Depuis plusieurs années, l’idée de réindustrialiser la France refait surface, portée par des discours politiques qui la présentent comme un remède miracle face aux défis économiques et sociaux. Cependant, selon Charles Gave qui s’est récemment exprimé sur ce sujet dans un post sur X.com, cette perspective repose sur une incompréhension fondamentale des dynamiques économiques et des conditions nécessaires pour attirer et maintenir des activités industrielles pérennes.
En réalité, le modèle proposé en France, basé sur des subventions publiques, risque d’accentuer les déséquilibres financiers du pays sans générer de véritable renouveau industriel.
Industrie : les subventions, un mirage coûteux
L’approche consistant à subventionner la réindustrialisation repose sur l’idée que l’État peut stimuler la création d’usines et de sites de production en injectant massivement de l’argent public. Toutefois, cette stratégie a de sérieuses limites. Les subventions peuvent attirer des entreprises à court terme, mais elles créent une dépendance vis-à-vis de l’État, au détriment de l’initiative privée et de l’autonomie financière des entreprises. Une fois ces subventions retirées, de nombreuses entreprises, peu rentables par elles-mêmes, cessent d’exister, ce qui rend cette aide largement inefficace.
Cette politique accroît le poids de la dette publique et laisse à l’État une responsabilité financière supplémentaire dans des secteurs qui devraient idéalement être portés par l’économie de marché. La France se retrouve donc dans un cercle vicieux : un endettement croissant sans création de valeur durable, qui pèse sur les générations futures et sur le niveau de vie de la population actuelle.
La clé de la prospérité : la rentabilité, pas les subventions
Pour qu’une activité industrielle prospère, il faut qu’elle repose sur des bases économiques solides, en l’occurrence, la capacité de générer des profits. Une entreprise florissante repose sur un modèle économique viable, capable de générer des marges suffisantes pour réinvestir, innover, et se développer. Les subventions, au contraire, créent des effets pervers en masquant temporairement les faiblesses structurelles des entreprises et en faussant la concurrence.
En encourageant l’intervention de l’État dans l’économie à travers des aides massives, on fausse les règles du jeu du marché. Les subventions publiques tendent à détourner l’investissement privé, créant ainsi des entreprises « zombies », incapables de survivre sans soutien financier continu. Le résultat est une économie fragilisée, sans réelle capacité de rebond à long terme.
Plutôt que de réindustrialiser par des mécanismes artificiels, il est plus utile de se concentrer sur une désétatisation de l’économie. Moins de réglementation et une fiscalité allégée favoriseraient naturellement l’implantation d’entreprises compétitives et innovantes.
Ce sont les conditions du marché et un environnement favorable aux investissements privés qui attireront de nouvelles industries en France, non pas la distribution de subventions. Les entreprises recherchent des opportunités où elles peuvent prospérer grâce à des marges bénéficiaires et une stabilité économique, des éléments que seul un allègement de la charge étatique pourrait garantir.
Un modèle à l’opposé du modèle chinois
La situation de la Chine est souvent citée en exemple dans les discours sur la réindustrialisation. Cependant, comparer le modèle chinois à celui de la France est une erreur, car les contextes et les stratégies économiques diffèrent radicalement. La Chine a bâti son industrie sur un accès unique à une main-d’œuvre bon marché, un régime fiscal attractif pour les entreprises étrangères, et une bureaucratie allégée dans les zones économiques spéciales. En France, les taxes, la lourdeur administrative et une forte intervention étatique freinent la compétitivité et dissuadent les investisseurs étrangers.
Contrairement à la Chine, la France doit privilégier l’initiative privée et la flexibilité réglementaire pour stimuler la création de valeur et attirer les entreprises. La solution n’est donc pas d’imiter un modèle chinois inadapté mais de repousser les freins à l’initiative économique.
Trump : des promesses de prospérité et un retour aux industries
Alors que Donald Trump prépare son retour à la Maison-Blanche avec un programme économique ambitieux, la question de la réindustrialisation française offre une perspective intéressante. Trump a toujours martelé son engagement envers l’industrie américaine, en particulier les secteurs manufacturiers délocalisés à l’étranger, notamment en Chine. Sa stratégie repose toutefois moins sur les subventions directes que sur un cadre favorable au secteur privé, visant à attirer des investissements par le biais de politiques de déréglementation et de réduction fiscale.
Son programme repose sur une logique qui se rapproche de celle proposée plus haut, ce ne sont pas les subventions publiques qui permettent à une industrie de prospérer, mais bien la rentabilité et l’attractivité naturelle d’un environnement économique libéré des entraves étatiques.
L’un des piliers de la stratégie de Trump repose sur une réduction d’impôts pour les entreprises et une dérégulation visant à alléger la charge administrative. Contrairement aux politiques françaises de réindustrialisation subventionnée, Trump mise sur l’idée que l’industrie reviendra d’elle-même en créant des conditions favorables pour les investisseurs et en augmentant leur capacité de profit. Cette démarche reflète une vision libérale de l’économie où l’État se retire pour laisser le marché s’autoréguler et optimiser les flux de capitaux et d’innovation.
À la différence des subventions françaises, qui ne font que maintenir artificiellement à flot des entreprises peu rentables, Trump propose de laisser les entreprises se maintenir par leur propre efficacité et capacité à générer des bénéfices. En d’autres termes, il ne s’agit pas de “porter” des industries peu performantes, mais de créer un écosystème dynamique qui attirera les industries compétitives, génératrices d’emplois et de richesse.
Trump et la relocalisation : un protectionnisme stratégique
Bien que le programme de Trump s’oppose dans sa logique aux subventions massives, il n’est pas dépourvu de protectionnisme. Sa politique de “Buy American” (Acheter américain) vise à inciter les entreprises à produire sur le territoire national. À travers une série de mesures incitatives et de contrats publics réservés aux entreprises locales, Trump espère encourager les multinationales à relocaliser leurs usines aux États-Unis.
Cependant, à la différence des politiques françaises, ce protectionnisme stratégique est fondé sur des avantages fiscaux et un environnement compétitif, et non sur des aides financières directes. L’objectif est de rendre les États-Unis plus attrayants que les pays étrangers, en particulier la Chine, par le biais de mesures fiscales et non par une intervention directe dans le financement des entreprises. Ici encore, la rentabilité est au centre de la démarche : il s’agit de permettre aux entreprises de trouver aux États-Unis un environnement aussi (voire plus) rentable que dans des pays à bas coût.
Le poids de la dette et la pression fiscale sont aussi au cœur de cette approche. En réduisant l’intervention de l’État, Trump s’attaque à une problématique essentielle que la France ignore souvent : le fardeau de la dette publique. Le programme de subventions massives proposé en France risque d’aggraver ce fardeau, alors que Trump, avec sa vision économique allégée, cherche à stimuler la croissance sans augmenter la dette. Ce modèle libéral met en avant un principe simple, à savoir que pour relancer une économie, il faut favoriser la liberté économique plutôt que la dépendance aux aides publiques.
Connexe : Élections présidentielles américaines 2024 : quel impact sur Bitcoin et les altcoins ?