Le secteur impitoyable de la banque en ligne est secoué par une nouvelle surprenante : La Banque Postale envisage sérieusement la fermeture de Ma French Bank, sa banque 100% mobile lancée il y a 5 ans.
Cette décision inattendue a envoyé des ondes de choc à travers les 750 000 clients de Ma French Bank. Une fois de plus, le secteur bancaire digital montre sa face sans scrupule et la complexité des défis.
Des ambitions élevées pour Ma French Bank
« Ma French Bank et La Banque Postale ont initié le 18 décembre 2023 une procédure d’information-consultation de leurs instances représentatives du personnel respectives. Ces procédures visent à étudier un projet de cessation des activités de Ma French Bank, la banque 100% mobile du groupe La Banque Postale, et les conditions dans lesquelles elle serait mise en œuvre », lit-on dans un communiqué publié par La Banque Postale le 20 décembre 2023.
Lancée en grande pompe en 2019 avec l’objectif ambitieux d’atteindre un million de clients d’ici 2025, Ma French Bank a connu une ascension rapide. Pourtant, malgré un départ prometteur, la rentabilité demeure un défi insurmontable. La revue stratégique, effectuée 5 ans après le lancement, révèle que la banque en ligne n’a pas réussi à définir un modèle économique durable dans un marché en perpétuelle mutation.
Stéphane Dedeyan, le nouveau PDG arrivé en octobre 2023, souligne la nécessité d’investissements massifs pour élargir la gamme de produits et d’offres d’équipement. Cependant, ces aspirations sont désormais jugées incompatibles avec la stratégie actuelle de La Banque Postale, qui mise sur une digitalisation accélérée et un recentrage sur ses activités fondamentales.
Des crises persistantes et des abandons
La décision de mettre fin à Ma French Bank s’inscrit dans une série de crises secouant le secteur de la banque en ligne. ING en 2022, contraint de fermer ses portes avec le transfert forcé de ses clients vers Boursorama et Orange Bank en juin 2023, cédant sa clientèle à Hello Bank ! après une perte colossale de 1,09 milliard d’euros depuis 2017, illustrent les défis systémiques auxquels sont confrontées ces institutions. « Dans un marché extrêmement concurrentiel, en pleine consolidation, qui requiert une taille critique suffisante pour espérer devenir rentable, des investissements massifs seraient nécessaires pour le développement de Ma French Bank, notamment en élargissant sa gamme de produits et d’offres d’équipement… Une telle orientation n’apparaît plus compatible avec le plan stratégique du groupe La Banque Postale, qui envisage de prioriser ses investissements sur l’accélération de sa digitalisation », explique le Groupe.
Ceci dit, le secteur, en pleine consolidation, requiert une taille critique pour espérer être rentable, poussant les banques en ligne à des réorientations stratégiques parfois douloureuses. La Banque Postale rejoint ainsi la liste des acteurs cherchant à se défaire de leur filiale numérique.
Un avenir incertain pour clients et employés
Si la fermeture de Ma French Bank est confirmée, le processus se déploiera progressivement sur une période de 12 à 18 mois. Les 161 employés auront la possibilité de trouver de nouveaux postes au sein de La Banque Postale, mais le syndicat Sud PTT évoque les défis potentiels liés au reclassement dans un contexte de non-remplacement des départs au sein de la maison-mère.
Pour les 750 000 clients, La Banque Postale propose une alternative : l’ouverture d’un compte dans ses services traditionnels, garantissant que leurs avoirs et dépôts resteront accessibles tout au long de la procédure. Cependant, cette proposition soulève des interrogations sur l’expérience client et l’impact potentiel sur la confiance des consommateurs dans le contexte de cette transition délicate.
Quoi qu’il en soit, la probable fin de Ma French Bank souligne la fragilité des banques en ligne dans un environnement compétitif et exigeant. Cette décision de La Banque Postale, loin d’être isolée, met en lumière la nécessité impérative pour les acteurs de ce secteur d’avoir des bases solides pour prospérer. Paraît-il, le groupe a choisi de mettre son argent ailleurs.
