C’est une première depuis 60 ans ! Alors que la vente à perte a toujours été prohibée, Bruno Le Maire n’a pas hésité à proposer cette méthode pour l’essence au vu du contexte inflationniste actuel.
Deux voix se sont donc élevées. D’un côté se trouvent les partisans enthousiastes du projet, convaincus qu’il constitue une mesure cruciale pour faire face à l’inflation croissante. D’un autre côté se dressent ceux qui se sentent limités dans leur capacité à supporter le fardeau financier d’une telle mesure.
D’après Emmanuel Macron, le problème de prix viendrait des pays exportateurs. Pourtant, les taxes sur le carburant représentent 60% du prix et c’est ça le vrai problème.
Mauvaise nouvelle pour les stations-service indépendantes
La flambée des prix est déroutante au point que la solution la plus adaptée que le gouvernement puisse trouver c’est de demander aux distributeurs de « jouer le jeu » en vendant leurs produits à prix coûtant.
Les carburants représentant une dépense importante pour de nombreux ménages français, cette mesure est considérée comme un moyen de soulager les poches de ces derniers en ces périodes inflationnistes. Certaines grandes surfaces, comme le groupe E. Leclerc, ont déjà accepté de participer à cette initiative en s’engageant à vendre sans réaliser des bénéfices.
Cependant, les propriétaires de stations-service indépendantes craignent que cette politique puisse mettre en péril leur activité. Ceux-ci estiment que cela réduit leurs marges bénéficiaires au point de rendre leur entreprise difficilement viable. Ce qui est plutôt logique, car ni les coûts de fonctionnement ni les risques pour l’entreprise n’ont été prix en compte.
Les opinions divergent, le débat soulève des questions complexes sur l’équilibre entre les intérêts des consommateurs et ceux des entreprises dans le secteur de la distribution de carburant. Toutefois, E.Leclerc n’y voit aucun inconvénient. L’enseigne s’est d’ailleurs lancée dans l’aventure depuis le 29 septembre.
TotalEnergies n’est pas du même avis
L’Arabie saoudite est l’un des plus grands producteurs de pétrole au monde et joue un rôle important dans la fixation des prix du pétrole brut. En compagnie d’autres pays, elle a décidé d’augmenter le prix du pétrole brut à plus de 88 dollars par baril de Brent. En plus de cela, elle avait décidé d’étendre jusqu’à la fin de l’année une réduction d’un million de barils par jour de son offre pétrolière. Cette réduction radicale a été mise en place pour maintenir des prix plus élevés du pétrole brut, ce qui a eu un impact sur les prix des carburants à la pompe.
Cependant, pour des raisons évidentes, lorsque les prix du pétrole brut augmentent sur le marché mondial, les coûts vont également grimper du côté des raffineurs et des distributeurs. Au bout de la chaîne, le géant TotalEnergies se voit sceptique à l’idée de vendre ses carburants à prix coûtant malgré les arguments bien fondés du gouvernement. Au contraire, l’enseigne n’a pas manqué de plafonner les prix des carburants à la pompe à 1,99 euro le litre au-delà de la date initialement prévue (31 décembre 2023).
« 1,99 euros, c’est un plafond, la politique de TotalEnergies sera maintenue à ce niveau. Je ne descendrai pas plus bas. C’est déjà un effort important. Ce plafond s’applique actuellement dans environ 3 000 stations. Cela signifie que le prix normal est supérieur », explique Patrick Pouyanné, PDG de TotalEnergies. À noter que la « vente à perte » n’est pas obligatoire. « Ce que l’on veut c’est permettre à ceux qui peuvent le faire de le faire, opérations coup de poing, plafonnement, et pour ceux qui veulent, vente à perte. Je préfère négocier avec les distributeurs que de demander au contribuable de financer une ristourne qui coûterait 12 milliards d’euros », a expliqué le ministre des Comptes publics.