INTERVIEW.
Le pouvoir d’achat des Français va-t-il encore être amputé ? Alors que l’inflation flambe depuis des mois, les primes d’assurance devraient inévitablement augmenter en 2023. Julien Fillaud, directeur général chez Hyperassur, plateforme d’assurances, nous en explique les raisons.
La période de répit est finie. Grâce à une sinistralité très faible durant la pandémie, les compagnies d’assurances ont économisé environ 3 à 4 milliards d’euros. Mais après un maintien des tarifs, les primes devraient repartir à la hausse en 2023. « Pourquoi une telle décision, alors que les assurances ont tiré profit de la crise sanitaire ? », pourraient se demander certains. Comme nous l’explique Julien Fillaud, directeur Général de la plateforme d’assurances Hyperassur, il y a plusieurs raisons à cela.
Primes d’assurance 2023 : les assureurs en difficulté
L’inflation galopante depuis des mois ne touche pas seulement le pouvoir d’achat des ménages, les assureurs se retrouvent eux aussi en difficulté.
Primes d’assurance 2023 : une explosion des coûts
Selon la Fédération française de l’assurance, les coûts ont bondi ces derniers mois. En cause notamment, la hausse des sinistres, provoqués par le dérèglement climatique, mais aussi l’augmentation du prix des matières premières.
À titre d’exemple, entre janvier et août, les catastrophes naturelles ont atteint 5,2 milliards d’euros en indemnisation, contre 3,5 milliards en moyenne sur le total des années précédentes (depuis 2017).
« Les assureurs, ne vont cependant pas répercuter entièrement ces coûts », nous indique l’expert qui tient à rappeler que « quoi qu’il arrive, les assurances augmentent chaque année, si les contrats sont conservés. Au mieux, les primes se maintiennent, mais elles ne baissent jamais. »
Assurance 2023 : les assureurs vont devoir puiser dans leurs réserves
« Contrairement à l’État, qui a pris en charge les coûts liés aux confinements, les assureurs n’ont pas le droit d’être déficitaires (et de répercuter la dette sur les générations futures). Si ces derniers venaient à perdre de l’argent sur les polices d’assurance, il pourrait y avoir de nombreuses dérives. Ils ont l’obligation de posséder des marges, afin de faire face aux variations fortes, comme c’est le cas cette année. Ils vont en effet devoir puiser dans leurs réserves, leurs fonds propres, pour combler les catastrophes climatiques, qui devraient d’ailleurs se multiplier au cours des 30 prochaines années », rappelle Julien Fillaud.
Et d’ajouter : « Les assurés peuvent se sentir frustrés par ces hausses de cotisations annuelles, notamment lorsqu’ils n’ont pas connu de sinistres. Ils oublient souvent le fonctionnement même d’une assurance, où plusieurs personnes mutualisent leurs cotisations pour prévenir un risque. Elles assument en somme le sinistre d’une autre personne. Beaucoup pensent ainsi payer « pour rien », mais se rendent compte de la nécessité des contrats d’assurance lorsqu’elles sont par exemple victimes d’un accident, d’une catastrophe climatique ou qu’elles sont hospitalisées », détaille le directeur général d’Hyperassur. « Il ne faut pas oublier qu’on paie une assurance uniquement pour être remboursé en cas de sinistre. Sans cela, des vies entières pourraient être brisées, car les frais à la charge des personnes peuvent être colossaux, selon les dossiers. Les assureurs n’ont pas d’autres choix que de faire porter la hausse des coûts des sinistres à tous », énonce-t-il.
De combien pourraient alors augmenter les primes d’assurance auto, habitation et santé en 2023 ? De quelle manière peut-on compenser cette hausse ?
Primes d’assurance 2023 : jusqu’à 5 % de hausse
Les contrats d’assurance seront, c’est certain, plus cher l’an prochain, mais ne pourront pas dépasser l’inflation.
Primes d’assurance 2023 : combien les assurés vont-ils payer en plus ?
Le pouvoir d’achat des Français va encore être impacté. « Les contrats d’assurance qui sont en cours, seront plus chers l’an prochain, mais les répercussions seront différentes selon les cas.
- Assurances auto et santé : elles devraient grimper de 3 à 5 % en moyenne
- Assurance habitation : elle devrait bondir de 5 % en moyenne, voire un peu plus
Dans tous les cas, la hausse ne devra pas dépasser le taux de l’inflation qui est déjà à plus de 6 % », tient à rappeler le spécialiste. « Il ne faut pas omettre également l’élévation mécanique des cotisations, liée au facteur d’âge. En effet, plus on vieillit, plus on paie cher ses différentes assurances (voiture plus haut de gamme ou familiale, plus grande maison, élévation des risques de santé…) », note-t-il.
Ainsi, « étant donné que la moyenne annuelle des contrats cumulés (auto, habitation, santé) se monte entre 1 000 et 2 000 €, les consommateurs devront payer entre 50 et 100 € de plus au total », informe l’expert.
Primes d’assurance 2023 : faire jouer la concurrence pour économiser
Pour faire baisser la facture globale des assurances, des solutions existent. « Changer d’assurance peut permettre de réaliser de belles économies. À commencer par les assurances emprunteurs, dont la résiliation est désormais facilitée. Les propriétaires peuvent de cette manière compenser la hausse des cotisations, en souscrivant chez un concurrent. Il est en de même pour les autres types d’assurance.
Utiliser un comparateur peut d’ailleurs faire gagner un temps précieux. Grâce à un seul questionnaire, les consommateurs peuvent obtenir une lecture éclairée des tarifs proposés par différents assureurs, sur des mêmes critères donnés. C’est pourquoi il est important de bien définir ses besoins actuels et ses attentes », recommande Julien Fillaud, directeur général du comparateur d’assurance Comparadise, connu sous la marque Hyperassur. Gain potentiel cumulé ? 200 euros en moyenne, à niveau de garanties équivalentes, selon l’expert.
Revoir les clauses de ses contrats, en éliminant les éventuels doublons et couvertures inutiles, peut aussi être un moyen d’économiser des dizaines d’euros.