Plombé par la forte hausse des taux d’intérêt, le prêt immobilier n’est désormais plus rentable pour les établissements prêteurs. Résultat, certains d’entre eux, à l’instar d’Axa Banque, décident de suspendre leur production jusqu’à une période indéterminée. Explications.
Axa Banque interrompt l’octroi de prêt à l’habitat
Le marché immobilier est actuellement en difficulté comme le témoignent les décisions prises par le groupe au cours de ses derniers mois et révélées par les médias :
- En avril dernier, Capital rapporte la décision d’Axa Banque de suspendre ses financements à l’habitat à compter du 7 avril 2023. L’annonce faite par la Directrice générale Hélène Massard a été portée à la connaissance des agents de la banque dans une note interne. En ces temps, la banque assure que la décision est provisoire.
- En juin dernier, l’Argus de l’Assurance rapporte que la suspension de cette activité majeure inquiète. En effet, la mesure a été reconduite cet été pour une période indéterminée.
Le crédit immobilier n’est plus rentable pour Axa Banque
Axa Banque justifie sa mesure par :
- Les hausses incessantes des taux directeurs décrétées par la Banque centrale européenne,
- La rapidité de la hausse des coûts de refinancement par rapport à la hausse du taux d’usure,
- L’insuffisance de la marge du groupe sur ce produit malgré le relèvement du taux d’usure à 4% au 1er avril 2023 pour les crédits immobiliers de plus de 10 ans.
Chez Axa, le retour de cette branche d’activité n’est envisageable que si les conditions de marché lui permettent de rétablir ses marges. Autrement dit, ce produit sera de retour dès lors que la banque pourra y gagner de l’argent.
Certaines banques ne financent plus l’achat immobilier des classes populaires
Alors que la hausse des taux d’intérêts ne cesse d’affecter la capacité d’emprunt des foyers qui cherchent à acheter un bien immobilier, l’Union des intermédiaires de crédit constate un désengagement de certaines banques.
Invitée sur BFM Business, sa Secrétaire générale Bérengère Dubus expose la situation qui devient de plus en plus critique :
- Certains établissements de prêt décident de ne plus financer les profils jugés inintéressants et considérés comme pas rentables dans les prochaines années, c’est-à-dire les Français ayant un salaire médian autour des 2000€.
- À un moment, des banques nationales telles que la SG et la BNP Paribas ont même totalement arrêté d’octroyer des crédits. D’ailleurs, ces dernières n’ont jamais été intéressées par le fait de prêter aux familles et aux classes populaires,
- À contrario, les banques régionales et mutualistes comme le Crédit Agricole, le Crédit Mutuel, les Caisses d’épargne et les Banques populaires octroient des prêts en se basant sur des critères justes tels que l’apport et les taux d’endettement. Ces établissements ne pratiquent aucune discrimination sur les revenus et les typologies des emprunteurs.
La Secrétaire générale de l’UIC explique cette situation de désengagement par le fait que le crédit immobilier est aujourd’hui considéré comme un simple produit d’appel pas très cher. Parallèlement, le prêteur refile des assurances emprunteurs, des comptes épargne, des assurances habitation et des prévoyances à son client emprunteur. Du moment que ce dernier ne dispose pas de fortunes à placer, son profil n’est pas intéressant pour la banque.
Entre les banques qui ne prêtent plus aux revenus modestes et celles qui décident de suspendre momentanément le service, que vont faire les Français pour financer leurs achats immobiliers ? Durant son interview, Bérengère Dubus se demande s’il n’est pas temps de repenser le crédit immobilier, de ne plus le considérer comme un produit d’appel et de le vendre au juste prix.