Début 2021, le licenciement disciplinaire d’un cadre de la Caisse d’Epargne a été confirmé par le Conseil d’État. Une décision prise à la suite d’une plaisanterie de mauvais goût. Beaucoup connaissent l’histoire, mais nombreux sont également ceux qui l’ont ratée. Retour sur les faits de cette blague qui a marqué l’année.
Les faits : une mauvaise plaisanterie
Il s’agit d’une affaire qui remonte à 2014.
Une blague à 20 millions d’euros
Tout a commencé le 25 septembre 2014. Ce jour-là, un cadre de la Caisse d’Epargne d’Orléans a viré 20 millions d’euros sur le compte d’une de ses collègues. Selon cet employé, il a voulu faire une plaisanterie et, en même temps, mettre à l’épreuve la sécurité du système informatique. Il a également assuré à sa collègue qu’il avait fait une erreur de manipulation. Aussitôt, il demande à un autre de ses collaborateurs d’annuler l’opération. Le virement ne restera, alors, que virtuel.
Un cadre déjà sanctionné à deux reprises dans le passé
Il faut savoir que ce cadre a été embauché au sein de cet organisme financier en 2007. Il a déjà été sanctionné deux fois avant cette blague ayant mal tourné :
- En 2013, il avait reçu un premier avertissement pour avoir accordé, à un membre de sa famille, un taux préférentiel,
- En avril 2014, soit quelques mois avant cette histoire de blague, ce cadre avait fait l’objet d’une mise à pied de trois jours pour « absence non justifiée« .
Les conséquences de cette blague
La Caisse d’Epargne d’Orléans a dû prendre les mesures nécessaires face à cette blague de mauvais goût.
Un licenciement
Ce virement bancaire a conduit la Caisse d’Epargne Loire-Centre à licencier ce cadre. Cependant, comme ce dernier est délégué syndical Sud Solidaires, l’employeur n’a pu procéder au licenciement qu’après autorisation du ministère du Travail. Celle-ci n’a, par ailleurs, été accordée que le 19 octobre 2016 après plusieurs relances.
Le licenciement du cadre a été confirmé, le 14 janvier 2018, par le tribunal administratif d’Orléans. La Cour administrative d’appel de Nantes l’a également confirmé le 10 mars 2020. Selon les juges nantais, l’employé n’a pas immédiatement averti le service sécurité financière, mais s’est tourné vers un collègue pour annuler l’opération. En effet, la collaboratrice à qui il a fait la blague l’aurait prévenu que l’opération figurait toujours dans l’historique de son compte. Ce n’est qu’à ce moment que le cadre a contacté le contrôleur conformité au sein du département sécurité financière.
Le conseil d’État a confirmé, le 10 décembre 2020, le licenciement de cet ancien cadre de la Caisse d’Epargne d’Orléans.
Une rétrogradation refusée
Ce licenciement disciplinaire a été adopté après que le cadre ait refusé une rétrogradation de fonctions. Cette mesure aurait eu des conséquences trop négatives comme une :
- perte de responsabilités,
- de revenus et d’avantages sociaux, selon son avocat.
Selon le cadre licencié, son appartenance au syndicat Sud Solidaires et sa qualité de représentant du personnel seraient intimement liées à cette procédure disciplinaire. Le Conseil d’État n’a pas pris en compte ces arguments, ce qui rend définitif le licenciement. La justice a, en effet, estimé que le statut de cadre du principal intéressé ainsi que le montant de la transaction suffisaient pour définir une faute grave.
Bon à savoir
L’inspection du travail n’autorisait pas le licenciement du cadre. Cependant, le ministère du Travail a donné son accord, ce qui a permis à la Caisse d’Epargne d’Orléans d’adopter cette procédure disciplinaire.
Du côté de Sud Solidaires, le délégué syndical Alain Quesnes est contre cette décision. En effet, selon lui, il s’agit d’un fait informatique banal dans une banque, mais monté en épingle. Il dénonce qu’il n’y a eu aucun préjudice pour l’employeur.
Aujourd’hui, on parle encore de l’histoire de ce cadre qui a payé cher suite à une blague de mauvais goût.