Silicon Valley Bank (SVB) : sa faillite secoue le secteur crypto et l’économie mondiale

Modifié le - Auteur Par Tony L. -
Silicon Valley Bank (SVB) : sa faillite secoue le secteur crypto et l’économie mondiale

Elle s’appelait la Silicon Valley Bank (SVB), mais son action était loin de n’être que locale, et son effondrement a provoqué une onde de choc dans le monde entier et sur le marché des cryptos. 


Suivi de l’information au fil des jours : 

  • First Republic Bank, SVB et Signature Bank sont les trois dernières grosses banques américaines a avoir fait faillite. Leurs actifs dépassent ceux des 25 établissements qui se sont effondrés pendant la crise de 2008. (NYTimes)
  • First Citizens se positionne pour racheter l’intégralité des dépôts et prêts de SVB. La transaction serait de 72Mds$ d’actifs et 17 agences. (CNBC)
  • Certains attribuent la chute de cet établissement bancaire à un vent de panique causé par des entrepreneurs clients de l’établissement sur WhatsApp et Slack. On parle du premier « Swipe Crash« . (L’ADN)
  • Une autre banque fait faillite : Signature Bank. Elle a été fermée par les autorités et elle représentait la deuxième plus grosse banque crypto. C’est la troisième faillite en trois jours : Silvergate Bank, SVB et Signature Bank. (CNBC)
  • Les régulateurs proposent un plan qui protège à 100% les déposants de SVB. Tous les clients de cet établissement auront accès à leurs fonds dès lundi matin. (CNBC)
  • HSBC rachète SVB UK pour protéger les clients. (CNBC)
  • Le CFO de Silicon Valley Bank, Joseph Gentille, n’était autre le CFO de Lehman Brothers … (source SVB)
  • Plus de 300 fonds capital-risque s’engagent à soutenir les startup clientes de SVB. (CNBC)

 

Silicon Vally Bank : faillite de la 16ème banque USA

Le 10 mars, les autorités de régulation américaine ont pris des mesures pour fermer la Silicon Valley Bank, située à Santa Clara, en Californie, et filiale de SVB Financial (NASDAQ:SIVB). Cette fermeture constitue la plus grande faillite bancaire aux États-Unis depuis la crise financière mondiale de 2008. On redoute un nouveau cas : Lehman Brother.  La Silicon Valley Bank était la 16ème plus grande banque du pays, avec plus de 200 milliards de dollars de dépôts.

SVB : Que s’est-il passé et pourquoi cet effondrement ?

Tout d’abord, il ne s’agit pas d’une nouvelle défaillance crypto. La Silicon Valley Bank était une institution respectée, en activité depuis des décennies. Elle semble avoir fait des paris sur des obligations à long terme et des prêts de type capital-risque qui ont mal tourné. Les déposants ont été effrayés et un bank run s’est suivi.

Malgré ses antécédents en matière de stabilité et de conservatisme (elle a survécu à l’effondrement de la bulle Internet et à la crise de 2008), la banque semble avoir eu des problèmes avec des prêts à des sociétés non publiques, des exploitations viticoles, du capital-risque et des investissements dans des bons du Trésor à long terme. Cela a suffi à la faire tomber.

En 2008, le principal facteur qui avait conduit à l’effondrement de nombreuses banques était l’existence de risques interdépendants qui n’étaient pas immédiatement apparents, comme dans le cas des prêts hypothécaires à risque. La situation actuelle est similaire en ce sens que cette banque et d’autres ont pris des positions à risque sur la baisse des taux d’intérêt.

Silicon Valley bank : Les déposants ne sont pas à blâmer

La majorité de leurs clients et déposants étaient des entreprises financées par le capital-risque qui ont reçu des fonds importants grâce à des taux d’intérêt extrêmement bas, et leurs actifs dépendaient largement de la stabilité ou de la baisse de ces taux. La faillite de la Silicon Valley Bank n’est pas un incident isolé, puisqu’une autre banque basée à La Jolla, en Californie, appelée Silvergate Capital (SI), a fait faillite en début de semaine pour des raisons similaires.

Philippe Herlin, économiste et essayiste expert en Bitcoin, pouvoir d’achat et énergie, compare également cet effondrement à ce qu’il s’est passé en Italie récemment :

 

Vous entendrez certainement que SVB a échoué parce qu’elle était la banque de référence pour les entreprises technologiques de la Silicon Valley soutenues par des sociétés de capital-risque, dont la plupart ont une capitalisation douteuse et sont terriblement peu rentables. Oui, la SVB était à l’avant-garde de la technologie et, même si elle n’était pas nécessairement crypto-friendly, elle finançait des fonds spéculatifs crypto et des sociétés de capital-risque comme Blockchain Capital, Castle Island Ventures, Dragonfly et Pantera.

