Réglementation, tarification, motorisation… les nouvelles règles et instructions laissent les automobilistes européens suspicieux, sceptiques et confus. En clair, ils sont en plein brouillard. Pourquoi l’édition 2024 de l’Observatoire Cetelem de l’automobile réalisée auprès de 15 000 personnes basées dans 16 pays est-elle arrivée à de telles conclusions ?
Une réelle confusion autour des ZFE
Le bilan de l’étude internationale conclut qu’un flou et un sentiment d’injustice subsistent concernant les Zones à Faibles Émissions :
- Si 73% des personnes interrogées en connaissent l’existence, seulement 34% savent de quoi il s’agit. Cette part est néanmoins plus importante en France (48%).
- 48% ne savent pas si de telles zones seront mises en place dans leur pays.
- Dans les pays, comme en France et en Belgique, où ces dispositifs sont déjà implantés : 50% sont réfractaires.
- Pour 8 personnes sur 10, cette mesure est considérée comme injuste notamment pour les ménages qui ne seront pas à même de remplacer leur automobile compte tenu de leurs faibles revenus.
- 57% estiment que de telles zones sont irréalistes et s’attendent à ce qu’elles ne voient jamais le jour.
- En France comme en Allemagne, l’esprit de révolte reste tenace. Un automobiliste sur 2 continuera de circuler dans les ZFE avec leur véhicule banni.
D’innombrables inquiétudes autour des réglementations
Les nouvelles réglementations entraînent confusions et craintes :
- Seulement 49% des consommateurs ont connaissance de l’interdiction de vente des véhicules thermiques dans 10 à 15 ans.
- En raison de l’inflation persistante, 76% s’inquiètent de la hausse des prix des véhicules neufs d’ici les 5 prochaines années,
- Pour 4 personnes sur 10, le coût de l’énergie en hausse est un frein à l’achat,
- 78% ont évoqué une certaine pénalité pour les ménages qui ne pourront pas revendre leur véhicule thermique et qui seront dans l’impossibilité de se déplacer. Cette injustice est fortement ressentie en France (85%) et en Belgique (83%),
- En Europe, les mesures les plus coercitives ne se dessinent pas avant 2035. Malgré cela, 7 automobilistes sur 10 pensent que le calendrier est trop resserré. Les Français (75%), les Belges (74%) et les Espagnols (72%) sont nombreux à critiquer ce manque de temps.
- Cette réglementation est irréaliste pour 61%, inefficace pour lutter contre la pollution pour 57%, une bonne mesure pour 63% et insuffisante pour 55%.
Des craintes autour du passage à la voiture électrique
Les véhicules électriques jouent les premiers rôles. Cependant, le blocage est essentiellement économique :
- Le marché est marqué par une vraie bascule. Ils sont 32% à envisager d’acheter une voiture à motorisation électrique, 25% à vouloir une voiture hybride rechargeable et 16% à souhaiter un véhicule non rechargeable. Les intentions d’achat d’un modèle électrique sont moins affirmées en France, en Belgique, en Autriche et en Pologne (aux alentours de 20%).
- Pour 48% des personnes interrogées, le prix d’une auto électrique est trop élevé. Les Français (53%) et les Néerlandais (62%) sont nombreux à le souligner.
- Les craintes ne se limitent pas au seul achat de ce type de véhicule, mais aussi à l’usage. 36% s’inquiètent à propos de son rechargement. 31% parlent d’une autonomie qui peut être trop limitée pour couvrir les besoins. 74% craignent un usage plus coûteux en raison du prix de l’électricité. 62% prévoient une production énergétique insuffisante.
Si l’envie de passer de la thermique à l’électrique est là, les freins sont aussi nombreux. Partout en Europe et même dans d’autres pays, le soutien des pouvoirs publics pourrait faire la différence. Pour le Directeur de l’Observatoire Cetelem Flavien Neuvy, il appartient aux constructeurs de rendre plus claire leur communication ainsi que leur politique commerciale et industrielle. D’un autre côté, il revient aux pouvoirs publics de faciliter la transition énergétique à travers une ligne claire et stable.