Le 21 septembre marque, chaque année, la journée mondiale de la maladie d’Alzheimer et de tous les types de démence. Elle vise à sensibiliser le public et lutter contre la stigmatisation persistante. Le médecin américain Sten Ekberg évoque 12 signes qui doivent vous alerter sur votre état de santé.
Briser les tabous, informer et sensibiliser le grand public et les pouvoirs publics, présenter les actions menées sur chaque territoire… Tels sont les objectifs de la journée mondiale de la maladie d’Alzheimer et de tous les types de démence, qui se tient chaque année le 21 septembre. Comment et quand se manifestent ces affections neurodégénératives qui mènent à une perte d’autonomie ?
Démence : un réel enjeu de santé publique
Encore mal connues et sans aucun traitement curatif à ce jour, les maladies neurodégénératives (dont Alzheimer qui représente près de 70 % des démences) ne cessent de voir leur incidence augmenter au fil des ans. Responsables d’une dépendance accrue chez les personnes qui en souffrent, elles sont un réel enjeu de santé publique, d’institutionnalisation et d’hospitalisation chez les personnes âgées.
Démence : comment se manifeste cette maladie ?
La démence se caractérise par une altération croissante de la mémoire et des fonctions cognitives ainsi que par des troubles du comportement, conduisant à une perte progressive d’autonomie. Elle est, « en général, liée au déclin mental », explique le médecin décathlonien américain Sten Ekberg, dans une vidéo intitulée 12 signes avant-coureurs que vous souffrez déjà de démence. « C’est une réduction de la capacité à effectuer des processus mentaux. »
Sont impliqués :
- Les processus neurodégénératifs
- Des lésions vasculaires, dans 20 à 30 % des cas, « favorisées par des facteurs de risque vasculaires comme l’hypertension artérielle ou le diabète », pointe Santé publique France.
La démence fronto-temporale, la démence à corps de Lewy et les démences secondaires à certaines maladies sont, elles, bien plus rares.
Parmi les facteurs de risques, nous retrouvons :
- L’âge : c’est le principal facteur de risque. D’après Santé publique France, 6 à 10 % des cas de démence apparaissent entre 60 et 65 ans. La maladie peut néanmoins se déclarer bien plus tôt, à 30, 40 ou 50 ans.
- Les facteurs de risque cardio-vasculaires : hypertension artérielle, diabète, hypercholestérolémie
- Les facteurs de susceptibilité génétique.
Parmi les symptômes, progressant de façon irréversible, nous retrouvons :
- Une altération croissante de la mémoire et des fonctions cognitives,
- Des troubles du comportement,
- Des troubles du raisonnement,
- Des changements de personnalité,
- Une perte progressive d’autonomie qui mène souvent à la mise sous tutelle ou curatelle sur le plan financier.
Selon le Dr Ekberg, la démence est « l’une des conditions les plus dévastatrices que l’on puisse rencontrer. Car, même si la personne atteinte est techniquement toujours en vie et que son corps est toujours là, la personne que nous avons connue autrefois, elle, n’est plus présente », déplore-t-il.
Démence : les chiffres clés
Les données relatives à maladie d’Alzheimer, forme la plus courante de démence, relevées en France en 2016, sont alarmantes :
- 1,2 million de personnes concernées
- 24 000 personnes touchées avant l’âge de 65 ans
- 2 fois plus fréquentes chez la femme que chez l’homme
D’autres chiffres, issus de l’enquête menée mondialement par ADI (Alzheimer’s Disease International) au sujet des attitudes à l’égard de la démence, démontre que la sensibilisation est essentielle.
- 2 personnes sur 3 pensent que le vieillissement normal est la cause d’une démence,
- Environ 50 % des personnes démentes estiment qu’elles sont ignorées par les experts médicaux et du personnel soignant,
- 1 personne sur 5 croit que le destin est responsable du développement d’une maladie telle qu’Alzheimer.
Quels sont alors les signes de démence précoce et avancée qui doivent alerter ?
Démence : les différents stades de la maladie
Nombreux sont ceux qui craignent de voir leur mémoire défaillir au fil de l’âge. Afin de prévenir la démence, le docteur Sten Ekberg, liste les différents signes qu’il faut reconnaître tôt.
Démence : une classification pour une meilleure compréhension
Les formes de démence sont répertoriées en 7 stades. « La classification permet une meilleure tolérance, une meilleure compréhension de ce que vivent les malades. Dans les formes avancées, elles redeviennent des enfants. Et on ne peut être trop en colère contre un enfant parce qu’il n’est pas mature ou qu’il n’a pas la cognition mentale nécessaire pour gérer les choses comme nous le faisons. Mais la principale chose que j’espère vraiment faire comprendre est que si nous détectons les choses tôt, elles peuvent être réversibles », assure le médecin holistique, de Wellness for Life.
Car, lorsque nous disposons encore « d’un certain nombre de fonctions cérébrales, nous sommes motivés à faire de l’exercice, à agir, à mener une vie active, à prendre des décisions concernant des aliments plus sains, etc. Cette activation pilote la fonction cérébrale, qui pilote la motivation. Mais, une fois dépassé un certain point, nous n’avons tout simplement plus suffisamment de tissu cérébral sain et viable. Nous n’avons ainsi pas assez d’énergie pour changer le mécanisme, pour changer le processus », détaille-t-il.
