Dans cet article, nous nous penchons sur deux visions du monde diamétralement opposées. La première est issue du monde du Web3, qui cherche à renforcer le droit à la propriété privée des épargnants et des citoyens. La seconde nous vient des puissants du monde actuel, qui souhaitent orienter les citoyens vers une économie de la non-propriété.
Découverte des enjeux économiques à l’œuvre !
Un enjeu-clé du Web3 : la propriété numérique
Lors d’une interview récente pour le média en ligne Maddyness, l’un des responsables de la société Ledger, Sébastien Badault, explique que dans l’Internet 2.0, que nous connaissons tous, « rien ne nous appartient réellement ». Ces chansons sur Spotify ? Non, elles ne vous appartiennent pas. Vos données personnelles partout sur Facebook ? Non plus !
Alors que dans le monde réel, le fonctionnement du capitalisme a créé un droit de la propriété privée très élaboré, nous permettant notamment des affirmations telles que “ceci est ma maison” ou “voici ma voiture”, dans le Web, nous devons au contraire faire confiance à de grandes entreprises, qui hébergent et détiennent nos actifs numériques, sans qu’ils ne nous appartiennent.
Dans le Web3, l’un des enjeux-clés sera donc de pouvoir gérer efficacement nos propriétés numériques.
Avoir son wallet pour sécuriser ses actifs numériques
En particulier, M. Badault conseille vivement de protéger ses actifs numériques, en les détenant physiquement et en faisant référence à l’adage « not your key, not your coin », ce qui peut se traduire par “si vous n’avez pas la clé, ce n’est pas votre actif numérique”).
La faillite très médiatisée de la plateforme FTX a récemment révélé l’importance de cette nécessité de protéger ses actifs. Rien n’est plus sûr que de les détenir sur un support physique.
Chez Ledger, qui vend des portefeuilles numériques physiques (il s’agit d’un disque dur évolué et dédié à cet usage, nécessitant une très bonne sécurisation), les ventes ont été multipliées par 4 depuis la chute de FTX. Un signe clair que les investisseurs en cryptos ont compris l’enjeu croissant de la protection de la propriété numérique.
Chanpgeng Zhao, dit CZ, le dirigeant de la plateforme Binance, a même annoncé récemment que selon lui, le « self-custody » (c’est-à-dire justement cette capacité à détenir soi-même ses actifs numériques) devrait être considéré comme un droit humain fondamental !
NFT : eux aussi donnent accès à la propriété privée
On pense ici naturellement aux cryptomonnaies, mais ce sont en réalité tous les cryptoactifs qui sont concernés : les NFTs également, par exemple. Ces actifs non fongibles prennent de nombreuses formes, et constituent à part entière des actifs virtuels, dont certains peuvent avoir une grande valeur !
De grandes stars du sport mondial créent, par exemple, des séries limitées de NFTs, qui s’arrachent à prix d’or. C’est le cas de Ronaldo en collab avec Binance, lors de la Coupe du monde au Qatar.
Et même le monde de la culture s’y met, à l’instar de ces films qu’il est possible de posséder, sous forme de NFTs, afin de pouvoir en prouver sa propriété, et ainsi de les revendre après visionnage.
Le Forum Économique Mondial (WEF) voit les choses d’un autre œil !
Du côté des dirigeants des grandes entreprises traditionnelles et du monde politique, on voit plutôt les choses sous un autre angle.
Sous la direction de Klaus Schwab, le World Economic Forum, la vision est complètement inversée. Ils nous présentent une vision du monde, à l’horizon 2030, où nous n’aurions plus besoin d’être propriétaire de quoi que ce soit, car tout serait devenu « gratuit », à l’image du numérique. Un monde où nous serions selon eux : heureux de ne plus rien posséder.
L’énergie, l’Internet, la nourriture, le logement… Tout deviendrait soit gratuit ou du moins monnaie d’échange, soit accessible sous forme de location. Cependant, vous comme moi, connaissons la réalité. Dans la vie, RIEN n’est gratuit !
Chacun pourrait ainsi dormir sous un toit, se déplacer en voiture ou comme bon lui semble, téléphone ou se connecter à internet de la manière qu’il le souhaite … mais pour cela il faudra renoncer à la propriété privée … étrange comme proposition.
Economie du partage, économie circulaire, réduction de la consommation et du temps de travail, télétravail, intelligence artificielle permettant de mieux gérer les besoins et les flux physiques… Tout irait dans la direction de réduire le besoin d’acheter. Du moins pour une certaine tranche de la population qui serait certainement contrôlée. Cela fait penser au modèle chinois du crédit social.
Mais la question devient ici philosophique et politique à la fois : avoir moins de possessions matérielles rendrait heureux, paraît-il. Mais d’un autre côté, le fait de ne plus rien posséder ne nous mettrait-il pas à la merci des grands groupes et de leur bon vouloir ? La question est ouverte !