Crypto : un fossé grandissant entre les États-Unis et l’Europe

Publié le - Auteur Par Tony L. -
Crypto : un fossé grandissant entre les États-Unis et l’Europe

L’industrie des cryptomonnaies et de la blockchain est en plein essor, et les différences entre les États-Unis et l’Union européenne dans leur approche réglementaire et stratégique se creusent de plus en plus. Alors que les États-Unis semblent prêts à transformer ce secteur en un moteur économique et technologique de pointe, l’Europe, elle, s’oriente vers une surveillance accrue, notamment avec l’adoption imminente de règlements stricts comme MiCA et TFR. Cette divergence (baissière!) risque d’avoir des conséquences importantes pour les citoyens européens et pour l’avenir des actifs numériques sur le vieux continent. 

Une administration pro-crypto aux États-Unis

L’élection de Donald Trump pour un second mandat à la présidence des États-Unis, accompagnée d’une majorité républicaine au Congrès, a jeté les bases d’un avenir favorable aux cryptomonnaies. Avec des figures clés comme Bernie Moreno, nouveau président de la commission bancaire du Sénat, et des nominations stratégiques comme Paul Atkins à la tête de la Securities and Exchange Commission (SEC), l’administration Trump semble déterminée à créer un environnement propice à l’innovation.

Bernie Moreno, entrepreneur blockchain et fervent défenseur de l’industrie crypto, a été propulsé à ce poste stratégique après avoir battu le sénateur sortant Sherrod Brown, connu pour son approche conservatrice. Soutenu par le PAC pro-crypto Fairshake, qui a investi 12 millions de dollars dans sa campagne, Moreno incarne un changement de paradigme. Sa promesse de « mener le combat pour défendre l’industrie crypto au Sénat » relève d’une vision où les actifs numériques deviennent un pilier de la stratégie économique des États-Unis.

Mais les nominations ne s’arrêtent pas là. Paul Atkins, connu pour son soutien aux technologies innovantes, prend les rênes de la SEC, et David Sacks a été nommé « tsar » de la crypto et de l’intelligence artificielle. Cette nouvelle structure gouvernementale indique clairement l’intention des États-Unis de devenir leaders dans le secteur, en offrant un environnement juridique solide et clair ainsi que des opportunités pour les investisseurs en conséquence.

Le soutien massif de l’industrie crypto

L’engagement de l’industrie des cryptomonnaies dans cette nouvelle administration est évident. Plusieurs entreprises influentes, comme Kraken, Ripple et Coinbase, ont apporté leur soutien financier à l’investiture de Donald Trump. Ripple, par exemple, a effectué un don de 5 millions de dollars en tokens XRP, marquant ainsi son soutien à une administration perçue comme favorable au secteur.

Kara Calvert, vice-présidente de Coinbase pour les politiques publiques, a déclaré que cette administration pourrait être « la plus favorable à la crypto de l’histoire des États-Unis ». Cet enthousiasme contraste fortement avec l’approche européenne, beaucoup plus axée sur la régulation stricte et le contrôle.

Les entreprises crypto américaines, comme Ondo Finance et MoonPay, participent également à la structuration du paysage politique avec des dons et des partenariats. Cela traduit une détermination d’assurer que leurs intérêts soient représentés et protégés dans ce nouveau cadre en pleine construction.

Une Europe sous le joug de la régulation

De l’autre côté de l’Atlantique, l’Union Européenne poursuit une voie diamétralement opposée. Avec l’entrée en vigueur de MiCA (Markets in Crypto-Assets Regulation) et de TFR (Transfert of Funds Regulation) dès le 30 décembre, les plateformes crypto opérant en Europe devront se conformer à des exigences de surveillance et de transparence extrêmement strictes.

