Retour sur le krach boursier de type Black Monday du 5 août dernier

Publié le - Auteur Par Tony L. -
Retour sur le krach boursier de type Black Monday du 5 août dernier

Le 5 août 2024, les marchés financiers ont subi une chute brutale, rappelant des événements historiques tels que le « Black Monday » de 1987.

La Bourse de Tokyo a enregistré la pire chute de son histoire avec une baisse de 12,4 % de l’indice Nikkei, entraînant une vague de dépréciations sur les marchés mondiaux, notamment en Asie et en Europe, avant d’atteindre Wall Street. Le DAX allemand a perdu environ 3 %, tandis que le Dow Jones américain a chuté de 2,8 % à l’ouverture.
Au total, les pertes mondiales s’élèvent à environ 7,51 billions d’euros, soit presque le double du PIB de l’Allemagne en 2023.

Retour sur les origines et les causes du krach

Les raisons de cette chute spectaculaire pourraient être multiples et interdépendantes et donc plusieurs facteurs peuvent expliquer ce krach.

Tout d’abord, il semblerait que la politique monétaire de la Banque du Japon (BOJ) ait joué un rôle important dans cette baisse brutale. En effet, depuis plusieurs années, la BOJ imprime de grandes quantités de monnaie, devenant ainsi le plus grand détenteur de fonds négociés en bourse (ETF) sur le Nikkei. Cette situation a encouragé les investisseurs à acheter des ETF japonais en empruntant en yens, ce qui a conduit à une dévaluation record du yen, atteignant son plus bas niveau en 40 ans. Face à cette situation, la BOJ a blâmé les « spéculateurs » et dépensé des milliards pour stabiliser le yen. Cette intervention a provoqué une hausse du yen, déclenchant des appels de marge et une chute vertigineuse du Nikkei.

Mais il y a aussi la crainte de récession aux États-Unis qui aurait pu jouer un rôle important dans cet épisode baissier. Les données économiques américaines, notamment un rapport décevant sur l’emploi en juillet, ont ravivé les craintes de récession. Le taux de chômage a augmenté, activant la règle de Sahm, un indicateur fiable de récession. Ces préoccupations économiques ont conduit à une baisse significative des marchés américains, qui aurait aussi contaminé les bourses mondiales​.

Le marché des cryptomonnaies a également subi une purge majeure, avec plus d’un milliard de dollars de liquidations en 24 heures. Bitcoin et Ethereum ont chuté respectivement de 17,5 % et 23 %, exacerbant l’instabilité des marchés financiers d’une façon générale​.

Notons finalement que les marchés financiers sont souvent plus volatils en août, en raison de la faible liquidité due aux vacances d’été des traders. Cette situation a amplifié les réactions aux nouvelles économiques et aux décisions politiques, entraînant des mouvements de prix extrêmes​.

 

Comparaison avec les crises précédentes

Malgré l’ampleur des pertes, les experts relativisent l’impact de ce krach.

Olaf Stotz de la Frankfurt School of Finance and Management souligne que les pertes sont modérées comparées à celles de la crise financière de 2008, où les valeurs boursières avaient chuté de moitié, atteignant des pertes totales de près de 23 billions de dollars.

Jörg Krämer, économiste en chef de la Commerzbank, ajoute que la plupart des investisseurs disposent encore de gains significatifs accumulés dans le passé, et que l’impact sur la consommation et les entreprises, qui ne sont pas fortement endettées, devrait être limité.

 

Des raisons de ne pas paniquer

L’histoire des marchés financiers montre que les corrections, bien que douloureuses à court terme, peuvent offrir des opportunités de rebond.

Selon une analyse de Goldman Sachs, après une baisse de 5 %, l’indice S&P 500 affiche généralement une reprise moyenne de 2 % dans le mois suivant, 7 % après six mois et 11 % après un an. Environ 70 % des fois, l’indice est en hausse un mois après une telle correction, et ce pourcentage monte à 85 % sur six mois et 75 % sur un an.

De plus, les marchés financiers pourraient rapidement connaître un regain majeur en raison de la baisse anticipée des taux directeurs et de la reprise potentielle de l’impression monétaire par les banques centrales, notamment la Réserve fédérale américaine (Fed) et la Banque centrale européenne (BCE).

La Fed, préoccupée par un ralentissement de l’inflation et une économie en perte de vitesse, envisage sérieusement de réduire ses taux directeurs en septembre. Des signes de ralentissement de l’inflation, avec une hausse de l’Indice des Prix à la Consommation (IPC) limitée à 3,1 % en juin contre 3,3 % en mai, ont intensifié les appels en ce sens. La probabilité d’une telle baisse est actuellement estimée à 76 %, marquant un changement clair et net par rapport aux mois précédents​.

Simultanément, la BCE a déjà abaissé ses taux d’intérêt directeurs de 25 points de base en juin 2024, une décision motivée par une évaluation actualisée des perspectives d’inflation et une atténuation des tensions sur les prix​. Cette démarche vise à réduire le caractère restrictif de la politique monétaire, favorisant ainsi une reprise économique plus stable.

Et puis n’oublions pas que tout ceci s’inscrit dans un contexte préélectoral aux États-Unis, où l’élection présidentielle est prévue pour novembre 2024. Historiquement, les marchés financiers ont tendance à se redresser à l’approche des élections présidentielles américaines, souvent soutenus par des politiques monétaires plus accommodantes. Cette année pourrait donc ne pas faire exception, avec les anticipations d’assouplissement de la part de la Fed jouant ainsi un rôle majeur dans le maintien de la confiance des investisseurs​.

En conclusion, les prochaines semaines pourraient voir une conjonction de politiques monétaires expansionnistes et de dynamiques pré électorales américaines favorables aux marchés financiers. Les investisseurs devront surveiller de près les annonces des banques centrales et les indicateurs économiques, et rester prudents mais optimistes, en gardant à l’esprit que les corrections font partie intégrante du cycle économique et financier.

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Par Tony L.

Passionné de technologie, Tony vous propose des articles et des dossiers exclusifs dans lesquels il partage avec vous le fruit de ses réflexions et de ses investigations dans l'univers de la Blockchain, des Cryptos et de la Tech.

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