Pourquoi la CNIL met en garde sur la fusion de la carte d’identité et de la carte vitale ?
Afficher des données personnelles sur une carte physique est le meilleur moyen de sous-estimer le talent des escrocs.
La CNIL dit non au fusionnement des deux cartes
Pour bien des institutions, en particulier la CNIL, la sécurisation des données personnelles reste à démontrer dans cette décision de fusionner la carte d’identité et la carte vitale. Sceptique, la Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés trouve que cette mesure serait une porte ouverte à l’escroquerie et l’usurpation d’identité. Plutôt ironique lorsque l’on sait que ce fusionnement est un plan proposé par le gouvernement lui-même dans l’optique de lutter contre la fraude sociale.
À ce sujet, deux scénarios sont possibles : afficher le numéro de sécurité sociale sur la puce de la nouvelle carte d’identité ou l’implanter depuis un QR Code qui sera implanté au dos du titre d’identité. Un design bien pensé, mais qui passe à côté d’éléments cruciaux comme la sécurité des informations.
Pour un cloisonnement du numéro de sécu
À l’affût des éventuels risques, la CNIL a deux propositions en tête. La première, c’est de cloisonner le numéro de sécurité sociale des autres données affichées sur la puce, cela pour que seuls les professionnels de santé soient en mesure de déchiffrer. La deuxième, non moins risquée que la première, c’est d’intégrer « d’autres formats de cachet électronique » qui pourraient aboutir à un meilleur chiffrement de données. Cependant, « leur mise en œuvre nécessiterait une évolution des caractéristiques techniques des titres d’identité », soit la nécessité de renouveler ceux existants.
L’État va lancer une application mobile
Le ministère de l’Intérieur a annoncé, dans un décret paru le mardi 26 avril 2022, la création d’une application. Celle-ci aura pour but de mettre en place une identification et une authentification électroniques. Avec cette appli mobile officielle de l’État, il sera alors possible d’avoir sa carte d’identité dans son smartphone ou sa tablette. Les démarches administratives auprès d’organismes publics et privés deviendront ainsi plus simples.
Comment cette application mobile fonctionne-t-elle ?
Cette nouvelle application mobile de l’État porte le nom SGIN ou Service de Garantie de l’Identité Numérique. Pour le gouvernement, l’objectif de ce nouveau moyen d’identification électronique est de faciliter l’authentification sur les sites disponibles via FranceConnect. L’appli permettra aux Français de se connecter, par exemple, sur le site de l’Assurance ou sur celui d’impots.gouv plus rapidement et plus facilement.
Concernant les données utilisées sur cette nouvelle application, elles sont énoncées dans le décret. Ce dernier autorise le traitement et la possibilité de lire le nom, le prénom, la date de naissance, le lieu de naissance, la nationalité, le sexe, l’adresse email, l’adresse postale et la photo d’identité. À noter qu’il s’agit de données stockées dans le composant électronique de la carte nationale d’identité de chaque détenteur. Il faut également souligner que l’image numérisée des empreintes digitales ne sera pas enregistrée sur l’appli.
Une application mobile facultative
L’utilisation de cette application lancée prochainement par l’État sera facultative. En effet, les Français ne seront pas obligés de la télécharger. D’après le ministère de l’Intérieur, le recours à ce service relève de l’unique volonté des usagers.
Quelles sont les conditions à respecter pour pouvoir s’en servir ?
La nouvelle application mobile que le gouvernement va lancer ne pourra pas être utilisée par tout le monde.
Il faut posséder la nouvelle carte d’identité biométrique
Pour pouvoir utiliser la future appli mobile du gouvernement, il faut posséder la nouvelle carte d’identité biométrique. En effet, la puce électronique de cette dernière est nécessaire pour récupérer les informations sur l’identité du détenteur. Cela n’est pas le cas avec les anciennes versions en plastique ni même avec les passeports biométriques.
Remarque : La nouvelle carte d’identité biométrique a été lancée en août 2021. À l’heure actuelle, 4,5 millions de Français seulement en possèdent.
Il faut disposer d’un smartphone ou d’une tablette avec puce NFC
Disposer du nouveau format de carte d’identité ne suffit pas à l’utilisation de l’application mobile proposée par le gouvernement. En effet, ceux désirant l’utiliser doivent également posséder un smartphone ou une tablette dotée d’une puce NFC. Il s’agit d’une technologie très courante dans le secteur bancaire puisqu’elle sert à ajouter sa CB dans son téléphone. Elle joue ainsi le rôle de scanner afin d’ajouter la CNI dans le nouveau moyen d’identification électronique de l’État.
Bon à savoir
Ce décret paru le 26 avril abroge le décret no 2019-452 du 13 mai 2019 qui autorisait la mise en place d’un moyen d’identification électronique dénommé ALICEM ou Authentification en ligne certifiée sur mobile. Impliquant la reconnaissance faciale, celui-ci n’avait pas bien été accueilli par la CNIL. La Commission nationale de l’informatique et des libertés serait alors favorable à la future appli du gouvernement puisque cette technique y sera abandonnée. De plus, ce nouveau moyen d’identification électronique sera facultatif.
Lucie est rédactrice sur ComparateurBanque.com depuis le début. Elle aime tester les offres et partager son expérience. Elle a aussi d'autres casquettes dans l'équipe.