Dans un monde financier en constante évolution, le géant bancaire Crédit Agricole, via sa filiale CACEIS, se lance dans l’arène crypto. CACEIS, est la filiale de gestion d’actifs du Crédit Agricole et de Banco Santander, spécialisée dans la fourniture de services financiers aux investisseurs.
PSAN : CACEIS obtient le statut de prestataire de services sur actifs numériques
Selon le site web de l’Autorité des Marchés Financiers (AMF), CACEIS a reçu une autorisation pour fournir des services de garde de crypto-monnaies. Cette démarche s’inscrit dans le cadre d’une tendance générale et mondiale d’institutions financières à entrer sur le marché des crypto-monnaies à l’image en France de Societe Generale’s Forge et AXA Investment Managers.
CACEIS, qui compte parmi ses clients des gestionnaires d’actifs tels que les assureurs, les fonds de pension et les sociétés de capital-investissement, a été autorisé par l’AMF le mardi 20 juin. Ce statut réglementaire, convoité depuis 2021, place désormais la banque au cœur de l’une des structures réglementaires les plus avancées d’Europe en matière de crypto-monnaies. Cette nouvelle donne arrive à un moment où l’Union Européenne se prépare à imposer de nouvelles règles de licence pour les crypto-monnaies, connues sous le nom de MiCA, à partir de 2024.
Finance Traditionnelle (FinTrad) et attrait pour la crypto
Au-delà de CACEIS, plusieurs autres institutions financières traditionnelles ont montré un intérêt accru pour le secteur des crypto-monnaies. Deutsche Bank a en effet annoncé plus tôt cette semaine qu’elle cherchait à obtenir une licence pour la garde de crypto-monnaies en Allemagne. Par ailleurs, BlackRock, le plus grand gestionnaire d’actifs au monde, a déposé la semaine dernière une demande pour gérer un fonds négocié en bourse lié au prix du Bitcoin (BTC).
Lire notre article : Est-on en train d’assister à une prise de contrôle de la crypto par la finance traditionnelle ?
Malgré cet engouement croissant pour les actifs numériques, la Banque Centrale Européenne (BCE) a appelé les banques à maintenir des niveaux élevés de capital de réserve pour les actifs qu’elle juge risqués. Cependant, une enquête publiée par le régulateur en février a révélé que les activités et expositions liées aux crypto-monnaies étaient « insignifiantes ».
Dans le même temps, l’AMF française, l’autorité de surveillance des marchés, a exprimé son plein soutien à une régulation coordonnée et transparente au niveau mondial dans le domaine de la finance décentralisée (DeFi). Selon les dire de son représentant, cela viserai à protéger les utilisateurs tout en favorisant la croissance de ce secteur nouveau et innovant. Le document publié par l’AMF lundi dernier met l’accent sur les protocoles de trading décentralisés et les mécanismes liés à la gouvernance.
Des attaques coordonnées envers les acteurs du secteur crypto
Cependant, tout n’est pas rose dans l’écosystème des crypto-monnaies.
L’euphorie qui gagne actuellement la finance traditionnelle autour de la crypto semble se faire au détriment des acteurs historiques qui sont à l’origine du développement du secteur. En effet, nous assistons depuis plusieurs semaines à un déferlement d’attaques coordonnées contre les plus grosses bourses crypto, à l’image de Binance qui perd des parts de marché chaque jour qui passe, et contre les plus grosses crypto-monnaies à l’image de Cardano (ADA), Solana (SOL), BNB ou Polygon (MATIC) accusée par la SEC (Securities and Exchange Commission) américaine d’être considérés comme des titres non enregistrés.
Binance, la plus grande bourse de crypto-monnaies au monde, fait actuellement l’objet d’une enquête des autorités françaises pour avoir prétendument fourni des services illégalement avant d’obtenir son approbation officielle grâce à l’enregistrement de l’Autorité des marchés financiers (AMF) en tant que prestataire de services sur actifs numériques (PSAN) en 2022. Ce qui est un non-sens total car comment l’AMF valide t-elle ses dossiers si ce n’est par l’étude méticuleuse des activités des candidats avant leur enregistrement ?
Une guerre sans merci est donc en train de se dérouler sous nos yeux avec d’un côté les acteurs fondateurs de l’industrie crypto, et de l’autre les institutions financières traditionnelles soutenues par les régulateurs cherchant à encadrer ce nouveau terrain de jeu financier. La reconnaissance de CACEIS par l’AMF pour fournir des services de garde de crypto-monnaies marque un tournant significatif pour le secteur bancaire traditionnel. Non seulement elle souligne l’acceptation croissante des actifs numériques, mais elle illustre également comment “big money” compte s’emparer de grosses parts de marché dans le secteur crypto.