Comment est utilisé l’argent présent sur les comptes courants ?
Rappelons tout d’abord le fonctionnement des comptes courants et les avantages et inconvénients des sommes qui y sont placées, pour la banque.
Il finance des projets pour les banques
Faute de placements sécurisés générant suffisamment d’intérêts, les Français laissent dormir d’importantes sommes d’argent sur leurs comptes courants. Or cet argent est dit instable. En effet, il est très mobile. Le client peut d’un instant à l’autre décider de s’en servir pour ses achats courants ou pour le déplacer vers un compte d’épargne. Malgré cela, les banques s’en servent tout de même pour leurs activités de financement de projets des particuliers et des entreprises.
Certains cherchent à dépolluer la finance par ce biais
C’est pour cette raison, qu’une vague de Fintech se sont lancées. Car elles en ont assez que cet argent servent à financer des secteurs non valorisants pour notre planète : industrie lourde, armement … Ces nouveaux acteurs de la finance veulent justement nettoyer, dépolluer ce secteur et investissant uniquement dans des projets « green ». On les appelle les banques étyiques, les eco-banques ou banques vertes.
Quels sont les avantages et inconvénients de cet argent pour la banque ?
Un avantage important pour la banque : les sommes versées sur les comptes courants ne sont pas rémunérées, il n’y a aucun versement d’intérêts sur ce capital. Elle les utilise par ailleurs pour financer des projets, via des crédits et prêts, qui eux lui rapportent de l’argent.
On pourrait donc imaginer que cette situation ne peut qu’être bénéfique pour les banques.
Le problème en période de taux bas
Pourtant, en période de taux d’intérêt bas, ce n’est pas nécessairement une aubaine pour ces dernières. En effet, les banques, hormis les banques en ligne, ont des coûts structurels importants et relativement fixes, qui correspond au loyer d’une agence bancaire et au les salaires des employés ne changent pas en fonction des taux directeurs sur le marché.
Cela signifie que le niveau des taux très bas versé par le client de la banque, pour son crédit immobilier, par exemple. Il ne génère pas beaucoup de liquidités pour la banque, et n’est en réalité pas si intéressant que cela. Lorsque les taux d’intérêt des emprunts immobiliers étaient de l’ordre de 4 à 6%, cette manne financière était très importante pour les banques. Ce n’est plus le cas aujourd’hui.
Plus de dépôts que de crédits : attention !
Encore pire : dans le cas où les dépôts dépasseraient les demandes de crédits, la banque serait contrainte de placer le différentiel sur les marchés, à des taux proches de zéro, voire – par période – négatifs. Elle perdrait donc de l’argent et n’aurait plus alors aucun intérêt à ce que ses clients ne laissent dormir de l’argent sur leurs comptes courants !
Quelles sont les limites sur l’utilisation des fonds placés en banque ?
Toutefois, les banques commerciales ne peuvent pas faire absolument tout ce qu’elles veulent avec l’argent placé sur les comptes courants. Des contraintes ont en effet été mises en place par le législateur, afin de limiter les risques financiers systémiques.
Ces garde-fous sont de deux ordres :
- La réglementation prudentielle,
- La politique monétaire.
La réglementation prudentielle
La régulation bancaire européenne a mis en place, ces dernières années, des règles de “prudence” pour les banques.
Les accords de Bâle III, les plus récents, imposent aux banques commerciales d’avoir en permanence un ratio de solvabilité de 10,5%. Contre 8% pour les précédents accords, dits de Bâle II.
Concrètement, les banques doivent avoir un certain niveau de capital disponible pour pouvoir prêter de l’argent à leurs clients.
La politique monétaire
La Banque Centrale Européenne (BCE) a pour mission de gérer la quantité d’argent en circulation, qu’on appelle également la masse monétaire.
Si une banque a besoin d’argent, soit pour ses besoins de fonctionnement propres, soit pour financer les projets de ses clients, elle pourra se refinancer auprès de la BCE, avec un taux d’intérêt qu’on appelle le taux directeur.
Les objectifs de la BCE et des banques commerciales ne sont toutefois pas toujours alignés. La BCE souhaite limiter l’inflation et piloter le taux de croissance européen, par exemple en stimulant l’économie en cas de crise, par des taux d’intérêt bas.
Les banques commerciales quant à elles souhaitent maximiser leur rentabilité. On le voit bien, ce que veut la BCE n’est pas nécessairement ce que veulent les banques commerciales. Et l’impact de la politique monétaire joue donc aussi sur ce que peut faire votre banque de l’argent dormant sur votre compte courant !
Rédactrice en école de journalisme à Aix-en-Provence