Si la décision du conseil des gouverneurs de la Banque Centrale Européenne d’émettre ou non un euro numérique est attendue vers la mi-2021, la présidente de cette même institution monétaire Christine Lagarde, se dit déjà confiante de son émergence d’ici 5 ans. Aujourd’hui, se tiendra en mode digital, le Forum Economique de Davos, cet événement pourrait marquer une accélération dans son arrivée.
Cet article présente les faits.
L’euro numérique, une suite logique de la numérisation
L’ère du numérique actuelle et l’accélération du recul de l’utilisation de l’argent liquide due à la pandémie ont grandement participé à l’émergence de l’idée d’un euro numérique. Reste à savoir qui est l’oeuf et la poule.
Le point sur les moyens de paiement utilisés en France
Aujourd’hui 45% des paiements se font en sans contact. Cette solution a connu, avec les gestes barrière, une augmentation de plus de 68%. Plus d’un français sur deux utilise de manière générale sa carte bancaire, c’est donc le paiement star aujourd’hui. Le paiement mobile était utilisé par un français sur dix avant le premier confinement et même si nous n’avons pas trouvé les nouveaux chiffres, tout laisse penser que son utilisation a augmenté.
Reste donc le liquide et les chèques qui sont en diminution mais conservent une belle part d’usage. 6 français sur 10 utilisent encore les pièces et billets pour leurs achats. Les jeunes semblent les premiers à s’être détournés de cette solution, d’autant plus avec l’avènement des néobanques pour les ados qui visent à faciliter la gestion de l’argent de poche et à le digitaliser. 44% des concitoyens utilisent encore le chèque pour régler certaines facture à distance notamment. La France fait office d’exception sur le chèque, rares sont les pays qui l’utilisent encore.
Quel est l’intérêt d’un euro numérique ?
Dernièrement, les modes de paiement des Européens et notamment des Français ont été transformés par la numérisation ayant gagné leur quotidien.
Un euro numérique qui s’accompagne de plusieurs avantages serait ainsi une solution adaptée à cette nouvelle ère :
- il s’agirait d’un moyen de paiement supplémentaire, mondialement accepté, inspirant confiance, sans risque, simple et gratuit,
- il réunirait la sécurité offerte par une monnaie de banque centrale et l’efficacité d’un moyen de paiement numérique,
- il encouragerait l’innovation en matière de paiement de détails,
- il accompagnerait la numérisation de l’économie de l’Europe,
- grâce à l’euro numérique, l’Europe ne dépendrait plus d’instruments de paiement numériques émis ailleurs.
L’euro numérique devrait être caractérisé par plusieurs éléments :
- il serait facilement accessible à tous, entreprises comme particuliers,
- il prendrait la forme dématérialisée d’un billet en euro dont il est l’équivalent.
- en aucun cas, l’euro numérique ne remplacerait les pièces et les billets en vigueur. Ces derniers seraient toujours disponibles dans la zone euro. Ils existeraient ainsi de manière parallèle,
- il serait émis et contrôlé par la BCE et les banques centrales nationales,
- il serait également robuste, efficace et respectueux de la vie privée.
Quand est-ce qu’il sera disponible ?
Sa mise en application n’est pas encore officialisée car elle fait peur à encore beaucoup de monde. Les gouvernements doivent donc s’organiser pour préparer l’événement et le rendre « acceptable sinon désirable » comme l’explique un de nos confrères. Le Forum de Davos, qui sera donc virtuel cette année entre le 25 et 29 janvier, semble être le lieu où beaucoup de choses devraient se jouer. Cette année, la Chine est un invité de choix pour les membres de l’évenement.
L’euro numérique se doit de répondre aux réels besoins des Européens. Les banques centrales nationales et la BCE sont alors actuellement en train d’examiner en détails les risques, les défis potentiels ainsi que les avantages de ce projet de grande envergure.
La décision d’émettre ou non un euro numérique n’a d’ailleurs pas encore été prise, officiellement. Le projet est encore en phase préparatoire et le concept en stade de développement. Les entités concernées sont en train de mener des expérimentations pratiques. Des échanges sont également réalisés avec toutes les parties prenantes.
Pour l’heure, la BCE doit s’assurer que l’euro numérique soit prêt pour l’avenir. Sa décision ne sera ainsi connue avant la mi-2021.
Une consultation publique s’est achevée récemment
Un nombre élevé de participants
Afin de concevoir un euro numérique répondant aux besoins d’un grand nombre d’utilisateurs, la BCE a procédé récemment à une consultation publique sur la question. L’occasion a été pour la principale institution monétaire de l’Union européenne de recueillir les avis et les attentes du grand public sur une éventuelle émission d’un euro numérique.
Lancé le 12 octobre 2020, le sondage en ligne a été clôturé le 12 janvier dernier. Cette consultation publique a vu la participation record de 8 221 associations, entreprises et citoyens. Selon la BCE, le nombre important de participations témoigne de l’intérêt du public pour le sujet.
Une première analyse dévoilée
L’analyse détaillée des résultats du sondage feront l’objet d’une publication au printemps 2021. La BCE a toutefois déjà fait part d’une première analyse effectuée sur les données brutes recueillies lors de cette consultation publique.
Selon les participants au sondage, un euro numérique devrait avoir les caractéristiques suivantes :
- sur les 41 % des réponses recueillies, la confidentialité des paiements constitue la caractéristique la plus demandée,
- la sécurité s’ensuit avec 17 %,
- la portée paneuropéenne se trouve à la troisième place avec 10 %.
Le Conseil des gouverneurs de la BCE devrait en partie s’appuyer sur cette analyse exhaustive pour décider du lancement ou non du projet relatif à l’émission d’un euro numérique.