Face à une régulation accrue des échanges de crypto-monnaies aux États-Unis, les géants du secteur, comme Binance et Coinbase, expriment leur frustration et envisagent des options alternatives comme la délocatisation de leurs branches américaines. Cette situation survient dans le sillage du démantèlement de FTX, une des plus importantes plateformes d’échange crypto en ligne, et des mesures strictes prises par l’administration Biden et le parti démocrate.
Binance et Coinbase sur le point de quitter les USA ?
Binance, leader mondial des plateformes d’échange de crypto-monnaies, critique ouvertement la politique de contrôle renforcée de l’administration Biden sur le secteur. En réponse à cette pression, Brian Armstrong, PDG de Coinbase, a quant à lui suggéré la possibilité de relocaliser la société hors des États-Unis, avec le Royaume-Uni comme option envisagée.
Patrick Hillmann, le directeur stratégique de Binance, a déclaré que les conditions actuelles rendaient très difficile la conduite des affaires aux États-Unis. Malgré cela, il a affirmé que Binance ferait « tout ce qui est en son pouvoir » pour obtenir l’approbation réglementaire au Royaume-Uni. Hillmann, s’exprimant lors du sommet sur les cryptomonnaies et les actifs numériques du Financial Times, a observé un « pivot réglementaire … aux États-Unis ». Il a prédit que les autorités américaines devraient inverser leur approche si les investissements se déplacent vers l’Europe suite à l’introduction de l’ensemble de règles « Mica » de l’UE sur les cryptomonnaies.
Les deux géants des cryptos sous la menace des régulateurs américains ?
En outre, la Securities and Exchange Commission (SEC) américaine a menacé de poursuivre Coinbase. La Commodity Futures Trading Commission (CFTC) a également poursuivi Binance et son PDG Changpeng Zhao, pour avoir opéré illégalement dans le pays. Binance fait aussi l’objet d’une enquête du département de la Justice américain.
Par ailleurs, Binance cherche à restaurer ses relations avec les régulateurs au Royaume-Uni après que l’Autorité de conduite financière (FCA) a interdit à une filiale de l’entreprise d’opérer dans le pays. La compagnie a récemment été abandonnée par son partenaire de paiement, qui a jugé l’environnement réglementaire « trop difficile ». La FCA avait exprimé des préoccupations concernant le partenariat de Binance avec Paysafe, son fournisseur de paiements.
Une guerre intense contre les cryptos ?
La guerre contre l’industrie crypto semble donc s’intensifier dans la sphère politique mondiale et plus particulièrement américaine. Le parti démocrate américain, soutenant Gary Gensler, président de la SEC, préconise un contrôle total de l’industrie. Les démocrates du comité financier de la Chambre des représentants ont reçu des directives pour soutenir Gensler dans sa lutte contre la criminalité crypto et pour protéger les investisseurs et les consommateurs. Selon un mémo révélé par Eleanor Terrett de Fox Business, la volonté des démocrates de dominer le secteur est claire, Gensler étant le fer de lance de cette initiative.
Le mémo contenait des messages clés pour les membres du comité démocrate. Il soulignait notamment que, bien que les républicains prétendent vouloir clarifier les marchés en laissant de la place aux cryptomonnaies, ils nuisent simultanément à l’agence et la sapent en proposant de réduire son budget. Il semble que les républicains du comité envisagent de tenter de faire passer une législation favorable aux crypto-monnaies avant la fin du mois de juin.
En outre, le mémo déclarait clairement que Gary Gensler est le général de cette guerre. Les membres du comité ont été invités à louer Gensler pour avoir constitué « l’équipe d’application la plus forte à ce jour » pour « réprimer les criminels de la crypto et protéger les investisseurs et les consommateurs des préjudices ».
La résistance ne vient pas uniquement du parti républicain. Les démocrates du comité ont également reçu pour instruction de nier l’existence d’une « guerre de territoires », car « personne ne se bat ». Selon le mémo, la SEC et la CFTC s’accordent pour dire que la SEC est l’autorité de régulation qui détermine si les cryptomonnaies sont des valeurs mobilières. Et la SEC a déjà clairement indiqué par le passé que « presque tous les actifs cryptos sont des valeurs mobilières. Fin de l’histoire. »
De plus, selon le mémo, l’ambiguïté réglementaire n’est pas le problème, mais plutôt « la non-conformité massive aux lois existantes« . Il ajoute : « Nous ne pouvons pas inventer de nouvelles structures réglementaires accommodantes simplement parce que les entreprises de crypto-monnaies refusent de respecter des règles claires. »
Les républicains viennent en aide au secteur des cryptos ?
En réponse à cette pression, les républicains américains défendent l’industrie. Patrick McHenry, président du comité des services financiers de la Chambre, et Bill Huizenga, président du sous-comité de surveillance et d’enquêtes, ont rédigé une lettre conjointe à Gensler exigeant que son agence publie des documents internes ainsi que des communications avec Sam Bankman-Fried. Les républicains estiment que Gensler a manqué à ses devoirs de régulateur en politisant une agence censée protéger les investisseurs des escroqueries.
En somme, la réglementation accrue des cryptomonnaies aux États-Unis pourrait avoir des conséquences à court et à long terme. À court terme, le gouvernement américain pourrait bénéficier de cette répression en limitant les risques potentiels associés à l’industrie des cryptomonnaies et en protégeant son système financier. Cependant, ces mesures risquent de pousser l’industrie crypto à innover et à se délocaliser à l’étranger, ce qui pourrait faire perdre aux États-Unis les bénéfices économiques potentiels d’un écosystème crypto florissant.
Une avancée de plus vers la dédollarisation ?
À long terme, cela pourrait également contribuer à l’affaiblissement du dollar américain face à des monnaies numériques alternatives comme Bitcoin, à mesure que l’industrie crypto continue de croître et de prendre de l’ampleur dans d’autres pays. La question demeure ouverte : est-ce que cette pression réglementaire accrue est le signe d’une répression durable de la part des gouvernements ou simplement une phase d’adaptation à un nouveau paysage financier mondial ?
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