À l’heure où la flambée des prix atteint des niveaux inédits, les avis de l’Observatoire Français des Conjonctures Économiques (OFCE) et des économistes sont partagés. Explications.
L’OFCE s’attend à une inflation élevée jusqu’à fin 2023
D’après les perspectives économiques de l’Observatoire français des conjonctures économiques publiées le jeudi 13 avril, l’inflation va persister en France jusqu’à la fin de l’année 2023. Elle devrait osciller entre 5,5 et 6,5% et refluer à 3% fin 2024. Dans sa note, l’observatoire a fait part des éventuelles conséquences de cette hausse des prix.
Une baisse de 1,2% du pouvoir d’achat entre 2022 et 2024
D’après les projections de l’OFCE, le pouvoir d’achat des Français devrait diminuer de 1,2% de 2022 jusqu’en 2024 :
- L’augmentation des salaires nominaux ne pourra pas compenser celle de l’indice des prix à la consommation,
- Malgré le déploiement de diverses mesures fiscales telles que la disparition de la redevance audiovisuelle, le pouvoir d’achat est en baisse.
Pour l’Observatoire, la situation va faire apparaitre un découplage entre le comportement des entreprises qui décident d’investir, restocker et embaucher et les ménages qui sont obligés de réduire leurs consommations ainsi que leurs investissements compte tenu de la baisse de leur capacité d’achat.
Une croissance de l’économie limitée à 0,8%
Selon l’OFCE, la croissance économique française devrait rebondir à 1,2% en 2024. D’ici là, elle serait limitée à 0,8% :
- Contrairement à la demande intérieure qui continue de soutenir cette croissance, le commerce extérieur a battu un record de déficit en 2022. Cette impasse s’explique en grande partie par les prix élevés de l’énergie et conduit à un besoin élevé de financement de l’État.
- Si la vigueur du marché de l’emploi est en ce moment surprenante, le taux du chômage devrait connaitre une considérable remontée passant de 7,2% actuellement à 7,9% à la fin de l’année 2024.
Inflation : Des avis opposés pour de nombreux économistes
À l’opposé de l’OFCE, de nombreux économistes pensent différemment.
L’inflation va perdurer selon Philippe Herlin
C’est le cas de Philippe Herlin qui s’est exprimé sur or.fr. Face au dérapage des prix à 5% en Europe et à plus de 7% aux Etats-Unis, la Banque centrale américaine (FED) et la Banque centrale européenne (BCE) tentent de le vaincre. Pour cela, ces banques centrales déploient une politique sur les taux directeurs qui consiste à :
- Faire remonter leurs taux,
- Diminuer la taille de leur bilan.
D’une part, cette tactique fait trembler les marchés. Ces derniers sont partagés entre l’inquiétude engendrée par la chute des cours boursiers et le soulagement devant la fin de l’envolée des prix. D’autre part, les remontées de taux ayant eu lieu dans le passé se sont toutes mal terminées. C’est pourquoi, le chercheur en finance pense que les banques centrales ne mettront pas en œuvre une politique monétaire réellement restrictive. Par conséquent, la hausse des taux sera alors très limitée entrainant une inflation à son niveau actuel qui va durer.
L’inflation est un impôt caché d’après Anice Lajnef
Pour le spécialiste des marchés financiers Anice Lajnef, la hausse des prix est un impôt caché :
- Ceux qui n’ont pas profité des milliards d’euros créés de nulle part par la BCE, ceux qui ont de l’épargne de côté et ceux dont le salaire n’a pas augmenté au rythme de l’inflation sont ceux qui payent pour le « quoiqu’il en coûte » pour préserver l’euro.
- En revanche, les grands profiteurs ne sont autres que les milliardaires qui sont situés juste en dessous du robinet monétaire de la BCE et qui ont un accès direct aux marchés financiers.
En un sens, l’inflation arrange certainement l’État.