Le marché des services financiers a connu une année intense en matière d’innovation, même si le contexte économique européen a pesé sur les banques et les a poussées à différer certains de leurs projets. Au cœur de ces bouleversements, des services qui tendent vers l’instantanéité, des canaux de distribution alternatifs et une dématérialisation croissante.
Décryptage de cinq de ces innovations qui ont bousculé le marché français, en 2018.
PAIEMENT : Top départ pour le virement instantané en France
Voulu par les autorités européennes, le virement instantané est un nouveau moyen de paiement qui a fait ses premiers pas en France fin 2018. En théorie, les clients des banques françaises peuvent désormais s’échanger un montant pouvant aller jusqu’à 15 000 euros, viré dans les 10 secondes, au lieu des 24 à 48 heures nécessaires jusque-là pour voir arriver les fonds sur son compte. Une petite révolution pour les clients, qui pourraient en tirer un réel bénéfice dans certains cas : envoyer en urgence des fonds à son enfant en voyage à l’étranger, bénéficier en quelques secondes d’une avance de trésorerie, sécuriser une transaction entre particuliers, comme l’achat d’un véhicule d’occasion par exemple, etc. ; et le tout sans avoir besoin de saisir son IBAN, puisqu’avec des applications comme Paylib entre amis, seul le numéro de téléphone d’un contact suffit pour envoyer la demande de virement.
Le virement instantané a nécessité de grands travaux de la part des établissements bancaires émetteurs.
Et dans les faits, si presque toutes se disent prêtes, peu de banques la proposent effectivement à leurs clients. La première à avoir dégainé une offre est le groupe BPCE, qui indemnise instantanément par virement certains de ses assurés pour des sinistres simples. Arkéa a également suivi. Mais c’est en 2019 qu’on doit s’attendre à voir ce virement prendre réellement place dans les offres des banques. De là à remplacer le traditionnel virement SEPA ou la carte bancaire ? Rien n’est moins sûr…
La carte reste reine dans les portefeuilles des Français.
La carte bancaire à débit immédiat ou différé est le moyen de paiement le plus utilisé par les français. Il n’est pas certains qu’ils seront prêts à payer plus cher pour bénéficier de cette instantanéité. Une question à laquelle les banques vont devoir travailler pour définir le modèle économique de ce moyen de paiement dont l’implémentation leur a déjà coûté cher.
CREDIT : un prêt réservé chez Orange Bank
En 2018, Orange a complété son offre bancaire avec un prêt personnel réservé. Un format de crédit à la consommation encore peu répandu en France. Sa spécificité ? A compter de l’ouverture du crédit, l’emprunteur a six mois pour demander à débloquer les fonds, en totalité ou en partie. Pendant cette période, il peut également annuler le prêt sans avoir à payer de frais. Autre particularité : pour les montants jusqu’à 7 000 euros, le crédit est accordé instantanément, sur la base des informations personnelles fournies lors de l’ouverture du compte bancaire.
Déblocage des fonds jusqu’à 6 mois après la signature ou annulation totale du crédit
Lors de son dernier Show Hello, Orange confirmait avoir séduit 200 000 clients avec sa nouvelle offre bancaire ; des chiffres décevants au regard des objectifs que la banque s’était fixés à son lancement.
2019, une année décisive pour Orange Bank
2019 sera donc une année décisive pour l’opérateur qui compte encore élargir ses fonctionnalités : carte à cryptogramme dynamique, offre premium, coach financier et même crédit immobilier devraient arriver d’ici l’été.
BANQUE AU QUOTIDIEN : Yolt, l’agrégateur de comptes d’ING
La banque en ligne ING s’est lancée pour la première fois dans l’agrégation de comptes en 2016 au Royaume-Uni, avec comme ambition de séduire les jeunes de 18 à 35 ans. Un modèle qu’elle a étendu peu à peu en Europe et notamment en France. Yolt est arrivé sur un marché mature, où Bankin’ et Linxo prédominent largement. Mais le Néerlandais a misé sur l’ouverture rapide à des services complémentaires pour se démarquer.
L’application mobile de Yolt propose une connexion avec 67 banques françaises et émetteurs de cartes. Sa principale fonctionnalité est l’agrégation de comptes et la catégorisation automatique des transactions (par poste, montant, lieu, fréquence d’achat, etc.). S’y ajoutent trois services proposés avec des partenaires : la comparaison d’offres énergétiques avec Selectra, la comparaison des tarifs de transferts de fonds avec Moneytis, et le transfert d’argent à l’international avec CurrencyFair.
Yolt : Un outil indispensable à l’heure de la multi-bancarisation
Yolt a connu une croissance rapide et compte aujourd’hui 500 000 utilisateurs actifs en Europe. Elle reste encore très loin de Bankin’ et Linxo, qui ont chacun plus de 2 millions d’utilisateurs. Mais la banque ING ne compte pas en rester là et a déjà annoncé son intention d’en faire un outil pan-européen. Avec cet agrégateur, ING a choisi un positionnement ouvert, puisqu’elle agrège aussi bien ses propres offres que celles de ses concurrents. Une stratégie qui pourrait s’avérer payante si ces agrégateurs prennent de l’ampleur et permettent à ING d’enrichir sa connaissance client.
FINTECH : la banque en Photomaton selon Anytime
La FinTech française Anytime a lancé une expérimentation avec le groupe Photo-Me International, détenteur de la marque Photomaton. C’est dans ce cadre que des cabines Photomaton ont été équipées d’une option permettant d’initier une ouverture de compte en quelques minutes. Il s’agit d’un compte sans banque, assorti d’une carte de paiement Mastercard et d’une application mobile pour gérer ses finances. L’ouverture est initiée via la cabine, moyennant le scan de sa pièce d’identité et d’un justificatif de domicile ; une photo est aussi prise dans la cabine, puis comparée avec les documents d’identité. Le compte est effectivement ouvert deux jours après, une fois les justificatifs validés.
Une néo banque ouvre des agences « phygitales »
Grâce à ce partenariat original, la FinTech s’ouvre un nouveau canal de souscription et étoffe son réseau de distribution. Elle a d’ailleurs déjà testé la distribution en partenariat avec les buralistes, à l’image de Nickel. Si ce premier pilote s’avérait un succès, Anytime pourrait accéder à un réseau de 28 500 cabines en Europe… A terme, la start-up pourrait y proposer également le dépôt de chèque, d’espèces ou des RDV en visio-conférence avec un conseiller.
ASSURANCE : un contrat en ligne en quelques minutes avec Amazon et Aviva
Depuis quelques mois, Aviva France permet à ses clients de souscrire une assurance auto ou MRH en ligne depuis le site d’Aviva et de payer plus rapidement, via Amazon Pay, en utilisant les identifiants de leur compte Amazon. Le portefeuille électronique d’Amazon permet de régler avec le moyen de paiement enregistré par défaut. Aviva envisage déjà d’étendre cette possibilité à d’autres contrats, comme l’assurance santé ou l’assurance de prêt. L’avantage pour le client ? Ne plus avoir besoin de saisir les coordonnées de sa carte en ligne, un moyen efficace pour Aviva d’éviter les abandons.
Les solutions de paiement se diversifient avec Amazon Pay
Du côté d’Amazon, cette incursion discrète sur le marché, auprès d’un acteur historique, vient confirmer l’intérêt du géant du Web pour le marché de l’assurance. Quant à sa solution de paiement, elle continue sa percée auprès des distributeurs français. Amazon Pay compte aujourd’hui 38 millions d’utilisateurs dans le monde.