Après la pandémie et la crise inflationniste ayant nécessité la mobilisation de nombreuses aides massives au cours de ces dernières années, l’Union européenne va mal.
Ses pays croulent sous les dettes et sont contraints de s’adonner à des restrictions budgétaires. De son côté, la Banque Centrale Européenne annonce une lourde perte de 1,3 milliard d’euros en 2023. Il faut donc trouver de l’argent. Et comme toute institution, elle s’alimente via ses contribuables.
C’est pourquoi, Bruno Le Maire propose la création d’un produit d’épargne européen pour se sortir de ces tracas.
Quelle est cette solution du ministre français des Finances ?
Livret d’épargne européen : faire travailler les capitaux privés au profit de la croissance
Avant de se réunir avec ses homologues européens à Gand en Belgique, le ministre de l’Économie s’est exprimé vendredi 23 février dernier pour annoncer la proposition de la France :
- Au lieu de travailler pour la croissance, l’innovation, la recherche, les entreprises et l’emploi, l’argent des Européens dort. Leur économie est évaluée à quelque 35 000 milliards d’euros. Plus de 10 000 milliards (soit un tiers du total) dorment sur des comptes courants. À titre de comparaison, moins de 15% de l’épargne des américains sont placés sur des comptes bancaires aux États-Unis,
- Pour faire travailler l’argent européen, il est nécessaire de mettre en place une union des marchés de capitaux dans les plus brefs délais. La création d’un produit d’épargne européen devrait permettre de mobiliser les capitaux privés et de les mettre au service de la croissance. Les progrès devront avoir lieu dès 2024.
- L’objectif est de mieux orienter l’épargne des citoyens européens en finançant des entreprises à long terme et de leur permettre d’accéder à de meilleures offres d’investissement. De leur côté, les entreprises pourraient facilement financer leurs projets.
Il appelle donc les Français à être solidaires envers l’Union Européenne. Faire un effort national au profit d’un projet « plus grand ». Oublier nos frontières, qui n’existent quasiment plus déjà, pour redistribuer à encore plus de monde et ne pas forcément voir le résultat chez nous dans nos rues. La BCE va mal et nous devons l’aider. Alors que … nous ne validons pas leurs dépenses.
Un produit d’épargne européen avec les États volontaires
Les marchés de capitaux de l’Union Européenne sont actuellement fractionnés entre ses pays membres.
En comparaison avec la capitalisation des marchés d’actions américains, celle de l’Europe est quatre fois inférieure. Si des propositions sont en discussion depuis des années afin de profiter d’effets d’échelle similaires à ceux des États-Unis, les débats se sont toujours heurtés à des intérêts nationaux divergents.
Selon les explications de l’actuel locataire de Bercy, cette initiative pour bâtir une union européenne des marchés de capitaux pourrait voir la participation d’une poignée de pays dans un premier temps. Dès cette année, cette solution d’épargne européenne pourrait être lancée avec les États membres de l’UE qui le souhaitent. Comme il n’est pas possible de commencer tout de suite à 27, il est tout à fait faisable de démarrer à quelques-uns. Toutefois, aucune information n’a fuité sur les États qui se porteraient volontaires.
Plusieurs options d’épargne envisageables autour du Pan European Personal Pension Product
Même si rien n’est acté à ce jour, le ministère français des Finances envisage plusieurs solutions :
- Le produit pourrait par exemple s’apparenter à un plan d’épargne retraite européen.
- Ses caractéristiques, ses modalités de commercialisation et ses rendements sont à définir ensemble avec les pays intéressés par sa création,
- Sa fiscalité serait attractive.
Les médias précisent que le Pan European Personal Pension Product (PEPP) existe déjà depuis 2019. Cependant, ce produit d’épargne paneuropéen rencontre des difficultés quant à sa distribution en raison de sa fiscalité et de sa tarification non harmonisées entre les États membres.
L’Allemagne a tout de suite rejeté l’initiative française. Pour expliquer son point de vue, le ministre allemand des Finances affirme vouloir plaider pour une union à pleine vitesse et non pas à plusieurs vitesses. En effet, Christian Lindner souhaite avancer ensemble et rapidement avec les 27 pays membres, même si les initiatives en petit comité ou bilatérales restent envisageables.