Lors de la Hong Kong Fintech Week qui s’est tenue cette semaine dans la mythique ville asiatique, Charles D’Haussy, le CEO de la dYdX Foundation a expliqué au magazine Coindesk qu’il voyait un parallèle entre la finance décentralisée (DeFi) et l’internet des années 1990. Selon lui, la DeFi (Decentralised Finance) traverse une phase similaire à celle de l’internet avant son explosion, où il offrait un espace ouvert et peu régulé, mais où des « jardins clos » commençaient à émerger. La maturation de la DeFi pourrait amener ce secteur à intégrer des zones réglementées, en créant ainsi des opportunités pour les investisseurs, tout comme cela a été le cas avec l’internet à l’aube du XXIe siècle.
L’internet des années 1990 : un monde naissant et décentralisé
L’internet des années 1990 était un espace encore largement inconnu, où des passionnés, des universitaires et des entreprises pionnières expérimentaient sans contrainte majeure. À cette époque, aucune autorité centrale ne contrôlait cet espace numérique, et les lois spécifiques pour le réguler n’étaient pas encore en place. La connectivité était encore limitée, et les utilisateurs se connectaient via des navigateurs web rudimentaires et accédaient à des sites indépendants.
Cette absence de structure claire, bien que porteuse de liberté, apportait aussi quelques contraintes. Les utilisateurs n’avaient pas encore de point d’accès unique, ni de plateformes consolidées. Cette structure éclatée a laissé place progressivement à l’émergence de plateformes dites de « jardins clos » comme AOL ou les services d’Internet fournis par des géants tels que Yahoo, où tout était organisé pour faciliter l’expérience utilisateur, tout en la limitant à un écosystème contrôlé.
La finance décentralisée aujourd’hui : un nouvel écosystème en formation
Tout comme l’internet dans les années 1990, la finance décentralisée se trouve aujourd’hui dans une phase de croissance effervescente. La DeFi est un écosystème qui permet aux utilisateurs d’accéder à des services financiers sans passer par des intermédiaires bancaires classiques. En s’appuyant sur des protocoles basés sur la blockchain, elle offre un accès direct à des services comme le prêt, l’épargne et le trading, sans intervention d’autorité centrale.
Actuellement, des protocoles tels que dYdX, qui est spécialisé dans les produits dérivés et les prêts, attirent des centaines de millions de dollars de valeurs verrouillées (TVL), ce qui témoigne de l’attrait de la DeFi pour les utilisateurs cherchant une alternative aux institutions financières classiques.
Cependant, la DeFi reste encore fragmentée, avec de multiples plateformes et peu de régulation standardisée. Tout comme les premiers jours de l’internet, ce manque de cadre peut également retarder son adoption massive, car les nouveaux utilisateurs peuvent se sentir perdus et hésiter à s’y aventurer.
L’émergence des « jardins clos » dans la defi
Charles D’Haussy prévoit que la DeFi pourrait bientôt connaître son moment de « jardin clos », où des espaces régulés et centralisés s’intégreraient dans l’écosystème. Selon lui, tout comme les gens ont migré des navigateurs web vers des applications pour une expérience plus sécurisée et conviviale, la DeFi pourrait également adopter des plateformes centralisées pour attirer une clientèle plus large.
Ces « jardins clos » dans la DeFi pourraient se matérialiser à travers des plateformes centralisées qui permettent d’accéder à des services de finance décentralisée tout en respectant des normes réglementaires strictes. Par exemple, une bourse centralisée comme Binance pourrait proposer des options de wallets non-custodial intégrés, permettant aux utilisateurs de garder le contrôle sur leurs fonds tout en profitant d’une interface sécurisée et simplifiée. De cette manière, les utilisateurs pourraient exploiter les avantages de la DeFi tout en se sentant protégés par des garanties réglementaires.
La régulation : un enjeu clé pour l’évolution de la DeFi
L’un des points centraux soulevés par D’Haussy est la question de la régulation de la DeFi. Dans les années 1990, les gouvernements et les régulateurs se demandaient comment gérer l’internet, cherchant des moyens de contrôler un espace décentralisé. Ils ont finalement ciblé les fournisseurs d’accès, comme AOL, qui servaient de point d’entrée vers le web pour de nombreux utilisateurs. En matière de DeFi, la même question se pose aujourd’hui : il n’y a pas de « PDG de la DeFi » sur qui les régulateurs peuvent se concentrer.
D’Haussy prédit que la régulation de la DeFi ne ciblera pas directement les protocoles décentralisés mais se concentrera plutôt sur les plateformes de finance centralisée (CeFi) qui servent de passerelles. Par exemple, des plateformes comme Coinbase ou Binance, qui facilitent l’accès à des produits DeFi, seront probablement les cibles de nouvelles réglementations visant à assurer une certaine sécurité pour les utilisateurs.
La convergence entre DeFi et CeFi : une opportunité d’avenir
L’avenir de la finance pourrait résider dans une convergence entre la DeFi et la CeFi. La finance centralisée pourrait agir comme un pont pour les utilisateurs en leur fournissant un accès encadré et régulé aux services décentralisés. En effet, de nombreuses institutions financières explorent déjà la possibilité de proposer des produits hybrides qui intègrent des aspects de la DeFi.
Dans ce modèle, les utilisateurs pourraient bénéficier d’une interface sécurisée, semblable à celle des banques traditionnelles, tout en accédant aux services DeFi tels que le prêt ou l’échange de tokens. D’Haussy voit cette transition comme essentielle pour le développement à long terme de la finance décentralisée, car elle permettrait de combler le fossé entre les exigences de conformité et la liberté d’innovation propre à la DeFi.
Pourquoi il n’est pas trop tard pour investir dans la DeFi ?
Comme l’internet dans les années 1990, la DeFi est encore jeune et en pleine expansion, ce qui signifie que des opportunités d’investissement considérables demeurent. Si les années 1990 ont vu des pionniers comme Amazon et Google tirer parti du potentiel de l’internet, la DeFi pourrait également voir émerger des géants et des projets très rentables.
En investissant dans la DeFi aujourd’hui, les investisseurs prennent position dans un secteur où la croissance future est alimentée par l’innovation continue. Par exemple, des plateformes comme dYdX, qui permettent aux utilisateurs d’accéder à des produits financiers sophistiqués sans passer par des banques, témoignent de la puissance de la DeFi pour redéfinir les usages financiers. D’autres projets DeFi axés sur le prêt, comme Aave, ou sur la liquidité, comme Uniswap, sont également des exemples d’innovations qui attirent un nombre croissant d’utilisateurs.
Bien que la DeFi comporte des risques, notamment en raison de la volatilité des cryptomonnaies et de la jeunesse de l’écosystème, son potentiel de rendement reste élevé. À l’instar des investisseurs qui ont cru en l’internet dans ses débuts, ceux qui investissent aujourd’hui dans la DeFi pourraient tirer parti d’une croissance future importante.
L’avènement de la DeFi comme « internet de l’argent » pourrait inaugurer une nouvelle ère dans la finance, où chaque individu a accès à des services financiers sans avoir besoin de banques. En alliant les avantages des applications centralisées à l’innovation décentralisée, DeFi pourrait atteindre un public plus large et instaurer une adoption de masse.
Investir comporte des risques de perte en capital. Faites vos propres recherches. Il ne s’agit pas de conseils en investissement.
