Face au poids de l’inflation de ces dernières années et malgré les faibles hausses de salaire, le pouvoir d’achat des Français salariés du privé recule. Ceux payés au SMIC sont les seuls à ne pas être affectés par cette baisse. C’est la conclusion des récentes statistiques publiées par l’Insee sur l’évolution des salaires. Zoom sur les données de cette étude.
Une nette augmentation du salaire net moyen du secteur privé
Les données publiées début novembre par l’INSEE révèlent les salaires du secteur privé en 2022 et font part de leur évolution :
- En équivalent temps plein (EQTP), le salaire mensuel moyen français est de 2 630€ net en 2022, soit de 3 466€ brut. Les données sur un an témoignent d’une augmentation moyenne de 4,2% pour le salaire net. Il s’agit de la plus forte hausse par rapport aux évolutions des 3 dernières décennies,
- Pour la même année, le salaire mensuel médian en EQTP est de 2 091€ net, soit une hausse de 3,9% sur un an. Cela signifie qu’un salarié du secteur privé sur deux gagne moins de 2 091€ net par mois et l’autre moitié perçoit plus.
- La hausse est de 1,3% pour les salariés en place depuis 2021,
- Le salaire net médian est de 20,5% inférieur au salaire moyen. Autrement dit, les salariés sont fortement concentrés dans le bas de la distribution,
- Un salarié du privé sur dix touche moins de 1 436€ net par mois.
- Parmi ceux les mieux payés, un sur dix perçoit plus de 4 162€ net par mois,
- Ils sont 1% à gagner plus de 9 973€ net par mois.
L’Institut national de la statistique explique cette nette augmentation par un fort regain d’inflation ayant provoqué trois revalorisations automatiques du SMIC, des renégociations salariales et le versement de plusieurs primes exceptionnelles.
Une baisse du pouvoir d’achat des salaires du privé sauf pour le Smic
En réalité, les actifs du secteur privé ont perdu en pouvoir d’achat en raison de la progression rapide de l’inflation (+5,2% en 2022) par rapport à celle des salaires :
- En prenant l’évolution de l’indice des prix à la consommation en compte, le salaire mensuel moyen recule de 1,0% sur un an. Il s’agit de la plus forte baisse observée sur les vingt-cinq dernières années,
- Une fois corrigé de l’évolution du prix, le salaire net mensuel médian s’érode de 1,3% sur un an.
- Dans le détail, le recul du salaire moyen en euros constants est de 1,2% pour les cadres et de 0,9% pour les ouvriers, les employés ainsi que pour les professions intermédiaires.
- Sur l’échelle des salaires, les employés qui empochent plus de 4 162€ net mensuels sont ceux dont le pouvoir d’achat s’affaiblit le plus (-1,4 %).
- La perte de pouvoir d’achat est de 1,7% dans la construction, 1,0% dans les services et 0,5% dans l’industrie.
En 2022, seuls les salariés les moins bien payés et qui gagnant moins de 1 436€ net mensuels ont quasi maintenu leur pouvoir d’achat (-0,1 %). La raison n’est autre que la protection qui leur a été assurée par les augmentations automatiques du SMIC.
Une réduction de l’écart de salaire homme et femme
Même si les inégalités de salaire observées entre hommes et femmes restent importantes au cours de l’année 2022, elles tendent à se réduire dans le secteur privé :
- Alors que le salaire net mensuel médian s’établit à 2 182€ pour les hommes, il est de 1 975€ pour les femmes,
- En équivalent temps plein, le salaire des femmes est inférieur de 14,1% à celui des hommes (contre 14,8% d’écart en 2021). Depuis 2008, la réduction est de 6,8 points,
- En euros constants, la rémunération moyenne des femmes a diminué de seulement 0,5% en 2022 contre 1,2% pour celle des hommes.
Ce réajustement d’écart s’explique par la surreprésentation des femmes dans le bas de la distribution des salaires.
Les salariés du privé peuvent utiliser les données de cette étude que l’INSEE réalise chaque année pour se situer par rapport à la rémunération du reste des Français et savoir s’ils gagnent bien leur vie ou non.