À la lecture du 17ème Baromètre de la précarité et de la pauvreté, il devient de plus en plus difficile pour de nombreux Français d’assurer leurs dépenses courantes face à l’augmentation violente des prix de ces derniers mois. Cette année encore, les privations atteignent de nouveaux records en France. D’ailleurs, le Secours Populaire déplore une situation plus préoccupante que jamais au vu de l’intensité de la pauvreté et de l’ampleur des foyers touchés. Le point sur cette étude.
La situation de précarité continue d’empirer en 2023
Du 7 au 27 juin dernier, l’institut Ipsos et le Secours Populaire ont réalisé un sondage sur Internet auprès de 10 000 personnes âgées de 18 ans et plus issues de 10 pays européens.
1 000 d’entre eux résident en France. Les résultats de ce Baromètre récemment publiés par l’association nationale sont alarmants. Les chiffres qui en ressortent démontrent que la situation des Français, déjà ponctuée par une forte dégradation l’an passé, ne cesse d’empirer en 2023 :
- 18% des Français interrogés vivent à découvert (contre 15% en 2022),
- Moins d’une personne sondée sur deux arrive à mettre de l’argent de côté,
- 58% ont déclaré s’être déjà ou presque retrouvés dans une situation de précarité.
Des niveaux records de privation
Le Secours Populaire lance une alerte rouge face à l’augmentation des difficultés à couvrir les dépenses courantes.
La précarité et la privation battent d’ailleurs de bien tristes records :
- 45% des Français se sont retrouvés dans l’incapacité de payer des actes médicaux (soit une hausse de 6 points depuis le précédent baromètre),
- 43% sont dans l’impossibilité de consommer des fruits et légumes frais tous les jours (soit un bond de 6 points en un an),
- 32% ne sont pas en capacité de profiter d’une alimentation saine et en quantité suffisante au quotidien,
- 35% ne peuvent pas prendre 3 repas chaque jour,
- 36% se privent pour ne pas contraindre les enfants à se retrouver devant une assiette vide,
- 72% sont incapables d’acheter régulièrement ou occasionnellement de la viande,
- 45% font face à des factures de chauffage et d’électricité trop lourdes (soit 4 points de plus en un an et près de 20 points supplémentaires depuis 2020),
- 46% ont du mal à répondre aux besoins quotidiens (vêtements, fournitures scolaires, cantine…) de leurs enfants (soit une augmentation de 4 points en un an),
- 46% sont dans l’impossibilité de partir en vacances au moins une fois par an faute de moyens financiers.
La précarité touche particulièrement les foyers modestes
Dans sa publication, le Secours Populaire précise que les chiffres sont d’autant plus inquiétants chez les ménages les plus modestes :
- 63% des Français ayant un revenu mensuel net inférieur à 1 200€ ont des difficultés à payer des actes médicaux (soit un bond de 10 points en un an),
- 50% ont des difficultés financières pour bénéficier d’une mutuelle santé (+9 points),
- 57% ne peuvent pas avoir une alimentation de qualité leur permettant d’assurer 3 repas par jour (+10 points).
Devant cette fragilité, les Français sont nombreux à vouloir aider. 67% se disent prêts à s’impliquer personnellement pour faire preuve de solidarité envers les foyers en situation de pauvreté.
La précarité concerne également neuf autres pays en Europe (Allemagne, Grèce, Pologne, Italie, Portugal, Royaume-Uni, Moldavie, Serbie et Roumanie) ayant fait l’objet de la même étude. À l’échelle européenne, 3 personnes sur 10 sont aujourd’hui contraintes de renoncer à des besoins comme chauffer leur logement ou manger à leur faim. Dans les détails, cette situation sociale difficile touche 49% des Grecs, 46% des Moldaves, 22% des Français et 18% des Allemands.
