Hier encore, je discutais avec une amie qui a 63 ans, mais qui en fait beaucoup moins. Elle m’a annoncé être au chômage depuis peu et m’a dit avec un soupir : « Maintenant je veux profiter, je ne vais pas retourner travailler pour quelques années et en plus, personne ne voudra de moi à mon âge ! »
Cette déclaration résonne avec les préoccupations bien réelles des seniors en France, confrontés à des défis spécifiques sur le marché du travail. Cependant, une lueur d’espoir semble émerger avec une proposition novatrice émanant de la sphère politique.
Pour encourager le retour à l’emploi des seniors
Dans un contexte où le taux d’emploi des seniors reste inférieur à la moyenne européenne, une initiative prometteuse a été avancée mardi 23 janvier par le député Marc Ferracci. Cette proposition vise à encourager le retour à l’emploi des personnes de plus de 55 ans à travers une prime de retour à l’emploi, proportionnelle aux droits à l’assurance chômage restants.
Confrontés souvent à une décote salariale et à des difficultés pour réintégrer le marché du travail, les seniors pourraient bénéficier d’une incitation financière à revenir à l’emploi, selon cette proposition. En effet, cette prime serait calculée en fonction des droits restants à l’allocation-chômage de l’individu, et son montant serait d’autant plus élevé que le retour à l’emploi est rapide.
Selon les chiffres officiels de la Dares, le taux d’emploi des Français âgés de 55 à 64 ans est actuellement de 56,9%, en comparaison avec la moyenne européenne qui s’élève à 62,4%.
C’est bien plus qu’une prime
Cette mesure ne se limite pas à une simple prime financière. Elle s’accompagnerait également d’une réduction significative de la durée d’indemnisation des chômeurs seniors, alignant ainsi leurs conditions sur celles des demandeurs d’emploi plus jeunes. Actuellement, les personnes de plus de 55 ans bénéficient d’une période d’indemnisation de 27 mois, une durée plus longue que celle accordée aux demandeurs d’emploi plus jeunes. Cette différence de traitement peut être perçue comme discriminatoire et contribue à maintenir les seniors plus longtemps dans une situation de dépendance vis-à-vis de l’assurance chômage.
En alignant la durée d’indemnisation des chômeurs seniors sur celle des autres catégories d’âge, soit à 18 mois, la proposition de Marc Ferracci vise à instaurer une égalité de traitement dans l’accès aux prestations de chômage.
Cette réduction de la durée d’indemnisation s’inscrit dans un contexte plus large de réformes envisagées pour dynamiser le marché du travail en France. Le président Macron a évoqué un « acte II de la réforme du marché du travail », soulignant ainsi la volonté du gouvernement de renforcer les politiques visant à favoriser l’emploi et la réinsertion professionnelle. En durcissant les règles de l’assurance chômage, notamment en réduisant la durée d’indemnisation des chômeurs seniors, le gouvernement cherche à inciter une transition plus rapide vers le retour à l’emploi.
Une lueur d’espoir pour le chômage des séniors ?
La proposition de Marc Ferracci n’est pas une initiative isolée. Elle s’inscrit dans un débat plus large sur l’emploi des seniors, un sujet au cœur des préoccupations gouvernementales depuis plusieurs mois. Les négociations engagées en décembre dernier sur cette question devraient se poursuivre jusqu’en mars, et l’issue de ces discussions pourrait impacter l’agrément d’un nouvel accord d’assurance chômage.
En parallèle, le député Ferracci propose également d’autres mesures visant à stimuler le marché du travail, comme la possibilité pour les entreprises de déroger aux accords de branche, notamment dans les premières années d’existence des entreprises.
Cette proposition de loi, si elle est adoptée, pourrait représenter une avancée significative dans la lutte contre le chômage des seniors en France. Elle témoigne d’une volonté politique de réformer le marché du travail pour offrir des opportunités équitables à toutes les catégories d’âge, et notamment aux travailleurs seniors qui aspirent à rester actifs et intégrés professionnellement. Pour autant inciter les seniors à retourner au travail ne suffira pas à résoudre le problème si rien n’est fait pour pousser les entreprises à les embaucher en premier lieu.
