Les habitudes bancaires pourraient bien être sur le point de changer radicalement en France.
Selon une information rapportée par nos confrères du quotidien Le Figaro, la Banque de France envisagerait sérieusement de demander aux banques de ne plus envoyer de chéquiers par voie postale. Une décision qui vise à réduire les risques de fraude, le chèque étant l’instrument de paiement le plus sujet aux escroqueries. Cependant, la polémique s’installe, certains y voyant une restriction de la liberté des clients. Focus sur cette potentielle évolution dans le paysage bancaire français ainsi que ses implications.
Une mesure pour contrer la fraude aux chèques
Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, a récemment déclaré que des discussions étaient en cours avec les banques pour minimiser les risques de fraude liés aux chèques. L’idée de la Banque de France est d’encourager les clients à retirer leurs chéquiers en agence plutôt que de les recevoir par courrier. Cette alternative vise à offrir plus de sécurité, du fait que l’envoi postal augmente les risques liés à la fraude. François précise que la Banque de France ne cherche pas à interdire, mais plutôt à proposer une alternative, donnant aux clients la possibilité de choisir la méthode qui leur convient le mieux.
« Ce qui est vrai, c’est que nous travaillons avec les banques pour réduire les risques de fraude aux chèques, parce que c’est l’instrument de paiement le plus fraudé. Ce que nous souhaitons, c’est une alternative, pas une interdiction. Que les clients puissent retirer gratuitement leur chéquier en agence et ne pas se voir imposer simplement l’envoi par courrier, qui présente plus de risques », explique le gouverneur.
Effectivement, le chèque demeure l’instrument de paiement le plus fraudé, comme l’indique le dernier rapport annuel de l’Observatoire de la sécurité des moyens de paiement (OSMP) de la Banque de France. Bien que le taux de fraude au chèque ait légèrement diminué en 2022, restant à 0,073%, il demeure le plus élevé parmi tous les moyens de paiement.
Des chiffres révélant une tendance à l’envoi postal
La Banque de France réagit à une tendance observée ces dernières années : de plus en plus de banques optent pour l’envoi postal des chéquiers. Le rapport de l’OSMP publié en juillet 2023 indique qu’« Après la crise liée à la Covid-19 et les périodes de confinement afférentes, il est apparu que les utilisateurs privilégiaient de plus en plus la réception du chéquier à domicile », estimant « qu’environ deux tiers des chéquiers sont acheminés par voie postale sous différentes formes d’envoi (lettre simple, lettre suivie, lettre recommandée avec accusé de réception) ».
Cette préférence des utilisateurs pour la réception à domicile a incité la Banque de France à agir. Dans son rapport de juillet 2023, elle appelait déjà les banques à garantir à leurs clients la possibilité de retirer leur chéquier en agence, soulignant que cette option devait être gratuite.
Des défis à relever auprès des clients
« Les clients doivent garder à tout moment la possibilité de retirer leur chéquier en agence, au moins pour les clients d’un établissement bancaire disposant d’un réseau d’agences », revendique la Banque de France, ajoutant que « cette possibilité doit être explicitement offerte aux clients, et ceci à titre gratuit ». Mais force est de savoir qu’un comparatif réalisé par MoneyVox en décembre 2022 indique qu’un tiers des banques facturent l’envoi en pli simple d’un chéquier à domicile, avec un tarif moyen de 2,01 euros. Les envois recommandés sont souvent encore plus onéreux.
Ainsi, la garantie de la gratuité pour les retraits en agence devient cruciale pour éviter une restriction financière supplémentaire pour les clients. La Banque de France préfère rester sur sa position initiale, insistant sur la nécessité d’offrir explicitement cette option gratuitement aux clients, renforçant ainsi la liberté de choix des consommateurs.