Tarification bancaire : trop d’informations pour noyer le poisson.

Publié le - Auteur Par Olivier B. -
Tarification bancaire : trop d’informations pour noyer le poisson.

Le manque de transparence sur les tarifs est un grief récurrent à l’endroit des grands groupes bancaires. Les clients sont souvent perdus devant une information dense, un jargon spécifique et des documents interminables. Bref une très mauvaise expérience utilisateur. Ou une forme volontaire d’opacité.

Les pouvoirs publics s’attaquent à ce problème en obligeant les banques à fournir un document d’information tarifaire (DIT). Objectif : faciliter la comparaison des frais bancaires entre les établissements. Une ambition une nouvelle fois compromise comme le dénonce l’association de consommateurs UFC-Que Choisir.

 

Savoir décrypter les brochures tarifaires

Les années passent, et le constat reste le même : il est compliqué de décrypter les brochures tarifaires bancaires. Noyé sous un flot de données, de prix et de services optionnels ou non, le client a bien du mal à comprendre comment il va être mangé. En tout cas, c’est clairement le ressenti d’où l’intervention des pouvoirs publics pour éliminer ce problème qui nuit aux consommateurs et au jeu de la concurrence.

De l’extrait standard des tarifs au document d’information tarifaire

En septembre 2014, une directive européenne entre en vigueur imposant aux banques de mettre en place un document d’information tarifaire (DIT). Ce document doit être accessible en ligne et en agence bancaire en libre service. La France applique – enfin – cette directive à partir du 1e août 2019. Il s’ajoute à la brochure tarifaire complète, tout en se conformant à un modèle-type.

Comparer les services bancaires les plus représentatifs

En réalité, depuis 2011, les banques françaises ont l’obligation de publier les tarifs des douze services les plus courants : c’est l’extrait standard des tarifs (EST). Ainsi, le DIT remplace l’EST. Le client peut donc y trouver les frais d’utilisation des « services les plus représentatifs rattachés à un compte de paiement ».

La liste des tarifs bancaires sur le DIT

On peut mentionner les frais de tenue de compte, la fourniture d’une carte bancaire, la banque à distance, les notifications d’alerte, les retraits de cash, l’assurance moyen de paiement, les virements et prélèvements SEPA ou encore les commissions d’intervention. Le document doit aussi inclure les offres groupées de services dites package.

 

 

L’UFC-Que Choisir dénonce une plus grande opacité avec le DIT

L’association de consommateurs UFC-Que Choisir a profité de la parution du rapport annuel de l’Observatoire des tarifs bancaires pour dénoncer le manque de transparence du nouveau DIT.

Banques traditionnelles ou l’art de noyer le poisson

Si l’UFC-Que Choisir se félicite du gel des tarifs bancaires en 2019, l’association critique, avec véhémence, un document dans lequel les tarifs sont « encore plus illisibles » qu’avec l’ESF. Elle relève des centaines de prix et de lignes tarifaires sans cohérence « sur une base aussi bien annuelle que trimestrielle ou semestrielle ». De quoi, une fois n’est pas coutume, embrouiller la lecture même des plus assidus !

L’association de défense des consommateurs a même découvert que certaines banques traditionnelles ont carrément supprimé l’extrait standard des tarifs pour ne laisser au client que le seul DIT. Résultat : 36% des professionnels « en ont profité pour accabler encore davantage leurs clients d’une surcharge d’informations en y détaillant chacun de leurs packages bancaires ». Ce qui s’appelle noyer le poisson.

Les banques en ligne font de la transparence un point différenciant

Paul de Leusse, le patron d’Orange Bank, rappelle justement dans son ouvrage sur l’After Banking que les banques traditionnelles pâtissent d’un désamour qui repose, en grande partie, sur l’opacité et la tarification. Ce n’est pas pour rien que les banques en ligne et les banques mobiles mettent en avant la « transparence des tarifs » ou le « pas de frais cachés » comme arguments commerciaux pour valoriser leurs offres.

Ce constat a été fait par le site Comparateurbanque.com qui a cherché à savoir quelles étaient les brochures les plus accessibles. En termes de visibilité, les documents tarifaires des banques en ligne arrivent largement en tête. Le podium de cette étude comparative mettait en lumière les efforts d’Eko by CA du Crédit Agricole (alors que la banque est pourtant stigmatisée par l’UFC-Que Choisir), Boursorama Banque et Fortuneo.

 

Il est essentiel de prendre le temps de comparer les tarifs des banques. D’une part, il s’agit d’identifier l’offre qui correspond le mieux à ses besoins. D’autre part, il s’agit de faire des économies. Si le gel des tarifs bancaires en 2019 a été respecté, l’écart de prix entre les banques traditionnelles opaques et les banques en ligne transparentes demeure très important.

Par Olivier B.

Olivier est un rédacteur disposant d'une forte expérience dans l'univers banque et fintech.

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