L’élection présidentielle américaine de 2024 se profile à l’horizon et, pour la première fois dans l’histoire politique des États-Unis, la crypto s’impose comme un enjeu électoral majeur.
Les récentes décisions législatives et les déclarations de certains leaders politiques indiquent que les électeurs intéressés par la crypto ont le potentiel de façonner les résultats de cette élection cruciale.
Cette influence croissante de la crypto au sein de la politique étasunienne est en partie due à une prise de conscience collective de la société américaine qui voit en Bitcoin et en la crypto un moyen de reconquérir un certain pouvoir et donc une certaine liberté.
L’émergence des votants crypto
La reconnaissance de la crypto comme une question politique de premier plan est une nouveauté dans le paysage électoral américain. En mai 2024, le Congrès américain a voté en faveur de deux législations pro-crypto après des années de blocage politique. Ce changement d’attitude peut être attribué à la pression des électeurs et à une claire considération de l’impact électoral potentiel des votants crypto.
Les analystes politiques ne se demandent plus si les électeurs crypto pourraient influencer l’élection présidentielle de novembre, mais plutôt comment ils le feront. L’adoption rapide de la législation pro-crypto, combinée à l’approbation des ETF Bitcoin et Ether et à la pression mise par Donald Trump, désormais pro-crypto, suggère que les votants crypto ont déjà commencé à remodeler les stratégies électorales de 2024.
Les votants crypto constituent désormais une force électorale établie qui pourrait influencer les résultats des élections présidentielles ainsi que ceux des élections législatives. Un sondage réalisé par le Digital Currency Group a révélé qu’un quart des électeurs des États clés considèrent la cryptomonnaie comme un facteur important dans leur vote. Les jeunes électeurs et les minorités, des groupes démographiques clés, montrent un intérêt croissant pour les actifs numériques et ce sentiment est en train de s’amplifier.
Un changement de ton bipartisan
Le 16 mai, une coalition bipartisane de 60 sénateurs a voté pour annuler une règle de la SEC, connue sous le nom de SAB-121, qui rendait difficile pour les banques de détenir des cryptomonnaies pour leurs clients. Cette décision a pris de court les observateurs, qui ne s’attendaient pas à une telle défection parmi les démocrates face à la menace de veto du président Joe Biden.
Senator Cynthia Lummis, une républicaine du Wyoming et défenseure de longue date de l’industrie crypto, a exprimé sa surprise quant à la force du vote bipartisane et a suggéré que la Maison Blanche pourrait devoir reconsidérer sa menace de veto. Cette évolution législative aux Etats Unis indique une volonté croissante parmi les législateurs de trouver un terrain d’entente sur la réglementation des crypto-monnaies.
Dans la foulée de ce vote historique, la Chambre des représentants a adopté le Financial Innovation and Technology for the 21st Century Act (FIT21), une législation permettant aux projets crypto de certifier leurs jetons comme des commodités, les retirant ainsi de la juridiction de la SEC et les plaçant sous celle de la Commodity Futures Trading Commission.
Ces développements ont surpris, étant donné que, jusqu’à récemment, les démocrates s’opposaient fermement à toute législation spécifique sur les cryptomonnaies. La Maison Blanche et des figures démocrates influentes comme la sénatrice Elizabeth Warren ainsi que la représentante Maxine Waters ont bien sur exprimé leur opposition. Mais la pression politique croissante a forcé un changement de position, suggérant que les démocrates entendent désormais un peu mieux les préoccupations de leurs électeurs.
Les répercussions politiques
Les derniers revirements des démocrates sur la question crypto ont de fortes répercussions. Citons en exemple l’entrepreneur milliardaire Mark Cuban, soutien de Biden en 2020, qui a critiqué la gestion de la cryptomonnaie par la SEC et a mis en garde contre les conséquences électorales. De même, Anthony Scaramucci, ancien secrétaire de presse de la Maison Blanche sous Trump, a décrit la menace de veto de Biden comme une erreur anti-crypto qui pourrait coûter cher à l’administration démocrate actuelle.
En réponse, les démocrates semblent réévaluer leur position. La récente approbation des ETF Ether par la SEC pourrait bien être une tentative de l’administration Biden de récupérer des voix parmi les électeurs crypto. Cathie Wood, PDG d’ARK Invest, a suggéré que cette décision soudaine reflète la prise de conscience que la crypto est devenue une question électorale clé.
L’approche libertarienne de Donald Trump
De l’autre côté de l’échiquier politique, l’ancien président Donald Trump a modifié sa position sur les cryptomonnaies, les qualifiant de potentielles sources de soutien électoral.
Trump a promis de construire une « armée pro-crypto » et de soutenir le droit à la self-custody pour les 50 millions de détenteurs de cryptomonnaies aux États-Unis. Il a également promis de commuer la peine de Ross Ulbricht, fondateur de Silk Road, un geste symbolique pour certains partisans de la crypto.
Ross Ulbricht est souvent considéré comme un symbole de liberté par certains en raison de son rôle dans la création et la gestion de Silk Road, un marché en ligne anonyme qui utilisait Bitcoin pour permettre des transactions sans surveillance gouvernementale. Ses partisans voient en lui un défenseur de la vie privée, de la liberté économique et de la liberté d’expression sur Internet. Ils estiment que sa condamnation à perpétuité sans possibilité de libération conditionnelle pour des crimes non violents illustre une injustice et une réponse excessive de la part des autorités. Pour eux, Ulbricht incarne la lutte contre un système judiciaire perçu comme oppressif et la quête de droits individuels dans un monde de plus en plus surveillé.
Des enjeux électoraux clairement identifiés
Les récentes enquêtes confirment que les électeurs favorables à la crypto peuvent effectivement influencer l’élection présidentielle.
Un sondage de Harris Poll a révélé qu’un électeur sur trois considère la position d’un candidat sur la crypto comme importante, et 77 % estiment que les candidats devraient avoir une perspective informée sur les cryptomonnaies.
Le soutien pour la crypto transcende les lignes partisanes traditionnelles. La preuve, un récent sondage national de Paradigm a montré que :
- 24 % des indépendants ont acheté de la crypto à un moment donné,
- y compris 31 % des électeurs minoritaires
- et 29 % des jeunes de 18 à 34 ans, des groupes qui penchent généralement à gauche.
Ces chiffres montrent que l’adoption de la crypto à la fois par les démocrates et à la fois par les républicains pourrait jouer un rôle crucial dans l’élection de 2024.
Le pouvoir au peuple et par le peuple
La cryptomonnaie est devenue un enjeu électoral majeur aux États-Unis, capable d’influencer les résultats des élections présidentielles et législatives parce qu’elles redonnent du pouvoir et de la liberté aux citoyens en réinventant la manière dont les transactions financières sont effectuées.
En utilisant des technologies décentralisées comme la blockchain, les crypto-monnaies permettent aux individus de gérer directement leurs finances sans l’intervention d’intermédiaires tels que les banques et les gouvernements. Les crypto-monnaies redonnent du pouvoir aux citoyens en leur offrant une autonomie financière accrue, une protection contre l’inflation et la dévaluation, et une liberté transactionnelle qui transcende les courants partisans et les régulations traditionnelles.
Que ce soit par l’adoption de législations favorables ou par des promesses électorales, les candidats devront naviguer habilement dans le paysage complexe de la crypto pour gagner le soutien des électeurs en novembre prochain.
Investir comporte des risques de perte en capital. Faites vos propres recherches. Il ne s’agit pas de conseils en investissement.