation d’hôtel.
Avec toutes ces informations centralisées, le portefeuille numérique facilitera non seulement les démarches administratives à l’étranger, comme la location d’un véhicule ou la vérification de l’âge, mais il pourrait aussi permettre un suivi en temps réel des déplacements et des activités des utilisateurs. Par exemple, en liant des données personnelles à des services de transport ou de réservation, il devient possible de tracer les habitudes de consommation ou même de restreindre l’accès à certains services en fonction de critères politiques ou sociaux. Cette centralisation ouvre ainsi la porte à une potentielle surveillance intrusive des citoyens.
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