Bien que les cryptomonnaies, en particulier les stablecoins, soient appréciées des particuliers pour leurs transactions quotidiennes, les banques ne voient pas ces nouveaux arrivants d’un très bon œil. Pourtant, face à leur propagation rapide, pourront-elles encore les ignorer (voire ne pas s’en saisir) longtemps ? Rien n’est moins sûr pour ces institutions.
Les stablecoins : l’ennemi numéro un des banques de la zone euro
L’euro numérique de la BCE : une menace sérieuse…
La création d’une nouvelle devise numérique de la BCE pourrait rendre obsolètes la majeure partie des tâches assurées par les banques commerciales. En effet, en détenant un compte (ou un portefeuille électronique) à la BCE, les particuliers pourraient presque se passer des banques traditionnelles intermédiaires…
Cela pourrait donc avoir des conséquences néfastes sur le fonctionnement du système bancaire de la zone euro. Cela signifie que les détenteurs de comptes pourront désormais gérer leurs économies et effectuer directement des paiements.
« Le principal écueil d’une monnaie numérique de banque centrale serait de court-circuiter les banques commerciales et de leur enlever une partie importante de leurs attributions », explique d’ailleurs Pierre-Edouard Batard, DG de la Confédération nationale du Crédit Mutuel.
… ou un paramètre salvateur pour les banques ?
Le futur euro « numérique » serait une version électronique de monnaie de banque centrale. Pour rappel, une monnaie numérique est une unité de compte dont la transmission s’effectue sur un réseau informatique, d’utilisateur à utilisateur.
En effet, l’existence de cette nouvelle forme de devise ne ferait pas disparaître les pièces et les billets. Le principal but de la BCE, en créant ce stablecoin, serait d’en faire une monnaie virtuelle équivalente à l’euro. Celle-ci sera donc mise en circulation parallèlement avec les billets de banque.
L’euro numérique pourrait donc « faciliter » la vie de tout un chacun, ménages comme entreprises, puisqu’il permettrait d’effectuer rapidement des paiements au quotidien. D’ailleurs, la BCE rassure que l’utilisation de cette cryptomonnaie serait plus simple et sécurisée. Face au système peer-to-peer de la blockchain, les faussaires auront d’ailleurs bien du mal à « créer du faux ».
Vers l’adoption d’un monde sans cash ?
L’euro numérique serait utilisé en tant que monnaie d’échange, mais pas en tant qu’instrument spéculatif. Ainsi, les utilisateurs seraient en mesure d’effectuer facilement des achats et des transferts, sans manipuler les monnaies fiduciaires. De plus, celui-ci pourrait être stocké dans un portefeuille électronique.
Une pandémie qui a tout bouleversé
Cette initiative a été prise suite à la croissance exponentielle des paiements électroniques dans le cadre de la crise sanitaire. En plus d’être sécurisées, les transactions de monnaies numériques deviendraient beaucoup plus rapides, voire quasi instantanées. Pour cause : les échanges de cryptomonnaies ne sont pas régis par des règles interbancaires et peuvent se faire 24/7.
En outre, les paiements en liquide diminuent de plus en plus depuis l’existence des cartes bancaires ainsi que divers moyens de paiements en ligne. Depuis quelques années, les paiements par carte de débit ou de crédit augmentent constamment en Europe.
Un crypto-euro pour garder la mainmise sur la finance européenne
Avec l’explosion actuelle des cryptomonnaies, la BCE veut à tout prix intervenir sur ce marché afin de réguler le système monétaire européen. L’objectif est de ne pas laisser Facebook, les banques commerciales ou les autres puissances étrangères dominer le marché.
La BCE n’est pas la seule entité à se pencher sérieusement sur la réalisation de ce projet. En effet, la Chine, les États-Unis ainsi que d’autres pays sont actuellement en train de réfléchir sur la possibilité d’émettre leur propre cryptomonnaie.
La création d’un stablecoin, comme l’euro numérique, est une étape importante qui pourrait révolutionner le système monétaire mondiale en bien ou en mal, les deux avis se défendent. Les autorités européennes laissent penser qu’il faudra attendre encore un minimum de quatre ans avant de voir le jour.