Il y a tout juste quelques jours, David Lisnard, maire de Cannes et président de l’Association des Maires de France, a publié sur ses réseaux sociaux un message qui a fait réagir bien au-delà des frontières de la cité azuréenne. L’édile souhaite en effet encourager les commerçants cannois à accepter les paiements en cryptomonnaies. Afin de préparer le terrain, il convie les intéressés à une session de formation qui se tiendra le 4 février prochain.
Le principal argument avancé par le maire: Cannes accueillera, du 30 juin au 3 juillet, la huitième édition de l’Ethereum Community Conference (EthCC). Cet événement devrait rassembler 10 000 participants, dont 6 500 accrédités, et générer ainsi un afflux de visiteurs habitués à utiliser des cryptomonnaies. David Lisnard estime donc qu’il serait pertinent pour les commerçants d’envisager cette possibilité de paiement, afin d’accompagner cette clientèle au fort pouvoir d’achat.
David Lisnard : Un maire qui sort du lot
David Lisnard, déjà connu pour ses initiatives en faveur du dynamisme économique de Cannes, ne cache pas son intérêt pour les nouvelles technologies et les formes de transactions financières dématérialisées. Depuis quelque temps, il se montre ouvert aux outils innovants, cherchant notamment à placer sa ville dans une dynamique d’accueil pour des entreprises porteuses de projets numériques.
Cette démarche ne constitue pas un jugement sur la valeur des cryptomonnaies en tant que telles, comme il le précise dans son communiqué. Le maire se concentre avant tout sur l’opportunité commerciale que représente cette tendance grandissante, particulièrement chez les touristes et professionnels qui se déplacent pour les conférences liées à la blockchain. Pour lui, il importe que les acteurs du commerce local puissent profiter pleinement de ce flux de visiteurs et, par ricochet, dynamiser l’économie de la ville.
Une formation dédiée aux commerçants pour accepter Bitcoin
Le rendez-vous du 4 février prochain est prévu afin d’accompagner et d’informer les commerçants sur les modalités d’acceptation des paiements en cryptomonnaies. Les professionnels pourront découvrir quelles solutions techniques existent et comment les implémenter. Il s’agira, entre autres, de comprendre le fonctionnement des portefeuilles numériques, la volatilité des cours, la gestion de la fiscalité et la sécurité des transactions.
Selon des informations relayées par Le Figaro, le maire espère convaincre environ 3 000 commerçants de se lancer dans cette aventure. Bien sûr, tous ne se précipiteront pas forcément sur ce nouveau mode de paiement, mais la volonté municipale est de rendre l’information la plus accessible possible. D’après les premiers échos, plusieurs acteurs locaux ont déjà manifesté leur enthousiasme, voyant dans cette démarche une occasion de toucher une clientèle supplémentaire tout en modernisant leur approche.
Ethereum Community Conference (EthCC)
L’Ethereum Community Conference, souvent abrégée en EthCC, est présentée comme le plus grand rassemblement annuel en Europe autour de la blockchain Ethereum. Cette plate-forme technologique ouverte, au cœur d’un écosystème florissant, a suscité énormément d’intérêt depuis sa création. L’événement attire non seulement des développeurs, mais aussi des investisseurs, des entrepreneurs et un large public passionné par les innovations décentralisées.
Au fil des ans, l’EthCC s’est imposée comme un moment clé pour la communauté Ethereum, tant sur le plan de la recherche que sur celui des applications pratiques. Les conférences sont l’occasion de présenter des projets variés, allant de la finance décentralisée (DeFi) aux jetons non fongibles (NFT). Le fait que Cannes soit choisie pour accueillir cette huitième édition témoigne de l’attrait touristique et stratégique de la ville, laquelle jouit déjà d’une renommée internationale grâce à son Festival du film et ses nombreux salons professionnels.
Une carte pour repérer les commerces accueillants
Dans son message sur les réseaux sociaux, David Lisnard a également évoqué l’idée de mettre à disposition des participants, lors de l’EthCC, une carte recensant les établissements acceptant les cryptomonnaies. Elle devrait être accessible à tous ceux qui disposeront d’une accréditation, et serait aussi consultable en ligne par le grand public.
Le but affiché est de donner une meilleure visibilité à ces commerces «crypto friendly». Les restaurateurs, hôteliers et autres boutiques qui souhaitent capter ce public venu spécialement pour la conférence auront ainsi la possibilité de figurer sur cette carte. De quoi faciliter la vie des visiteurs qui, pour beaucoup, utilisent déjà largement ces nouveaux moyens de paiement au quotidien.
Un climat globalement favorable?
Les cryptomonnaies suscitent encore parfois des interrogations, liées notamment à la sécurité, la régulation ou la volatilité des cours. Mais malgré ces inquiétudes, on constate un intérêt croissant, tant auprès des consommateurs que des grandes institutions financières. L’exemple de Bitcoin, première cryptomonnaie apparue en 2009, a ouvert la voie à une pléiade d’initiatives.
Aujourd’hui, un nombre non négligeable de grandes marques ou de plateformes de commerce en ligne proposent des moyens de paiement en crypto. Les législations tentent d’évoluer à un rythme approprié, avec une réglementation plus claire en matière de fiscalité. Pour les commerçants, l’un des grands avantages perçus réside dans la possibilité d’attirer des clients internationaux, sans passer par des frais bancaires parfois élevés.