La réglementation TFR impose par exemple aux plateformes d’échanger des informations personnelles lors des transferts d’actifs numériques. Cela inclut les données KYC (Know Your Customer) des utilisateurs, telles que leur nom, prénom et adresse. Les transactions vers des portefeuilles auto-hébergés, comme MetaMask, doivent également être justifiées si leur montant dépasse 1 000 euros. Cette orientation entraîne des interrogations sur la protection des données personnelles et la vie privée, un enjeu qui inquiète de nombreux acteurs du secteur.

Les nouvelles obligations impliquent également des coûts élevés pour les entreprises européennes. Les petites et moyennes plateformes risquent de disparaître ou de migrer vers d’autres juridictions plus accueillantes, laissant ainsi la place aux géants mondiaux. Nicolas Louvet, PDG de Coinhouse, résume bien les défis : « Cette réglementation est dangereuse pour les libertés individuelles et favorise les grandes puissances étrangères. »

Au-delà de ces inquiétudes, des questions techniques se posent. Comment garantir la confidentialité des données dans un environnement où chaque transfert est scruté ? Comment éviter les abus et les piratages dans un écosystème si centralisé ? Autant de vraies questions qui restent sans réponse.

Conséquences pour les citoyens et l’économie

Cette divergence entre les deux continents n’est pas anodine. Alors que les États-Unis attirent les investissements et favorisent l’émergence d’innovations, l’Europe risque de perdre en compétitivité. Les entreprises crypto pourraient préférer opérer dans un environnement américain plus propice, privant ainsi l’Europe d’emplois et de revenus fiscaux potentiels.

Pour les citoyens européens, l’adoption de règlements comme TFR pourrait également entraîner une baisse de confiance envers les plateformes applicant MiCA. La protection des données personnelles étant un sujet sensible, ces nouvelles obligations pourraient pousser certains utilisateurs à se tourner vers des solutions non réglementées, augmentant ainsi les risques de fraude et d’abus.

D’un point de vue économique, le retard de l’Europe dans l’adoption d’une politique pro-innovation pourrait freiner son potentiel de croissance. Les start-ups blockchain et crypto européennes pourraient être tentées de déménager leur siège social aux États-Unis ou dans d’autres pays plus ouverts.

La régulation crypto en Europe : une répétition du schéma ?

Depuis sa création, l’Union européenne s’est souvent révélée être une entité bureaucratique imposant des normes et des régulations strictes à ses États membres et à leurs économies. Et cette centralisation de la régulation a souvent des effets pervers. Dans certains secteurs, les règles complexes ou très contraignantes sont accusées de favoriser indirectement les grandes entreprises capables de s’y conformer. En effet, souvenons nous de la PAC (Politique agricole commune), de la protection des données (RGPD), des régulations financières post-crise de 2008, comme Bâle III, du marché de l’énergie…

Et malheureusement, l’application de MiCA et du TFR (Transfert of Funds Regulation) à l’air de suivre cette tendance. Les règles imposant une transparence totale et des contrôles stricts favorisent effectivement les plateformes puissantes et bien établies, comme Binance ou Coinbase, qui disposent des infrastructures nécessaires. En revanche, elles risquent de marginaliser les start-ups crypto européennes, ou de les pousser à migrer vers des juridictions plus favorables, notamment aux États-Unis, en Asie ou au Moyen Orient.

Au-delà de l’aspect économique, les critiques soulignent une contradiction fondamentale : en cherchant à lutter contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, l’UE impose une surveillance accrue des transactions qui pourrait saper les libertés individuelles. Ce paradoxe est emblématique d’un système où la pseudo sécurité collective est souvent privilégiée au détriment de la liberté d’entreprendre. Il semblerait bien que le maccarthysme reprenne vigueur en terres européennes au temps de la crypto.

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Par Tony L.

Passionné de technologie, Tony vous propose des articles et des dossiers exclusifs dans lesquels il partage avec vous le fruit de ses réflexions et de ses investigations dans l'univers de la Blockchain, des Cryptos et de la Tech.

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