Alors que l’inflation continue d’inquiéter une grande majorité des Français, la crise sévit particulièrement chez les plus modestes. Pour mesurer leur précarité alimentaire et leur éducation à l’alimentation, l’IFOP a réalisé une enquête en ligne entre le 30 janvier et le 2 février 2024. Ce sondage pour la Tablée des chefs a été mené auprès de 900 personnes de plus de 18 ans et vivant avec le SMIC ou moins. Voici le tour de ce bilan chiffré.
Le budget alimentaire mensuel des Français augmente
Le contexte inflationniste impacte fortement le budget des ménages les plus modestes, notamment celui alloué aux courses alimentaires :
- Cette année, le budget alimentaire mensuel des personnes sondées est passé à 346 euros en moyenne (contre environ 311 euros en 2023), soit près de 4 euros par repas (si 3 repas par jour),
- 36% de la population déclarent dépenser 200 euros et moins par mois pour l’ensemble de leur foyer,
- Ces dépenses atteignent 500 euros et plus pour seulement 14% des enquêtés,
- Alors que le budget consacré à l’alimentation augmente, il représente entre 16 et 25% des revenus pour une majorité des répondants.
Les habitudes de consommation changent en France
La hausse continue des prix contraint les Français à changer leurs habitudes de consommation alimentaire :
- Plus économiques, les repas faits maison sont devenus une habitude pour 88% de la population,
- 79% ont préféré consommer davantage de marques distributeurs ou de produits génériques qui sont moins chers,
- 77% ont été contraints de réduire leurs achats alimentaires, soit une hausse de 40% depuis la période d’inflation. La proportion de Français modestes obligés de diminuer leur consommation alimentaire a donc doublé depuis le début de la crise inflationniste,
- 50% sont maintenant forcés de réduire les proportions et la quantité de leurs repas,
- 38% ont dû supprimer certains repas,
- 79% ont décidé de se priver de certains produits devenus trop chers en réduisant la quantité ou en arrêtant d’en consommer. La viande (pour 76% des personnes interrogées), les produits alimentaires transformés (74%) et le poisson (71%) figurent parmi les denrées les plus impactées.
La même étude a également démontré que les Français rémunérés au SMIC ou moins ont massivement détecté l’essor du phénomène de shrinkflation. Pour de nombreux produits alimentaires qu’ils ont l’habitude de consommer, la quantité diminue alors que le prix reste inchangé. Face à cette stratégie commerciale, 82% d’entre eux ont fait le choix de boycotter les marques qui les pratiquent.
Les Français craignent un impact négatif sur la santé
Ce n’est pas pour autant que les consommateurs modestes mangent mieux. D’ailleurs, ces changements de pratiques alimentaires inquiètent les personnes concernées qui ont dû s’y résoudre, faute de moyens financiers :
- Pour 82% des sondés, il est devenu plus difficile de nourrir leurs enfants correctement. Ils sont 51% à leur donner une alimentation plus sucrée, 45% à leur offrir des produits plus salés et 44% à les nourrir avec des aliments plus gras.
- Face à ces changements d’habitudes alimentaires, 62% redoutent un impact sur leur santé physique à long terme,
- Puisque se nourrir n’est pas seulement une question de santé physique, 58% craignent un impact négatif sur leur santé mentale.
- Chez les moins de 35 ans, 77% d’entre eux s’inquiètent aussi bien pour leur santé physique que mentale.
Alors qu’il est devenu onéreux de manger sain et équilibré, 87% des personnes sondées sont favorables au déploiement de cours de cuisine à l’école afin d’apprendre aux enfants à manger sainement, même avec un budget limité. 75% d’entre eux consultent au moins un support (réseaux sociaux, blog, émissions de télé, magazines de cuisine) pour chercher des recettes peu chères.