Les formes et signes de démence
« La première étape, pour une raison quelconque, se produit lorsque vous êtes encore normal », indique l’expert, qui estime qu’elle devrait se nommer l’étape zéro.
« La deuxième étape correspond à un déclin très léger. Nous sommes toujours du côté vert du spectre, ce n’est pas encore de la démence », note-t-il. C’est ici que les premiers signes apparaissent.
1. Des oublis de temps à autre
Ici, « nous n’aurons peut-être pas accès immédiatement à des mots familiers. Nous ne nous rappelons peut-être plus où en sont les choses aussi rapidement qu’avant », énumère le médecin.
2. Déclin de la mémoire à court terme
C’est « le troisième stade précoce de la démence. Il s’agit toujours d’un léger déclin.
Mais l’une des choses que vous pourriez commencer à observer est l’oubli des noms. Par exemple, vous êtes en conversation avec quelqu’un, on vous présente, vous essayez de vous rappeler quel était son nom, mais une minute plus tard, vous n’avez aucune idée de ce que c’était. Cela pourrait également se manifester si vous oubliez ce que vous venez de lire, ou de voir (film) », pointe le docteur. Encore conscients que leur mémoire à court terme est en train de décliner, les personnes « développent des stratégies pour se souvenir : écrire des listes ou des notes par exemple ».
3. Oubli d’évènements récents, calcul altéré
« Ce stade 4 correspond à un déclin modéré, et il devient de plus en plus difficile d’inverser la tendance », prévient le médecin. « La capacité à faire des calculs simples n’est plus aussi grande. » Pour voir si tel est votre cas, vous pouvez par exemple soustraire 7, à partir de 100, jusqu’à zéro. 100 – 7 = 93, etc.
4. Difficultés à gérer les finances et l’administratif
Paiement des factures, gestion des finances… « Les tâches nécessitant davantage de planification et de gestion deviennent de plus en plus difficiles. Quelqu’un d’autre doit commencer à les assumer. »
5. Réduction de l’endurance cérébrale
« Cela pourrait être une réduction de la capacité d’attention », précise le Dr Sten Ekberg.
6. Des contractions ou des tremblements
« C’est le signe que le cerveau n’est plus capable de contrôler cela aussi bien qu’avant. La micrographie, qui est une écriture plus petite, plus compressée et différente que d’habitude, en fait partie », note-t-il.
7. Perte d’odorat
Vous ne pouvez par exemple plus sentir la nourriture, « car l’odeur est le résultat du fonctionnement cérébral comme tout le reste », précise-t-il.
8. Diminution de la qualité du sommeil
« Votre fonction cérébrale détermine la production d’hormones et la régulation des cycles de sommeil ainsi que la régulation du stress, etc. », note l’expert.
9. Une posture voûtée et une perte de balancement des bras
« Une autre chose que vous remarquerez peut-être à mesure que votre cerveau dégénère est une posture voûtée. La posture fait donc partie de la santé cérébrale », prévient-il. La perte de balancement des bras est également un signe avant-coureur.
10. Incapacité d’avoir un bon jugement, incohérence
« Les personnes atteintes de démence ont un mauvais jugement chronique. Elles perdent souvent la trace de l’heure, du jour, du mois ou même de la saison. Ils peuvent commencer l’été et dire : oh, allons-nous avoir de la neige aujourd’hui ? Ils n’ont vraiment aucune idée de l’heure ni même de la saison. Ils perdent aussi des choses, mais ils sont également incapables de revenir sur leurs pas et de comprendre où elles se trouvent ou de savoir ce qui leur est arrivé. Ils ont aussi du mal à être cohérents », énumère-t-il.
11. Oubli des gens, adresse et numéro personnels
Cela marque l’étape numéro cinq où « il existe un déclin modéré à sévère ainsi que des lésions cérébrales. Les personnes atteintes ne peuvent plus se souvenir d’éléments fondamentaux dont ils ont parlé ou connus toute leur vie. Tout d’un coup, ils ne connaissent plus leur propre adresse ni leur propre numéro de téléphone », déclare le médecin.
12. Incapacité à se souvenir de sa famille et à prendre soin de soi
Cela correspond au stade 6 et 7 de la démence, ou le déclin est sévère.
« Les malades ne se souviennent même pas du nom de leur conjoint. Ils sont souvent détenus dans une institution parce qu’ils ont tendance à errer et à se perdre, et ils ont très peu de jugement sur la façon de prendre soin d’eux-mêmes. Ils se blessent donc très facilement aussi. Il ne reste pratiquement plus rien de leur personnalité originelle, ils ne sont tout simplement plus là du tout, ils ne répondent pas. Il n’y a tout simplement aucune reconnaissance de quoi que ce soit », s’attriste le médecin.
Dès les premiers signes, il est donc important d’en parler à son médecin, afin de réaliser des examens et d’avoir un suivi adapté, et de pratiquer une activité physique. Danse, ping-pong, gym douce, tennis, randonnée pédestre, équitation… En plus de conserver des liens sociaux et de renforcer l’estime personnelle, cela permet de conserver le plus longtemps possible des capacités motrices et d’orientation (coordination, équilibre, puissance musculaire).