La BCE remonte ses taux… et réduit ses remboursements d’intérêts ?

Modifié le - Auteur Par Lucie -
La BCE remonte ses taux… et réduit ses remboursements d’intérêts ?

La BCE a récemment augmenté ses taux directeurs et chercherait à réduire le coût des intérêts correspondants à ceux verser à ses créanciers.

Décryptage d’une situation à haut risque politique et économique !

La BCE cherche la solution à l’envolée des intérêts à payer

La Banque Centrale Européenne (BCE) a prêté de l’ordre de 4600 milliards d’euros aux banques européennes au cours des dernières années. Elle l’a fait pour stimuler l’économie européenne, au cours des crises financières qui ont secoué l’Europe, puis lors de la crise du Covid-19, et ensuite pour les plans de relance…

Pour lutter contre l’inflation, elle a récemment augmenté ses taux directeurs, rémunérant ces réserves bancaires. Le taux était négatif (-0,5%) et est maintenant positif (+0,75%).

Cela change tout pour la BCE : avec des taux négatifs, elle n’avait rien à rembourser en intérêts aux banques. À présent, elle doit rembourser plusieurs dizaines de milliards d’euros par an en intérêts.

Comment la BCE va-t-elle payer ces intérêts ?

Pour payer les intérêts qu’elle doit à présent aux banques, la BCE pourrait être amenée à ponctionner de l’argent dans les banques centrales des pays où se trouvent les banques ayant accumulé le plus de réserves.

Cela ne serait pas du goût des pays concernés !

Pourquoi les banques peuvent-elles être satisfaites de cette situation ?

Le versement de ces intérêts aux banques constitue aussi, en quelque sorte, un cadeau financier aux banques, qui recevront un flux de revenus imprévu. Dans un contexte d’inflation forte, où les ménages européens font attention à leurs dépenses, cette situation pourrait être très mal vécue et créer des tensions politiques.

Les TLTRO (targeted longer-term refinancing operations, en anglais) sont des opérations de refinancement ciblées des banques européennes, accordées par la BCE. Leur but est clair : permettre aux banques de financer l’économie réelle (les entreprises et les ménages).

Leur octroi est également conditionnel : les banques doivent utiliser les liquidités obtenues de la BCE pour financer l’économie réelle, à l’exclusion de toute autre utilisation de l’argent.

Dans le système actuel, les TLTRO deviennent particulièrement intéressants pour les banques, car leur taux de rémunération est devenu inférieur à celui du placement des liquidités à la BCE. Grosso modo, il s’agit d’une martingale : un placement garanti et sans risque, réservé aux banques !

La solution : arrêter de rémunérer les liquidités placées par les banques

La BCE étudierait donc actuellement l’option de ne plus rémunérer les liquidités placées par les banques dans l’institution.

Elle se pencherait aussi sur la possibilité de ne rémunérer que les réserves dépassant un certain seuil, à déterminer.

Quelles sont les conséquences pour la zone euro ?

On peut légitimement se demander si la BCE va pouvoir conserver sa légitimité bien longtemps, après son immobilisme au cours des derniers mois. Comme l’indiquait récemment l’expert Marc Touati, la BCE a beaucoup trop tardé à remonter ses taux directeurs, provoquant une forte baisse de l’euro en comparaison avec le dollar américain.

Et maintenant que ses taux ont été relevés, la BCE semble empêtrée dans des calculs de petite épicerie, afin de pouvoir rembourser les intérêts supplémentaires que cette hausse de taux implique nécessairement. La banque centrale semble donner l’impression d’une absence d’anticipation fort inquiétante. Notons bien que la BCE ne peut pas non plus être tenue responsable de tous les maux qui s’abattent sur l’Europe, les États européens ont également leur part de responsabilité.

C’est notamment le cas en France, qui n’a jamais été capable d’équilibrer son budget depuis de nombreuses années… Mais également l’Allemagne, qui a fait le choix de sortir le nucléaire de son mix énergétique, à marche forcée, et en paie aujourd’hui les conséquences avec l’envolée des prix des énergies fossiles, en particulier en provenance de Russie.

Cette stratégie de l’improvisation de la BCE et le manque de vision stratégique des principaux pays européens pourrait annoncer une perte de confiance dans la zone euro, sur un plan économique et monétaire.

Par Lucie

Lucie est rédactrice sur ComparateurBanque.com depuis le début. Elle aime tester les offres et partager son expérience. Elle a aussi d'autres casquettes dans l'équipe.

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