Un récent dossier de la DREES sur l’état de santé des Français a mis en lumière les inégalités sociales au sein du système de santé. L’étude dénonce de fortes disparités dès le plus jeune âge.
L’accès aux soins marqué par de fortes inégalités sociales
Dans son dossier sur l’Etat de santé de la population française, la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques évoque une évolution contrastée marquée par de fortes inégalités.
Les enfants d’ouvriers sont concernés par la surcharge pondérale
La surcharge pondérale touche 45% des Français dont 14% souffrent d’obésité. Toutefois, des disparités sont repérées selon la catégorie socio-professionnelle :
- En grande section maternelle, les enfants d’ouvriers sont deux fois plus concernés par un surpoids que ceux des enfants de cadre,
- Lorsque le niveau de vie ou le niveau de diplôme augmente, la part des personnes en surpoids diminue.
Dans la même étude, la DREES a aussi noté qu’à la naissance, les bébés prématurés et les petits poids sont plus fréquents quand la mère est issue d’un milieu modeste.
Les maladies chroniques sont fréquentes en milieu modeste
Par rapport aux personnes les plus aisées, celles aux faibles revenus sont plus à risque de développer des maladies chroniques :
- Les Français les plus modestes développent 2,4 fois plus souvent de maladie du pancréas ou du foie que les plus aisés,
- Le risque de développer un diabète est 2,8 fois plus élevé pour les plus pauvres,
- Pour les maladies psychiatriques, le risque est 2 fois plus élevé pour les plus modestes.
Les risques sont cependant inversés pour les cas de cancer. Cette maladie surviendrait un peu moins souvent chez les plus précaires. Pour la DREES, l’explication tient au fait que ces derniers ont moins recours aux tests de dépistage.
Les enfants issus de ménages modestes sont moins nombreux à porter des lunettes
L’étude a pu démontrer une amélioration globale de la santé bucco-dentaire. En revanche, elle a aussi révélé une certaine inégalité pour ce qui est de l’accès aux lunettes correctrices :
- Les troubles de la vue sont moins souvent corrigés chez les enfants d’ouvriers que chez ceux des cadres,
- Si la prévalence est identique, seulement 31% des enfants d’ouvriers portent des lunettes contre 37% pour les enfants des ménages aisés.
Quelles sont les raisons de ces inégalités d’accès aux soins ?
Outre la distribution inégale des ressources, l’étude de la DREES évoque d’autres raisons qui peuvent expliquer et accentuer ces inégalités ressenties au sein du système de santé.
Les déserts médicaux
En France, l’accès aux soins est au cœur des préoccupations. Les médecins diminuent fortement en nombre. Beaucoup de praticiens sont à la porte de la retraite tandis que les nouvelles générations n’arrivent pas à compenser les départs. Par conséquent, il devient très difficile, voire impossible, pour les patients de se faire soigner par des professionnels dans certaines zones géographiques. Pour ces derniers, l’inégalité sociale est accentuée par l’inégalité territoriale. Cela se traduit par la diminution des recours aux tests de dépistage et le renoncement aux soins, des situations qui touchent davantage les ménages modestes.
Les habitudes de vie
Une alimentation saine est indispensable pour se protéger des maladies chroniques telles que les maladies cardio-vasculaires, le diabète et le cancer. D’ailleurs, l’OMS recommande la consommation journalière de céréales complètes, de légumineuses, de légumes et de fruits frais.
Si le dossier a démontré que plus de 3 Français sur 4 en France métropolitaine en consomment tous les jours, les habitudes de vie sont cependant différenciées en fonction du milieu social. Les fruits et légumes sont moins présents dans l’alimentation des foyers précaires.