Une opportunité pour le commerce local
Cannes est une ville touristique de premier plan, accueillant tout au long de l’année des congrès, des festivals et des événements internationaux. La population de la ville varie fortement en fonction des saisons, et la clientèle étrangère y est particulièrement présente.
L’arrivée de participants habitués à régler leurs achats en cryptomonnaies est une piste à explorer pour les boutiques et restaurants qui souhaitent diversifier leurs moyens de paiement. Les retombées économiques, si ce mode de transaction se démocratise, peuvent être intéressantes: plus de rapidité, moins de barrières liées aux taux de change et à la conversion, et potentiellement des commissions moindres sur chaque transaction. Certains y voient même un atout de communication, un argument pour se démarquer dans un marché concurrentiel.
Des précédents en France
L’initiative cannoise n’est pas la seule dans l’Hexagone. Les grands magasins Printemps ont récemment également annoncé qu’ils acceptaient certaines cryptomonnaies pour régler les achats de leurs clients. Aussi, près de Bordeaux, à Talence, 18 commerçants se sont également lancés dans l’aventure, accompagnés par des partenaires spécialisés comme Binance et Lyzi.
Les premiers retours d’expérience indiquent que l’intérêt existe, bien qu’il soit encore difficile d’évaluer précisément le volume de transactions en crypto sur un périmètre géographique restreint. Certains commerçants rapportent que les paiements restent rares, mais ils considèrent cette démarche comme un atout pour se distinguer et attirer de nouveaux consommateurs. À mesure que la connaissance du grand public progresse, l’idée d’accepter des devises numériques n’apparaît plus comme un gadget, mais plutôt comme une ouverture vers des marchés en pleine expansion.
Des solutions techniques à explorer
Plusieurs options s’offrent à ceux qui envisagent de recevoir des paiements en cryptomonnaies. Des applications pour smartphones permettent de générer un QR code à scanner, ce qui facilite la transaction. D’autres commerçants préfèrent s’équiper d’un terminal de paiement compatible, qui s’intègre à leur caisse enregistreuse.
Mais l’une des préoccupations majeures concerne la volatilité: la valeur d’une cryptomonnaie peut fluctuer au cours d’une même journée. Pour atténuer ce risque, des plateformes proposent la conversion instantanée des cryptomonnaies en euros, au moment de la vente. Ainsi, le commerçant reçoit un montant fixe et n’a pas à se soucier des variations ultérieures du cours.
Au-delà de la question technique, la fiscalité demeure également un sujet de premier ordre. En France, les transactions en cryptomonnaies sont encadrées par une réglementation fiscale précise. Il est donc essentiel pour les commerçants de savoir comment déclarer ces revenus et quelles sont les obligations en matière de TVA ou d’autres taxes. Les formations proposées début février devraient aborder ces points, afin de dissiper les doutes et d’aider chacun à prendre une décision éclairée.
Réactions et prudence
Du côté des commerçants, les avis sont variés. Certains estiment que la clientèle crypto est encore trop marginale pour représenter un véritable enjeu économique. D’autres, plus optimistes, considèrent au contraire que la notoriété de l’EthCC, couplée à l’attrait touristique de la ville, pourrait amplifier l’engouement pour ces moyens de paiement.
Pour les plus sceptiques, la prudence est de mise: ils craignent la complexité administrative, la volatilité des cours ou encore l’éventuelle réaction de leur clientèle habituelle. Les organisateurs de la formation du 4 février soulignent cependant que rien n’est imposé. Les commerçants sont libres de s’informer, de tester, puis de décider si cette approche leur convient.
Un engouement mondial pour les cryptomonnaies
Au-delà de l’initiative cannoise, le phénomène cryptomonnaie bénéficie d’une attention planétaire. Des pays comme le Salvador ont fait de Bitcoin une monnaie légale. De grandes firmes internationales, comme Tesla ou PayPal, ont déjà franchi le pas en annonçant leur volonté d’accepter ces monnaies numériques ou de les intégrer à leur stratégie.
Cannes, de son côté, se positionne sur la scène française comme une collectivité attentive à ces changements. Le maire espère ainsi attirer d’autres événements technologiques, amplifier la notoriété de la ville dans les milieux innovants et démontrer que les institutions publiques peuvent coopérer avec les acteurs de la blockchain.
Qu’attendre de l’EthCC 2025 à Cannes ?
L’Ethereum Community Conference promet de fédérer un large panel d’experts, de développeurs et de passionnés du 30 juin au 3 juillet au sein de la belle citée azuréenne. Les thématiques abordées seront variées: finance décentralisée, solutions de paiement transfrontalières, identité numérique, métavers, etc. Les retombées pour la ville et ses commerçants, si ces derniers s’impliquent, pourront se mesurer en termes de chiffres d’affaires et d’image de marque.
Des meetups, workshops et événements parallèles accompagneront les journées de conférence, générant une effervescence dans les rues et les lieux d’accueil. La municipalité prévoit d’ailleurs de communiquer un guide répertoriant les festivités officielles et informelles, ce qui offrira de nouvelles opportunités aux établissements locaux.
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