L’inflation fait son grand retour dans l’économie française, signe que la planche à billets a fait son œuvre et que l’excès de liquidités sur le marché provoque une augmentation des prix. Mais… est-ce vraiment le cas ?
Bercy lance une enquête via l’Inspection générale des finances
Décryptage de l’origine de cette enquête sur les causes de l’inflation.
À l’origine : la loi Egalim, destinée à protéger les revenus des agriculteurs
Créée en 2018, la loi Egalim avait pour objectif d’améliorer les revenus des agriculteurs français.
Dans ce cadre, elle contraint la grande distribution à préserver une partie de leur marge pour les producteurs, sur la vente de produits alimentaires, avec un minimum de 10% en leur faveur.
Le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, a récemment indiqué vouloir s’assurer que ces 10% reviennent bien aux producteurs, car certaines hausses de prix lui semblent suspectes.
Une enquête de l’Inspection générale des finances est alors lancée dans ce cadre.
Michel-Édouard Leclerc tire la sonnette d’alarme…
En tant que héro du pouvoir d’achat et des prix les plus bas possibles, le dirigeant de la centrale de grande distribution Leclerc, a peut-être été l’initiateur de cette prise de position des instances étatiques.
En effet, fin juin, il a annoncé à la presse que « la moitié des hausses de prix demandées sont suspectes » et a demandé officiellement la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire.
L’avis de l’entrepreneur est qu’une partie importante des hausses de prix sont dues à des hausses de prix par anticipation, voire sont de la spéculation pure et simple !
… et le Sénat s’en mêle !
Le Sénat a réagi rapidement et indiqué avoir l’intention de réaliser un premier bilan des causes de l’inflation, d’ici au 20 juillet 2022.
De son côté, Boris Vallaud, le président du groupe PS à l’Assemblée nationale a estimé important qu’un chef d’entreprise (Michel-Edouard Leclerc) se soit prononcé sur ce sujet. Il s’interroge aussi sur le fait que le gouvernement ait saisi (ou non) les autorités de la concurrence.
Pour rappel, le gouvernement français avait rassemblé les industriels de l’agroalimentaire et les distributeurs lors d’une réunion pour revoir les contrats commerciaux signés début mars 2022. L’objectif était de contenir les augmentations de prix alimentaires, dues principalement aux factures liées au transport, en augmentation de 15 à 30% !
Étonnant, quand on constate que les entreprises du transport avaient réalisé d’énormes bénéfices (se chiffrant en milliards d’euros) en 2021.
Ces augmentations sont-elles légitimes ?
Au regard de ces actualités, la question est ouverte : en ce qui concerne les augmentations de prix, les Français seraient-ils les dindons de la farce ?
Certains produits ont subi des hausses de prix pour le moins surprenantes !
Première constatation : certains produits ont vu leurs prix augmenter, sans qu’on ne puisse vraiment en comprendre la raison.
L’exemple le plus criant est celui des produits à base de cacao et de chocolat. D’autant que les fabricants concernés ont invoqué la situation ukrainienne pour justifier les augmentations, atteignant jusqu’à 15% des prix (sur la confiserie et les barres chocolatées).
On peut s’interroger légitimement sur la façon dont la crise ukrainienne a impacté le prix du cacao, qui est produit bien loin de cette région du monde.
L’agro-industrie, un secteur souvent pointé du doigt
Notre objectif n’est pas ici d’incriminer le secteur agroalimentaire, qui compte de nombreux acteurs engagés et vertueux.
Citons par exemple l’entreprise Danone, qui – en septembre 2020 – est devenue la première “entreprise à mission” du CAC 40, sous l’impulsion de son dirigeant de l’époque, Emmanuel Faber.
Mais force est de constater que ces entreprises sont très concentrées capitalistiquement, et que leur objectif est avant tout de générer de la valeur (des bénéfices) pour leurs actionnaires.
Peu de gens savent, par exemple, que plus de 92% des achats alimentaires passent par seulement 4 centrales d’achat en France. Autant dire qu’il s’agit d’une situation d’oligopole.
Pour finir, nous invitons nos lecteurs à visionner une longue interview (de plus de 3 heures !) accordée au média alternatif en ligne Thinkerview, par l’acheteur professionnel Christophe Brusset, qui y évoque ses 20 années passées dans l’agro-industrie. On peut y découvrir les coulisses de cette industrie pas comme les autres !
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