À l’heure où certains prônent la décroissance sans vraiment mettre la main à la pâte, les chiffres alarmants du WWF sur l’industrie textile ajoutent une urgence supplémentaire.
En effet, ce secteur contribue de manière significative aux émissions mondiales de gaz à effet de serre, générant environ 1,7 milliard de tonnes de CO2 par an. Dans ce contexte, une étude britannique a estimé qu’afin de respecter l’objectif de 1,5°C fixé par l’Accord de Paris, il faudrait se limiter à trois vêtements neufs par an. Depuis l’ADEME a lancé une campagne publicitaire TV qui ne fait pas l’unanimité.
Se limiter à 3 vêtements neufs par an, un défi environnemental
Selon les experts de l’université de Leeds, adopter une attitude de « se serrer la ceinture » avec seulement trois vêtements neufs par an pourrait aider à respecter le seuil de 1,5°C selon l’Accord de Paris.
Les Français sont sur la bonne voie, une étude révèle en mai 2023 une baisse du volume des ventes de chaussures, de vêtements, de sacs… à 22%, par rapport à 2019. Cependant, il est crucial de comprendre que ce n’est pas simplement une question de modification individuelle de sa garde-robe. C’est, en réalité, un appel à une révision en profondeur des assises socio-économiques qui alimentent ses besoins pour la surconsommation, en particulier dans le royaume de la mode éphémère.
L’anthropologue Fanny Parise déchiffre ce défi de taille dans l’émission de podcast « Sous contraintes ». Elle met en lumière le fait que ce n’est pas seulement une question de changer ses habitudes vestimentaires, mais plutôt de démolir les bastions de l’industrie de la mode rapide, les subtilités du marketing, et les modèles économiques qui carburent à plein régime. En d’autres termes, c’est un appel à une transformation bien plus profonde qu’un simple relooking de sa garde-robe.
Pour une consommation responsable
Mme Parise met les pieds dans le plat en pointant du doigt le marketing, qu’elle considère comme étant le complice du capitalisme, stimulant les désirs de façon insatiable. Elle avance l’idée audacieuse que les maisons de luxe pourraient jouer les héros en réinventant les codes du luxe, mettant en avant la durabilité, l’éthique et la responsabilité sociale. Ainsi, il y a de forte chance que celles-ci contribuent de manière significative à la transition socio-écologique.
Pour rappel, réduire sa consommation en matière de vêtement ne se fait pas en claquant des doigts. Une approche suggérée est donc de larguer l’ancre de la « fast fashion », en optant pour des pièces intemporelles. Faire le tri dans son dressing peut être un réveil brutal face aux excès. Remplacer les virées shopping par des activités alternatives, comme du sport ou une virée au musée, c’est aussi mettre le pied sur le frein.
Encore une fois, l’idée n’est pas de ne rien acheter du tout et de “tuer” les commerçants de textile qui peinent encore à retrouver leur équilibre après la Covid, comme le suggère la publicité ratée de l’ADEME qui fait la hype en ce moment. Edouard Leclerc a d’ailleurs lancé un coup de gueule contre cette publicité dangereuse et sans concertation pour un secteur de l’industrie déjà sinitré. Il convient bien du fait qu’il faille agir de manière consciente et réfléchie mais ne valide pas la manière dont les choses sont exposées.
Vers une consommation réfléchie
Mais dans ce ballet incessant entre la frénésie du « fast shopping » et l’idée d’adopter la sobriété vestimentaire, il est crucial d’examiner de près les implications de chaque choix.
D’un côté, la course vers des marques comme H&M, Zara, ou Shein peut sembler alléchante pour le portefeuille à court terme. Cependant, cette option bon marché cache souvent une réalité moins avantageuse. Les vêtements peu coûteux révèlent être une fausse économie, car leur qualité médiocre entraîne une usure rapide, nécessitant ainsi des remplacements fréquents.
Ainsi, ce modèle économique basé sur la quantité à bas prix engendre des coûts cachés considérables, aussi bien pour le consommateur que pour l’environnement. En revanche, embrasser la philosophie du minimalisme vestimentaire en limitant ses acquisitions à trois pièces neuves par an incite à privilégier la qualité sur la quantité. Cette approche, bien que nécessitant une dépense initiale légèrement plus élevée, se traduit par une économie à long terme, car les vêtements durables exigent moins de remplacements fréquents. En gros, le choix entre la frénésie du « fast shopping » et la sobriété vestimentaire n’est pas simplement une question de style, mais une décision consciente ayant des implications économiques et écologiques à long terme.