Pour une fois que l’OCDE publie des chiffres sur les dettes publiques et privées à l’échelle mondiale, les résultats sont alarmants. Le poids des dettes dans le monde entier atteint 100 000 milliards de dollars.
Comment expliquer ce record abyssal ? Qu’est-ce que cela signifie ?
Pourquoi les dettes accumulées dans le monde atteignent 100 000 milliards ?
Les données publiées par l’OCDE et rapportées par le média
Atlantico sont incroyables. À la fin de 2023, l’ensemble de la planète a accumulé 100 000 milliards de dollars de dettes. Ce montant global comprend :
- 54 000 milliards de dettes d’État,
- 34 000 milliards de dettes d’entreprises. Les entreprises non financières ont contracté les 2/3,
- Environ 12 000 milliards de dettes privées des particuliers.
Ces chiffres représentent une bombe à retardement dans la mesure où ils ont pratiquement explosé depuis la crise financière de 2008. Globalement, la hausse est de 60%. Pour le média d’information, ces dettes colossales s’expliquent par le fait que les États et les entreprises ont tiré profit d’un environnement hyper favorable et des taux d’intérêt proches de zéro. De ce fait, les acteurs n’ont pas hésité à s’endetter. De leur côté, toutes les banques centrales se sont accordées entre elles pour récupérer les obligations émises. Résultat, certaines (BCE, Japon, Angleterre et FED) détiennent actuellement plus de 33% du montant intégral de la dette.
Qu’en est-il de la dette de la France ?
Selon Le Monde, la dette de la France dépasse actuellement les 3 000 milliards d’euros. Alors que la prévision de croissance est en baisse de 1,4 à 1%, le gouvernement s’est engagé à réaliser des économies dès 2024 :
- Un gel de 10 milliards d’euros sur le budget de l’État a été décidé en février dernier. Les raisons invoquées sont les dépenses qui se sont multipliées depuis janvier. L’essentiel de ces économies annoncées se fera sur les politiques nationales et les dépenses budgétaires des différents ministères,
- Pour le projet de loi des finances 2025, le gouvernement s’est engagé en premier lieu à réaliser 12 milliards d’euros d’économies. Mais au vu des résultats des finances publiques 2023, celui-ci envisage finalement d’économiser un minimum de 20 milliards d’euros sur les budgets de l’État et de la Sécurité sociale.
Certains parlent de plan d’austérité mais cela ne convient pas au gouvernement qui refuse l’utilisation de cette expression.
Que signifient ces chiffres colossaux d’endettement ?
Dans son analyse, Atlantico explique les tenants et aboutissants de ces dettes mondiales dont le poids est qualifié d’abyssal :
- Les banques centrales tentent actuellement d’appliquer des conditions normales de rémunération de l’argent. Cependant, elles doivent faire face à un problème de refinancement. Alors que la dette a été souscrite à des taux très bas, la moitié devra être remboursée dans les 5 prochaines années. Il est donc nécessaire de refinancer environ 50 000 milliards de dettes qui n’ont presque rien coûté avec de l’argent dont la valeur est désormais de 3% en moyenne. En bref, il faut une croissance de 3% minimum pour amortir ce coût de renouvellement de la dette.
- En France, la croissance n’est pas suffisante pour produire des recettes fiscales nécessaires qui permettront à l’État de répondre à ses obligations de financement. C’est pourquoi, celui-ci se retrouve désormais à demander des coupes budgétaires.
- Cette situation un peu délicate concerne d’autres pays dans le monde : Argentine, UK…
Trois remarques découlent de ces chiffres d’endettement colossaux : les inégalités d’endettement entre les pays, l’existence d’une épargne d’un montant forcément équivalent à celui des dettes dans le monde ainsi que le rapport déséquilibré entre ceux qui empruntent et ceux qui financent, engendrant des problèmes géopolitiques considérables.
Pour équilibrer les flux de crédit et les flux d’épargne, la seule solution selon Atlantico consisterait à générer une croissance économique suffisante à l’échelle du monde pour rémunérer les risques.