Aujourd’hui, un tiers des français a plusieurs comptes en banque. Les offres bancaires se multiplient avec des services toujours plus innovants. La France dispose d’une offre bancaire très large avec près d’une soixantaine d’établissements traditionnels, physiques et une quinzaine de banque en ligne qui comptent. La majorité des nouveaux acteurs ne sont pas rentables, les banques traditionnelles peinent à retrouver la croissance d’antan. C’est dans ce climat instable, où l’univers de la banque est sous le feu de la transformation digitale, que La Banque Postale décide de lancer en fanfare Ma French Bank.
Les 14 atouts de Ma French Bank feront-ils oublier le frein principal ?
Un lancement retardé
Le 14 mai 2019 se tenait, à Paris, une conférence de presse pour annoncer le lancement officiel de Ma French Bank le 22 juillet de cette année. « Le marché est loin d’être saturé, il reste de la place pour un nouvel acteur » souligne Alice Holzman, Directrice Générale de Ma French Bank.
Deux rendez-vous manqués
La mise à disposition de l’offre de cet établissement, issu de la Banque Postale, a déjà été retardée plusieurs fois. Evoqué la première fois début 2017, puis en février 2018, il était prévu que Ma French bank soit disponible au printemps 2019.
Avant son lancement effectif cet été, l’offre sera testée auprès des collaborateurs de La Poste. Espérons que la néo banque arrive enfin à voir le jour car ses services semblent faire la différence, ce qui la rend vraiment attractive.
Retarder pour mieux se développer
Ce retard aura permis d’intégrer notamment, à l’offre de la banque mobile, les services d’assurance issus du rapprochement avec CNP Assurance. Ce « mariage juteux », comme les médias le nomment a eu lieu l’été dernier.
C’est dans un contexte déjà très concurrentiel, que cet acteur verra le jour. « On ne peut pas être la énième banque digitale sur le marché : on retrouvera le côté citoyen de la Banque Postale », promet Alice Holzman.
Un secteur ultra concurrentiel
Face à l’offre bancaire pléthorique, les français attendent des services différenciants et toujours moins chers. Les acteurs de la banques en ligne proposent très souvent des services gratuits accompagnés de primes ce qui met à mal leur rentabilité. Pour se faire une place, la filiale bancaire de la Poste se doit d’être différente. Elle propose en effet de nombreux services atypiques qui seront détaillés plus bas. L’équipe dirigeante se targue d’avoir investi plus de 100 millions d’euros dans la conception de cette offre. Cela laisse présager d’agréables surprises.
De fortes ambitions
Les banques physiques et traditionnelles enregistrent une fuite de leur clientèle vers les nouveaux acteurs moins chers et plus connectés. Pendant que la Société Générale perd 1 million de clients, Boursorama en gagne 1,3 millions par exemple.
Dans le lancement de Ma French Bank, rien ne semble être fait au hasard. Les enjeux sont importants et les objectifs élevés. En 2025, la banque mobile espère avoir atteint le million de clients. Voila peut-être pourquoi Ma French Bank ne sera lancée qu’une fois vraiment prête. Arriver à un tel objectif et si rapidement laisse peu de place à l’erreur. « Je suis convaincu que notre réseau de bureaux de poste va nous permettre de nous déployer dans un temps record. Nous sommes dans une logique de rendre accessible cette banque au plus grand nombre », affirme Rémy Weber, président du directoire de la banque Postale, confiant dans la stratégie mise en place. Le million de clients étant le seuil de rentabilité à atteindre pour trouver l’équilibre.
Des atouts indiscutables
Les avantages de Ma French Bank sont nombreux et bien packagés.
Toucher les 18-35 ans
La Poste a du retard sur les moins de 35 ans. Sa clientèle actuelle est plutôt âgée, même vieillissante. L’attrait des nouvelles offres bancaires entraîne une perte importante de clients chaque année. En 2017, la Banque Postale en a perdu 100 000, par exemple. Avec cette nouvelle entité, qui va s’adresser à ce coeur de cible en pleine expansion, les « jeunes » de moins de 35 ans, le Groupe espère renouer avec la croissance. Cette tranche de population est très connectée, elle souhaite aller vite et être indépendante.
Pour les séduire, de nombreux arguments sont mis en avant :
- L’offre 100% digitale est très bien étudiée avec une fluidité dans l’expérience utilisateur.
- La rapidité dans l’ouverture de compte à toute épreuve: le compte s’ouvre en moins de 10 minutes par deux biais : soit 100% en ligne, soit en agence. La carte bancaire sera réceptionnée entre 48heures à 72heures après la demande.