Le secteur bancaire pointé du doigt

Mais SVB n’a pas fait faillite à cause des activités de ses clients. Même si dans la plupart des cas il est logique de critiquer la concentration d’un même type de clients, cela ne s’applique pas ici. Si vous hésitez à blâmer les déposants ou les investisseurs en capital-risque pour avoir déclenché le bank run, tournez plutôt vos regards vers la Silicon Valley Bank et la Réserve fédérale. Tout d’abord, la SVB a mal géré les risques en investissant les dépôts de ses clients dans les mauvais instruments financiers, ce qui a nécessité une levée de fonds. En outre, si la SVB a fait de mauvais paris, la responsabilité de ces mauvais placements incombe également à la Fed, qui a relevé les taux d’intérêt près de 20 fois en un an. Et ironiquement, la tentative de la Fed de lutter contre l’inflation a involontairement conduit à l’effondrement des banques ayant investi de manière significative dans les bons du Trésor.

Enfin, il faut clairement souligner que cette situation n’est pas imputable aux crypto-monnaies. La faillite de la SVB se serait produite quelle que soit la composition des dépôts de la banque. Les décisions de gestion des risques prises par SVB avec les dépôts des clients ont été faites sans tenir compte de la nature des activités des déposants. Tout comme ce n’est pas la faute d’un autre secteur, ce n’est pas la faute des crypto-monnaies.

L’impact de la faillite de la Silicon Valley Bank sur les crypto-monnaies

L’effondrement de la Silicon Valley Bank (SVB) a un impact significatif sur les industries crypto et technologiques du monde entier.

En raison de la fermeture imminente de la SVB, Circle, l’émetteur de l’USD Coin (USDC), a tenté de transférer ses fonds hors de la banque, mais n’a pas pu retirer 3,3 milliards de dollars de ses 40 milliards de dollars de réserves. Cela a conduit à une vente massive de stablecoin et a fait chuter l’USDC en dessous de son niveau de 1 $, entraînant d’autres stablecoins telles que DAI à se détacher (depeg) du dollar.

Circle, dont les réserves de l’USDC sont gérées par des institutions financières américaines de premier plan, dont BlackRock et BNY Mellon, a demandé le maintien de la SVB, affirmant qu’elle est cruciale pour l’économie américaine et qu’elle suivra désormais les conseils des autorités de régulation fédérales et étatiques.

Se voulant rassurant, Circle a annoncé moins de 24H après le drame, qu’il va « soutenir » l’USDC et couvrir le déficit de 3,3 milliards de dollars détenu par la Silicon Valley Bank. Les représentants de l’entreprise ont déclaré qu’ils utiliseraient les ressources de l’entreprise et « des capitaux externes si nécessaire » pour s’assurer que l’USDC soit de nouveau échangeable dans une proportion de 1 pour 1 en dollars américains.

Un depeg définitif de l’USDC entraînerait le secteur crypto et une partie de l’économie dans une nouvelle crise majeure que les régulateurs du monde entier s’empresseraient d’utiliser pour recouvrir les crypto d’une épaisse chape de plomb.

La faillite de la Silicon Valley Bank nous replonge dans l’origine des crypto-monnaies et dans la relecture du fameux livre blanc sur le Bitcoin publié en 2008, quelques semaines seulement après la faillite de Lehman Brothers.

La publication par Satoshi Nakamoto de son désormais célèbre livre blanc, qui a ouvert la voie à l’émergence du réseau Bitcoin, est intervenue environ six semaines après la faillite de Lehman Brothers, qui était à l’époque la quatrième banque d’investissement des États-Unis.

Beaucoup attendent de voir l’impact qu’aura cette faillite sur les marchés financiers et Wall Street à leur ouverture lundi.

Faillites bancaires ? C’est la raison pour laquelle Bitcoin a été créé, nous rappelle la communauté crypto.

En relation : Comment donner cours légal au Bitcoin ?

Par Tony L.

Passionné de technologie, Tony vous propose des articles et des dossiers exclusifs dans lesquels il partage avec vous le fruit de ses réflexions et de ses investigations dans l'univers de la Blockchain, des Cryptos et de la Tech.

Laisser un commentaire