- Le suivi du compte et du solde en temps réel, qui classe automatiquement les dépenses par catégories.
- L’accompagnement à une meilleure gestion du budget, car les découverts ne sont pas autorisés.
- L’accès à ApplePay pour les paiements par mobile en instantanés.
- L’accès au virement par sms pour payer en temps réel un particulier (plus besoin de passer par l’étape fastidieuse de l’ajout du RIB)
En + des autres banques en ligne…
Ma French Bank a cherché à se différencier. Même si l’on retrouve des similitudes avec certains acteurs, le profil général de cette néo banque est unique.
- L’accès à un réseau de 2000 agences physiques avec les bureaux de la Poste présents dans les principales villes de France. Très rares sont les acteurs digitaux qui disposent d’un réseau d’agences physiques. Nous pouvons quand même citer : Monabanq, AXA banque, Hello Bank et Anytime avec ses tests d’agences phygitales.
- La grande disponibilité du service clients qui sera basé à Lille, donc 100% made in France. Les conseillers seront accessibles du lundi au samedi de 8h à 22h par téléphone, chat ou demande de rappel depuis l’application mobile.
- L’accès à des services annexes qui ne sont pas toujours disponibles chez les pures players : le crédit, l’épargne, l’assurance, la réserve d’argent (« Mon extra prêt » qui permet de débloquer en un clic une somme que l’on peut rembourser de différentes façons), une offre dédiée aux mineurs.
- Les retraits et dépenses à l’étranger sont sans frais. (Il n’y a pas trop de précision sur ce point. Cela semble surprenant, généralement les neobanques comme Anytime ou Revolut sont très bien positionnées sur cette thématique.)
- La solution d’épargne via « Ma Tirelire » qui permet de mettre de côté des petits montants sans même le voir. Elle fonctionne différemment de celle de Monabanq. Chez Monabanq les prix sont arrondis à l’euro supérieurs. Les centimes restants sont versés sur un compte isolé. Chez Ma French Bank, l’utilisateur choisi un pourcentage du montant des achats ou un montant fixe pour alimenter ce compte.
Des services dans l’air du temps
En 2017, le Groupe La Poste s’est offert KissKissBankBank dans le cadre d’une acquisition visant à la diversification de ses actifs. Le financement communautaire, dit crowdfunding, est un secteur en croissance et il semblait donc évident d’intégrer cette solution à l’offre.
Les clients de Ma French Bank pourront avoir accès à :
- KissKissBankBank pour organiser des collectes de fonds.
- « Let’s Cagnotte » pour fédérer un groupe d’individus autour d’un projet nécessitant un apport financier. Ce système est gratuit, sans commission et il sera ouvert également à des personnes qui ne sont pas clientes de Ma French bank.
- « We Partage » pour organiser, par exemple, un budget vacances ou un cadeau entre proches.
Le fameux frein en est-il un ?
Cela sera aux français d’en juger. Cette banque mobile se positionne un peu comme Monabanq avec des frais de tenue de compte.
2€ de frais de tenue de compte par mois
Le montant annuel sera de 24€ soit 2€/mois. Ces frais de gestion ont une justification multiple.
- Avec une vision responsable, le Groupe ne veut pas risquer l’échec. Les concurrents se lancent sans parachutes. 2€ par mois pour avoir accès à de tels services, c’est peu. Sans oublier les nombreux atouts différenciants : comme les agences physiques, l’absence de frais à l’étranger …
- Il faut justement avoir conscience que des services tels que la présence physique d’un conseiller a un prix.
Qu’en est-il de l’argent liquide ?
Autre point sur lequel nous n’avons pas trouvé d’information et qui pourra potentiellement être un deuxième « pixel » noir au tableau, c’est la gestion des chèques et de l’argent liquide. Les banques qui utilisent un réseau d’agences physiques permettent de gérer les chèques, mais il n’en est pas de même pour l’argent liquide. Sur ce point le compte Nickel est le meilleur support. Cette question pourrait ajouter un énorme atout à ce nouvel acteur s’il permet aux français de déposer de l’espèce au guichet des agences physiques.
Y aura t-il des primes pour les nouveaux clients ?
Les internautes sont maintenant habitués à tester les offres des banques en ligne avec un petit cadeau à la clé. Cette stratégie a été gagnante pour Boursorama et ING. Les primes vont de 80 € à 160€ pour les nouveaux clients. En sera-t-il de même chez Ma French Bank ?